Chapitre 4

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-Bon Miguelito, j'en ai marre de t'attendre, tu comptes venir ou jour ou... Balançais-je au téléphone.

-Dakota du Nord ! S'exclame-t-il. T'as besoin de moi ?

-En partie ouais, et ta mère arrêtera de se plaindre auprès de moi si tu viens ici.

-Je sais qu'elle m'aime très fort et qu'elle veut que je reste avec elle.

-Je te jure que si tu n'es pas là d'ici ce soir, je viens te chercher par la peau du cul. Compris ?

-C'est bon, je vais faire mes bagages !

-Tu te fous de ma gueule ? T'as encore rien préparé alors que t'étais censé venir il y a déjà deux mois ?! Miguel t'es insupportable !

-Si je suis insupportable, pourquoi tu veux me prendre chez toi ?

-Tu ne veux pas venir ?

-Ah si ça me manque de squatter chez toi !

-Bagages et en route. Envoie-moi un message pour me dire l'heure à laquelle tu arrives.

Je raccroche et porte mon attention sur le maire voisin, qui, pour une fois, travaille un peu. Il est en train de nettoyer le devant de sa mairie, et c'est moi qui n'a presque pas de travail aujourd'hui. Je suis actuellement posée sur le rebord de la fontaine devant ma propre mairie.

Les gros bras sont partis je ne sais où, alors je ne peux pas compter sur eux pour m'occuper. Étant donné qu'il fait vraiment beau dehors, je décide de travailler à l'extérieur. Je rentre dans la mairie et pars chercher mon ordinateur, et ressors avec. Je vérifie qu'il n'y ait pas d'incohérences au niveau de mon emploi du temps et passe différents coups de fils pour savoir quand je vais recevoir les décorations pour la ville et vérifie mes mails. Mine de rien, ça a su me faire passer plus d'une heure !

Je vais dans un des placards de la mairie et sors de quoi nettoyer la devanture de la mairie. Je nettoie les vitres, passe un coup de balai sur le sol et j'enlève les fleurs fanées.

-Tiens, la coréenne du Sud joue la femme de ménage ? Lance Elijah, au bord de la frontière.

-Je préfère faire mon ménage plutôt que de ne rien faire de mes journées comme toi, Elijah.

Je nettoie également la fontaine, qui est légèrement sale, comme je l'ai remarqué lorsque je m'y suis assise.

-Tu devrais nettoyer ta devanture justement, repris-je. Il y a plus de clopes devant ta mairie que dans un cendrier rempli.

-Viens nettoyer, rit-il.

-Dans tes rêves idiot.

-Tes sbires ne sont pas là pour t'aider ?

-Attends quelques heures, quelqu'un arrive à la rescousse.

Il plisse les yeux dans ma direction, et je l'ignore en entrant dans ma mairie. Clover se précipite vers moi, affolée.

-Madame la maire ! S'exclame-t-elle. Vous êtes enfin là, je vous ai cherchée partout !

-Ce n'est visiblement pas partout puisque vous n'avez même pas été voir dehors.

Je l'esquive et m'enferme dans mon bureau, que je nettoie et range. Je finis par m'attaquer à toutes les pièces, et le temps passe extrêmement vite. Un klaxon particulier retentit, et je me précipite vers la sortie.

-Miguelito ! M'écriais-je.

-Dakota du Nord ! S'écrire-t-il en réponse.

J'avance dans sa direction et il me prend dans ses bras.

-Oh cousine tu m'as trop manqué ! J'aurais dû venir avant !

-Toi aussi tu m'as manqué, mais tu n'avais qu'à venir quand je te l'ai demandé !

Je me déclare doucement et l'observe. Je porte finalement mon attention sur son van Volkswagen, qui est loin de passer inaperçu en raison de la couleur arc-en-ciel et les symboles de hippie.

-Tu as refait la peinture, pas vrai ?

-C'est tout frais, sois pas jalouse, tu pourras monter à l'intérieur si tu veux.

Je secoue la tête en souriant. Lorsque je l'ai vu pour la première fois, il venait de récupérer ce van. Il l'a peint d'une couleur différente à chaque fois qu'on se voyait, avant de finir par choisir de le peindre en multicolore. Aujourd'hui, il y en a dans tous les sens, de toutes les couleurs. C'est difficile de ne pas regarder chaque détail.

-Miguelito ?

-Oui ?

-Ne me dis même pas que tu as remplis ton van avec toutes tes affaires.

-D'accord je ne le dis pas.

Je lui assène une tape derrière la tête alors qu'on rit tous les deux.

Miguel et moi avons une bonne relation tous les deux. On s'entend très bien, tout en aimant se taquiner mutuellement. J'ai été heureuse lorsqu'il est entré dans ma vie. On est inséparables quand on se voit maintenant. Même les gros bras l'adorent (et le détestent aussi parfois).

-C'est ça que j'aime pas quand tu viens squatter, tu encombres ma maison. Tu es tellement bordélique qu'il faut passer après toi chaque instant.

-T'auras de l'occupation comme ça. Alors c'est lui Elijah ?

Je relève la tête en direction du maire voisin, littéralement mort de rire à la vue du van. C'est vrai que ce n'est pas commun, j'en ris également même si Miguel est mon cousin.

-Tu l'aurais su si tu étais venu il y a deux mois, cousin.

-Je trouve ça dément que vous soyez tatoués l'un autant que l'autre.

C'est vrai que ça a quand même de la gueule je trouve.

-Oh putain mais il est enfin là ! Crie une voix que je connais très bien. J'ai faillit croire qu'il ne viendrait jamais !

Les gros bras s'avancent vers nous, et font un câlin viril à mon cousin.

-Mais où est-ce que vous étiez tous les deux ? Je me suis ennuyée toute la journée, j'en ai même fait du ménage !

-On a été faire un peu de shopping, me répond Esteban.

-Sans moi ? C'est méchant !

-On t'as dégoté des fringues pour tes soirées, dont une robe pour la soirée. Ça te va ?

-Oh vous êtes adorables !

Je les prend dans mes bras en les remerciant. Ils aiment me conseiller concernant les choix que je dois faire, mais ils aiment aussi me faire des surprises en arrivant avec des cadeaux pour moi.

Les gars mettent tous leurs sacs dans le van de Miguel, pendant que celui-ci inspecte qu'ils ne font rien de mal à son cher van. Je pars chercher mes affaires et lorsque je reviens, Miguel est toujours en train de forcer Horacio à mettre ses sacs un à un.

-Attention ! Hurle Miguel. Tu vas rayer ma peinture avec tes putains de sacs !

-Oh c'est bon fais pas chier ! Grogne Horacio. J'ai rien fait de...

-Mais regardes putain ! Tu touches ma peinture !

Horacio le regarde mal et laisse une trace de main sur sa vitre, ce qui me fait soupirer. Miguel se met à hurler de désespoir, Esteban et moi le forçons à entrer côté conducteur. On entre tous les trois dans son van et il conduit jusqu'à chez moi, son chez soi pour les futurs jours, voire semaines ou mois. C'est dur à le faire venir, mais encore plus à le faire partir.

ProvocationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant