Chapitre 34

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Mon jugement a lieu aujourd'hui, et je n'ai répondu à aucune des questions des garçons, mais c'est le moment. J'enfile les premiers vêtements que je trouve et vais dans mon salon où je trouve Miguel et Alissa. Son jugement est passé, mais elle est en recherche de logement pour partir d'ici. En attendant, Miguel est plutôt content qu'elle reste à ses côtés. Je crois qu'elle lui fait vraiment du bien, il s'ouvre enfin à une personne. Miguel est un gros bloc de béton, impossible de savoir ce qui se trouve sous sa carapace.

Depuis que j'ai été arrêtée, j'ai passé mes journées à la mairie, pour parler avec Clover. Ce sera ma remplaçante si j'ai une peine de prison, parce que je lui fais entièrement confiance et je sais qu'elle en est capable.

-Miguel ? Commençais-je.

-Oui ? Me répond-il.

-Tu veux bien occuper ma maison si je... Si j'ai une peine de prison ? J'ai peur que des squatteurs la mettent en mauvais état.

-Tu peux compter sur moi, et puis j'aime bien ta maison, ma mère n'est pas là pour m'engueuler. Est-ce que je peux faire autre chose pour toi ?

Je souris à la première partie de sa phrase, mais je perds rapidement mon sourire, et je baisse la tête.

-Ne viens jamais me voir avant ma sortie, c'est tout ce que je te demande.

-Ne plus te voir ? Tu vas me manquer Dakota du Nord, mais je le ferais, si c'est ce que tu veux.

-Je ne supporterais pas de devoir dire au revoir à chaque fois... Je vais annoncer la nouvelle aux gros bras. À toute à l'heure.

Je sors de ma maison et traverse la rue pour me rendre chez mes amis. La mère de Horacio me laisse entrer pour aller dans le salon, où ils sont assis dans le silence.

-Je voulais vous demander quelque chose avant mon procès, dis-je alors.

-Oui ?

-Si je me retrouve en prison, ne venez jamais me voir, je vous en supplie.

-Ne pas venir te voir ? Ne pas te voir ? Lance amèrement Horacio. Tu te rends compte de ce que tu nous demande ? On ne veut pas t'abandonner, on viendra te voir dès qu'on le pourra.

-Non ! Non... Je sais que vous serez toujours là pour moi, et je ne cesserai de vous remercier pour ça, mais la séparation avec vous sera déjà assez difficile comme ça... Je n'ai même pas envie de vous dire au revoir aujourd'hui, parce que vous allez terriblement me manquer, mais je n'ai pas envie de vous dire à bientôt. D'autres séparations avec vous seront d'autant plus difficiles. Vous serez les premiers à me voir à ma sortie, mais laissez-moi seule. Je mérite ce que j'ai fait.

-Pourquoi t'as fait ça ? Me demande simplement Esteban, incompréhensif.

-Je sais pas... Je voulais que Cocoa Beach soit réunit, je voulais juste comprendre ce qui a causé la séparation de notre ville en deux.

-Je refuse d'attendre ta sortie pour te voir, reprend Horacio.

-Horacio, l'arrête Esteban. C'est son choix, et il faut le respecter. Tu vas terriblement nous manquer...

La séparation risque d'être vraiment difficile. Ça fait quatre ans que nous sommes tous les trois inséparables. Je leur ai menti, et je ne me le pardonnerai pas de sitôt. Ils ont toujours été là pour moi, et voilà comment je les remercie...

-Qu'est-ce qu'il faisait chez toi, Dakota ? M'interroge Esteban.

-Il est venu le soir, il... Il voulait coucher avec moi et... Et on l'a fait. Je l'aime, les gars, même si je sais que je ne devrais pas. C'est mon ennemi et...

-Ce que je comprends pas, m'interrompt Horacio, c'est que tu l'aies laissé faire. Mais merde est-ce que vous vous êtes déjà embrassés avant ce soir-là ?

-Plus que tu ne peux l'imaginer. On s'est embrassés dans le bar, quand on était saoul, et c'était la première fois, mais c'était loin d'être la dernière. Dès qu'on était seuls, à l'abri des regards, on s'embrassait et... Et j'aimais ça. Alors je ne l'ai pas arrêté ce soir-là.

Mes deux amis me regardent avec surprise. Ils n'avaient vraiment rien vus alors... Je soupire et baisse la tête, sous leurs regards intenses.

-Tu as réussi... Avec tout ce que tu as vécu ?

-Il m'a aidé, Esteban. Il m'aide à penser à autre chose que mon passé et il sait certaines choses sur moi. On s'est confiés plusieurs fois à la plage, sans en dire trop.

-Qu'est-ce qu'il sait ? Il sait pour Hayato ?

-Vaguement. Il a su que j'entretenais une relation avec un homme avant que j'arrive ici, mais je n'ai jamais su lui dire que j'avais été mariée avec ce même homme. Je lui ai dit pour le bar, et pour tous ces hommes.

-Et... Est-ce que tu vas lui demander la même chose ?

Je hoche doucement la tête en soupirant.

-Il me reste une heure avant mon procès. Je vais aller le voir pour lui dire, et j'irais me préparer. À toute à l'heure.

Nous nous saluons et je pars sur la place de ma mairie. J'envoie un message à Elijah de sortir de sa mairie, et patiente quelques minutes. Je le vois arriver plutôt rapidement, et il me salue. On se regarde dans le silence alors que je soupire.

-Je voulais te voir une dernière fois avant mon procès, lui annonçais-je. Enfin une dernière fois avant quelques temps.

-Ne pars pas en te disant ça. Ça se trouve, tu ne vas rien avoir.

-Je sais que si. Et si c'est vraiment le cas, ne viens pas me voir en prison.

-Quoi ?

-Si je pars en prison, ne...

-Oui oui j'ai compris, me coupe-t-il, mais est-ce que tu as conscience de ce que tu me demandes ?

-Elijah... Je...

-Dakota stop. Si tu t'as fait ça, c'est à cause de moi. T'as pas à en payer toutes les conséquences. Et tes amis, tu leur a demandés ça aussi ?

-Oui, mais c'est loin d'être ta faute. Je me suis rendue de moi-même à la statue, j'ai moi-même essayé de trouver ces foutus papiers qui ont séparés notre ville.

Je souffle de nouveau et baisse le regard. Elijah saisit mon menton et le relève vers lui, et son regard bleuté plonge dans le mien.

-Je rigole pas Dakota, s'il ne s'était pas passé autant de choses entre nous, je suis certain que tu n'aurais jamais voulu découvrir la raison pour laquelle on ne forme pas une seule et même ville.

-C'est vrai, mais je l'ai fait seule, c'était ma décision. Écoute, c'est déjà assez difficile comme ça. On se revoit à ma sortie, si tu veux m'attendre. J'ai pas envie de te dire au revoir une fois, pourquoi me forcer à le dire plusieurs fois ?

Une larme coule sur ma joue, il l'essuie à l'aide de son pouce et son regard s'adoucit.

-C'est compliqué ce que tu me demandes là, tu sais ?

-Je sais...

Il soupire et me tire contre lui.

-Tu vas me manquer, Dakota du Nord. À qui est-ce que je vais faire la guerre maintenant ?

-Je te laisse ma secrétaire, ça te fera une occupation. Une blonde à la place d'une japonaise, ça devrait aller.

Il relève la tête vers moi et me regarde, surpris.

-T'es japonaise ?

-Ouais, c'est bien ça. Tu n'as jamais tenté mon pays malgré toutes les propositions que tu m'as faites.

-J'y crois pas... J'étais sûr de l'avoir fait ce pays ! Je l'avais rayé sur ma liste !

On éclate tous les deux de rire.

-Tu as fait une liste ?

-Tu savais qu'il y avait autant de pays en Asie toi ?

-Bien sûr, j'ai passé plus de temps là-bas qu'en Amérique je te rappelle.

ProvocationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant