Le dîner : l'homme derrière son masque fleurit

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La voix de Yoongi le fait se retourner, il sursaute et repose précipitamment son verre. L'objet tinte contre les couverts et Jimin rougit de honte – il avait manqué de peu de renverser toute la table. Yoongi n'avait pas tardé, il aurait aimé que son attente soit plus longue, que son agonie aussi.


Le brun retire sa main de son épaule et Jimin respire plus convenablement. Il ne sait pas par où commencer... Sa démarche tandis qu'il contourne la table ? Chaloupée, souple, hypnotisante ? Son parfum qui parasite déjà son esprit ? Ce musc et cet encens, cette odeur lourde et paralysante ? Son profil angélique, de ses mèches brunes entortillées et ses yeux qui vous souriaient ? Min Yoongi aurait pu rivaliser avec un ange, voir Aphrodite elle-même. Il pose une main sur le dossier de la chaise pour la tirer. La gauche, ornée de deux bagues en argent, anneaux gravés élégants sur ses phalanges osseuses, poignets graciles et ongles soignés, il la tire vers lui. Son corps se ploie, mouvement de sa chemise qui s'entrouvre pour dévoiler son torse d'albâtre parsemé de quelques motifs élégants et chainette en argent tout aussi légère que le reste de ses bijoux. Ses oreilles teintes de boucle d'orées, sa bouche menue est maquillée d'un rose pêchu printanier. Et puis il passe sa main dans l'ouverture de sa chemise, masse son épaule, épaule si ronde à la peau tendue de jeunesse, sa clavicule saillante dans laquelle on pourrait mordre, sa pomme d'Adam élégamment posé au milieu de son cou, tout juste ce qu'il faut pour épouser les courbes graciles de sa nuque fine. Et puis encore ses yeux ourlés de cils denses, les lumières qui se reflètent aux couleurs de l'abysse, sa bouche qui s'entrouvre, pleine de grâce, ses petites dents d'enfant, celles qui donnent à son visage toute la candeur des messagers de Dieu.


« Désolé pour le léger retard... »



Il remonte ses manches, ses bras, ses veines, cette peau, le léger duvet clair sur celle-ci. Et Jimin se souvient parfaitement de l'emprise qu'il avait sur ses hanches, de sa main qui empoignait ses fesses. Ces doigts qui savaient si bien manier le crayon et pétrir votre chair. Il a chaud, il a froid, la fièvre le consume. S'il n'avait pas été assis, nul doute que ses jambes auraient fui.


« Ce n'est rien... »



Il a beau faire de son mieux, sa voix n'est pas assurée. Il chevrote complètement et il se flagelle mentalement d'un tel ridicule. Pourtant Yoongi sourit et Jimin ne sait toujours pas s'il le trouve adorable ou se moque de lui. Maintenant qu'il croit avoir vu l'artiste dans ce qu'il fait de mieux : dévoré les hommes, il n'est plus sûr que ce sourire soit si sympathique – au combien il provoque l'emballement incontrôlable de son cœur.


« Tu as déjà commandé à boire ?

- Oh, non... je n'aurais eu aucune idée de quoi choisir. »



Et puis Jimin s'est dit que, cette fois-ci, ce n'était pas la soirée pour boire. Il fallait qu'il ait des réponses, qu'il retourne auprès de Hyuna et qu'il lutte contre cette envie malsaine de goûter encore au corps nu et chaud de Yoongi contre le sien. Une partie de son cerveau, depuis son arrivée, est parasitée de sensations, de souvenirs : de ses mains, de son sexe, de sa bouche tandis qu'il s'emparait de la sienne. Jimin est complètement en nage, il le sait et essaye de se concentrer sur quelques choses factuelles : le repas et le goût des aliments, et puis la décoration et le ballet savant des serveurs encombrés.

𝑽𝒐𝒊𝒔𝒊𝒏𝒔  |YoonMin| ★Où les histoires vivent. Découvrez maintenant