Chapitre 22

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Être maire, ça nous permet d'être plus important dans le vaste pays qu'est l'Amérique du Nord. Cinquante états, et pas loin de trente mille villes, c'est quand même énorme. Lorsqu'on y pense, ça fait des maires des personnes très peu importantes, mais on l'est toujours plus que de simples habitants.

Depuis des siècles, la Floride a pris l'habitude de réunir tous les maires à une semaine de festivités. On apprend à se connaître en faisant tout en tas d'activités, dont certaines qui visent à tous nos opposer. Quatre cent douze villes, c'est quatre cent douze maires, quatre cent treize avec notre ville séparée, donc un minimum de quatre cent treize personnes. La plupart seront accompagnés d'une ou deux personnes, voire plus s'ils ont des enfants.

Pour ma part, c'est au bras de mes deux meilleurs amis que j'entre dans la salle de réception, après avoir donné mon invitation et m'être fait fouillée par une femme.

Les gros bras ont des costumes très chic, alors que j'ai une longue robe somptueuse, pleine d'ornements. Elle tape à l'œil, c'est certain. Mais vous savez ce qui est encore plus tape à l'œil ? C'est le fait que je sois la maire de Cocoa Beach Nord.

Les regards sont rivés sur moi, ma présence est attendue. Des bagarres ont souvent lieu entre les maires, et on comptabilise cinq maires morts à cette même réception. Le chef d'état me salue en personne au bas de l'escalier, m'invitant à me comporter le plus naturellement possible à cette réception. C'est une sorte d'amusement pour tous les maires de faire voir ces faces à faces de maires.

À quelques pas d'écart, je tombe face à Elijah, en compagnie de Sterling. Celui-ci est coiffé parfaitement, et je remarque qu'Elijah a fait un effort pour garder ses mèches en place.

-Bonsoir Elijah, commençais-je.

-Bonsoir Dakota du Nord, me répond-il. Tu me surprendras toujours, décidément. Je suis presque à la recherche d'une parcelle de peau non cachée par ta robe.

-Moi, ce qui me surprend, c'est de voir que tu as découvert l'existence du gel pour les cheveux. T'as enfin décidé de te coiffer, c'est pas trop tôt.

-Toujours escortée par tes deux gardes du corps ? Peur de te faire kidnapper ?

-Comme c'est mignon, Elijah. Tu m'aimes tellement que tu serais prête à me kidnapper pour que je me retrouve dans le Sud !

-Ne prends pas tes rêves pour la réalité. Il suffit de salir un peu ma devanture pour que Cendrillon accourt dans le Sud !

-Ta partie est une vraie déchetterie.

-T'es trop maniaque.

Nous nous défions du regard et les gros bras décident de me tirer vers un autre endroit, pour mettre fin à notre discussion.

-Bon, lance Esteban, qu'on soit bien clair, il est absolument hors de question de la laisser sans surveillance. Il faut qu'au moins un de nous deux soit avec elle.

-Je suis d'accord, affirme Horacio.

-Je ne suis pas d'accord, me manifestais-je. Vous avez pas à faire la nounou, je peux me débrouiller seule.

Horacio balaie ma réponse d'un geste de la main, ce qui me fait soupirer. Je discute avec plusieurs maires, en leur compagnie, et un homme vient nous amener des coupes de Champagne.

-Oh des petits fours ! S'exclame Esteban. Je reviens !

Je soupire longuement de nouveau face à son comportement, et il se précipite vers le buffet. Un de moins sur le dos, c'est déjà mieux.

-Moi je... Commence Horacio avant de s'interrompre. Des fontaines de chocolat !

Comme son meilleur ami, il se précipite vers l'un des buffets. Je m'excuse auprès des personnes avec qui je discute et va vers le fond de la salle, pour être sûre de les perdre. C'était pas trop compliqué de s'en débarrasser finalement. J'avais oublié que ces tas de muscles adorent manger tout et n'importe quoi.

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