Chapitre 2

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Une nouvelle soirée commence, une nouvelle soirée où je rejoins le bar à moitié dans ma zone. C'est la seconde fois que je m'y rends, et je compte venir de nouveau encore plusieurs fois.

Je pars chercher un verre au bar, laissant les gros bras s'occuper comme ils le souhaitent. Je demande une boisson alcoolisée, puis pars vers le carré V.I.P, où est encore Elijah. J'aime bien me rendre dans cet endroit, je trouve que c'est un peu idiot de faire une partie séparée dans un si petit bar. Tout ça pour Monsieur le maire.

-Dakota du Nord, ricane Elijah, je crois que tu as oublié d'enfiler un bas avant de venir.

-Merci de t'en soucier, Elijah, mais je n'ai rien oublié, soupirais-je devant sa stupidité.

-C'est dingue d'enfiler des bijoux et une veste sans mettre de bas.

Je me contente tout simplement d'ignorer sa seconde remarque sur mon look. Je me laisse tomber dans le fauteuil, enlève ma veste puis sirote ma boisson en le regardant. Lui aussi me détaille du regard, il porte un grand intérêt à mes vêtements. Lorsque son regard glisse sur mes jambes, je me dis qu'il est peut-être en train de regarder mes tatouages aussi. Autant faire de même. L'encre sur ses bras est en référence à la violence, c'est certain. Même si je suis très intéressée par les symboles, je ne peux pas savoir ce que tous ses tatouages signifient exactement.

Je ne vous cache pas que je suis assez curieuse. J'aimerais bien savoir ce que cette encre signifie pour lui, mais je ne lui demanderai pas. Dans tous les cas, il voudra en savoir plus sur mes tatouages, et mon sombre passé le ferait gagner le combat. En apprenant des détails sur ce que j'ai vécu, il pourrait m'abattre en un instant.

Je pose brutalement mon verre sur la table, ce qui le fait légèrement sursauter. Je souris alors qu'il remonte son regard jusqu'à mes yeux.

-Des projets pour notre fête nationale, monsieur le maire ?

Il lève un sourcil, se demandant sûrement si j'attends qu'il me dévoile tout ce qu'il a prévu.

-Bien entendu, madame la mairesse, et tu n'en sauras pas un seul petit détail avant le grand jour.

-Je l'attends avec impatience, dans ce cas.

-Sale coréenne.

-Nord ou sud ?

-Je tente le nord.

Je ricane de son imbécilité. Je ne compte pas lui dévoiler mon origine. S'il le savait, il ferait sans aucun doute le lien avec le plus grand de mes tatouages, celui qui orne mon corps depuis des années. De nombreuses heures de travail par semaine, pendant un an, c'est le temps que ça a pris pour le finir. Il est somptueux, mais il me dégoûte aujourd'hui. Le voir est simplement devenu une habitude de vie, parce que je ne me verrais plus sans lui.

J'attrape de nouveau mon verre, alors que nous nous lançons dans une série d'insultes. J'en lâche une dans ma langue maternelle, ce qui l'interrompt directement. Il me regarde avec surprise, la bouche close, puis il plisse les yeux dans ma direction.

-Et c'est quelle langue ça ? Me questionne-t-il.

-Ça, c'est ma langue, lâchais-je en me levant.

-Elle existe au moins ? S'exclame-t-il par dessus la musique.

Mon regard signifie ma réponse. Comme si je parlais une langue que j'avais inventée. J'ai vingt-deux ans, pas six ans, comme il doit le penser.

Je pose mon verre sur le comptoir et demande une seconde boisson, différente de la première. Je jette un coup d'œil à la salle, bondée de monde, et vois que les gros bras dansent avec des femmes du sud, venues dans notre côté pour les deux charmants garçons qui m'accompagnent.

Ils ont raison de profiter, c'est notre bataille, mais je sais me débrouiller face à Elijah. Et dans tous les cas, ils viendront si ça commence à dégénérer.

Une musique que j'apprécie énormément se fait entendre dans la salle, je pose alors mon verre et avance vers la piste de danse. Comme la dernière fois, je me déhanche au le rythme de la musique. Mes mouvements sont fluides et sensuels, mais surtout, ils attirent plusieurs hommes du côté Sud. Se bousculant pour m'atteindre, deux hommes finissent par se battre. J'éclate de rire en regardant la scène, tout en continuant à danser.

Un homme tente de se coller à mon corps, mais je le repousse d'un coup. Ses grosses mains avancent de nouveau vers moi, et je le gifle d'un coup, l'empêchant de me toucher de nouveau.

La bagarre prend plus d'ampleur, et Elijah tente de leur faire retrouver la raison. L'homme face à moi tente de nouveau de poser ses sales mains sur moi, mais la carrure imposante d'Horacio s'impose devant moi.

-T'as pas intérêt de reposer ta putain de main sur elle, le menace Horacio.

Je l'avais bien dit que mes meilleurs amis me gardaient au coin de l'œil, prêt à intervenir rapidement. Si Horacio ne serait pas venu, Esteban aurait pris le relai. En général, c'est plus souvent Horacio qui vient, puisque c'est bien son genre de casser la figure des gens. Il est plus imposant qu'Esteban, qui est le cerveau des deux.

La bagarre s'élargit, de plus en plus de personnes y participent. Je m'assieds au bar et bois un nouveau verre, sans alcool cette fois, pour pouvoir observer tout le monde. Elijah semble en même temps désespéré, et en colère. J'ai joué la provocation, et j'ai gagné cette manche. J'ai créé un désordre immense juste en dansant.

Oh Elijah, ce n'est que le début de mon plan d'action. J'y vais petit à petit, mais j'avance bien vers ce que j'ai prévu.

Celui qui occupe mes pensées se dirige vers moi, les traits déformés par la rage. Il attrape mon verre et le balance contre le mur. Le verre se brise sous l'impact, projetant des morceaux et le reste de ma boisson sur le sol. Il pose ses mains de part et d'autre de mon corps en plongeant son regard dans le mien.

-Dakota, tu devrais retrouver ton Nord le plus vite possible, et arrêter d'enclencher la guerre froide en venant remuer tes fesses à moitié nues devant autant d'hommes.

-Les hommes du Sud ne sont que des goujats qui ne réfléchient plus qu'avec leurs queues lorsqu'ils voient une femme danser devant eux.

-Regarde toi un peu, que ce soit ta tenue ou ton comportement. Tu viens ici et tu les provoques tous.

-Je ne vois pas de quoi tu parles, Elijah.

Bien sûr que je comprends exactement ce qu'il me dit. Je suis même venue dans ce but précis.

-Embarques tes chiens de garde et repars chez toi, Dakota.

-Je suis chez moi.

-Tu ne seras jamais chez toi dans ce bar, comprends-le.

-Tu me verras toujours revenir ici, juste pour te rappeler que j'y ai autant ma place que toi.

Je pousse Elijah et me relève de mon tabouret d'un léger saut.

-Les gars, on y va, laissons cet idiot se démerder avec ses imbéciles.

Horacio et Esteban se décalent d'un coup, et leurs opposants n'osent pas franchir la limite invisible qui les séparent. Je pars récupérer ma veste que j'enfile, et avance vers les gros bras. Elijah étant face à eux, je me pose devant lui.

-À bientôt Elijah, lâchais-je en souriant.

-Ouais c'est ça, bye pétasse.

-Monsieur est rancunier, riais-je.

-Va foutre la merde dans ta zone, plutôt.

Je lâche simplement un rire et sors de ce bar, infesté par les hommes de la zone Sud.

ProvocationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant