Jimin habite au quatorzième étage : jeune homme charmant, investit dans son couple, épanoui professionnellement.
Yoongi habite aussi au quatorzième étage : artiste en vogue, casanier et aux fréquentations que Jimin qualifierait de douteuses.
Toutefo...
Jimin ne sait pas depuis combien de temps il pose. Il sent ses mains qui fourmillent et ses bras engourdis. Yoongi n'a eu de cesse de lui tourner autour. Alors qu'il le sait dans son dos, une main se pose sur son épaule. Elle est froide et le contact tranche avec son corps bouillant et crispé. Jimin sent une chaleur irradiée l'endroit où elle est posée, une trace qui reste tandis qu'elle glisse le long de son dos jusqu'au creux de ses reins. L'on dirait, s'il fallait une image pour illustrer cette étrange sensation, que l'artiste étale une peinture tiède, pareille à de la boue, partout où passent ses mains.
« Tu pourrais te cambrer de cette sorte.. ? », la voix de Yoongi est juste au bord de son oreille et tranche avec le silence. De deux doigts il exerce une petite pression et Jimin se cambre exagérément, son corps répond aussitôt à l'appel de l'artiste. Il sent son index courir jusqu'à son menton et, avec l'aide de son pouce, tourner sa tête vers lui. « Tu es parfait... », ses mots coulent comme du venin dans son corps, ils brouillent son cerveau. Jimin papillonne et souffle pour tenter de s'extraire à l'emprise étrange de l'artiste.
« Vraiment ?».
Yoongi passe devant lui, ses grands yeux de chat ourlés de ses longs cils noirs croisent les siens. Toujours ce feu au fond de ses prunelles et sa bouche humide qu'il tord en une moue satisfaite. Sa main glisse le long de la joue creuse de Jimin, son pouce sur ses cernes jusqu'à frôler la chaire de ses lèvres.
« Vraiment Jimin... »
Le brun sent son cœur s'embrouiller et son souffle se faire court contre le pouce de l'artiste.
« Il va bientôt être midi... Je te dessine encore un peu et tu auras sûrement envie de déjeuner ».
Jimin hoche vaguement la tête, perdu dans d'étranges sensations tandis que Yoongi s'installe à nouveau, son bloc sur les genoux. L'air parvient difficilement jusqu'à ses poumons. Les mains minces de Yoongi caressent le papier, il l'observe sous toutes les coutures... personne ne l'avait jamais regardé ainsi. Ses grands yeux sombres le scrutent, notent les replis de sa peau, son embonpoint et le moindre grain de beauté, cicatrice, vergeture. Rien n'échappe à son regard, aucune forme, aucune façon d'être. Yoongi le dévore tout entier de quelques gestes du poignet et Jimin en est absolument fasciné autant que terrifié.
De nouveau il pose son carnet, s'avance, cette fois-ci sa main se pose à l'intérieur de sa cuisse de sorte à lui plier la jambe sur le barreau du tabouret. Jimin songe qu'il pourrait simplement lui indiquer à l'oral puis se rassure, en le touchant Yoongi, artiste de son état, obtenait immédiatement ce qu'il avait en tête. Et sûrement qu'il s'agissait là d'une vision esthétique que lui, simple mortel, ne pouvait même pas concevoir.
L'heure passe. Jimin se rhabille sans bruit et n'ose pas demander à voir les croquis. Yoongi avait eu vite fait de refermer son carnet, mettre ses différents crayons de bois dans sa trousse et reposer le tout au fond d'un de ses sacs de course. Sans bruit il avait ouvert le réfrigérateur et proposé une pizza à l'italienne qu'il avait achetée lors de leur arrivée. Jimin s'était assis avec lui, ils avaient mangé dans le silence, ne parlant plus de plante ou d'art. Yoongi avait l'air soucieux, perdu dans un monde de création bien loin des problématiques de Jimin.
Après l'avoir remercié d'avoir partagé le repas et d'avoir débarrassé la table, Yoongi s'était retiré faire une sieste et avait proposé à Jimin de faire de même au vu de ses cernes. Le brun avait décliné l'invitation et envoyer un message à Hoseok. Il avait l'impérieux besoin de sortir, ne comprenant pas avec exactitude la relation qu'il nouait au fil des jours avec l'artiste. Jimin ne voulait pas prendre du recul pour la comprendre, juste respirer un peu ailleurs. De toutes les façons il allait être forcé d'y retourner pour son travail, et Jimin était jusqu'au-boutiste.
Hoseok avait sauté dans un train Intercités dès l'instant où Jimin l'avait contacté et c'est lui qui l'avait attendu en bas de l'immeuble, ses patins déjà rangés au fond de son sac et vêtu d'un pantalon boy-friend et d'une chemise victorienne blanche. Son sourire avait aussitôt sorti Jimin de sa torpeur. Hoseok portait de grandes boucles d'oreilles en forme de losange et buvait un reste de thé tiède d'une grande enseigne. En sa présence mit tout de suite de côté aussi bien sa femme que l'artiste et son don étrange de le mettre dans tous ses états.
« Alors, où va-t-on aujourd'hui ? »
Hoseok sort deux billets de bus et sourit de toutes ses dents, ses mèches brunes volètent sur son front. Elles suivent les mouvements de son corps souple.
« C'est un endroit un peu particulier... », Jimin le suit dans sa déambulation vivace, « disons que c'est un lieu d'art contemporain mais que beaucoup de groupes indépendants viennent pour pratiquer tout type de danse ». Il semble hésiter à rajouter quelque chose mais ne le fait pas. Se contentant de désigner un bus et d'y grimper, Jimin sur ses talons.
Une fois installer dans les odeurs âcres de pollution et de sueur malgré le froid, Hoseok se tourne à nouveau vers Jimin.
« Tout va bien avec Yoongi ? »
Étonnement Jimin prend le temps de réfléchir avant de répondre à cette question. Cette hésitation n'aurait pas dû avoir lieu d'être. D'ailleurs il ne savait même pas de quoi elle était née. Oui, tout se passait parfaitement avec Yoongi. Ils avaient passé une soirée délicieuse au restaurant, l'artiste était d'une culture passionnante sans se faire pédant. Ils mangeaient des mets succulents, buvait un vin d'ivresse, des grands crus auquel Jimin ne connaissait rien. Dans leur lit Yoongi ne prenait pas tout la place et dormait d'un sommeil de plomb silencieux. Ainsi Jimin pouvait se reposer sereinement et se lever au petit matin pour travailler. L'appartement était propre et rangé par ses soins sans qu'une nouvelle fois Yoongi ne soit un obstacle à ce minimum d'hygiène. En dépit de sa gêne, Jimin était flatté de poser pour l'artiste. Le brun était d'une compagnie délicieuse, pas trop intrusif mais compréhensif. Non, décidément, il n'y avait pas motif à hésiter de la sorte.
« Tout se passe bien. Je suis juste un peu dérouté par le fait de vivre avec un autre homme.
- C'est vrai que tu n'as pas fait de colocation toi ! », Hoseok rit et observe le paysage.
Jimin se contente d'un même petit rire et se penche pour observer par la fenêtre à son tour.
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Publication un peu exceptionnelle, c'est mon cadeau d'anniversaire pour vous, modeste présent mais j'espère qu'il vous plaira :)
un peu plus court que d'habitude, néanmoins je trouvais qu'il y avait assez d'éléments pour ne pas me forcer à rallonger juste pour le principe d'atteindre un certain nombre de mots : ô
On se retrouve bientôt avec la suite... Ça commence à bien avancer entre Jimin et Yoongi :))
