Provocation

Chapitre 25

Nous sommes en pleine après-midi, et nous sommes encore dans cette salle pour faire de nouvelles rencontres et discuter avec de nouvelles personnes. Je pensais que je finirais rapidement par m'ennuyer, mais au final, il est intéressant de discuter avec d'autres maires. Ceux-ci nous partagent leurs expériences, leurs conseils, et je leur parle de ma moitié de ville en échange.

Une main se pose dans mon dos et je me tourne directement vers la personne. Il s'agit d'un homme d'une trentaine d'années, ce qui signifie qu'il doit avoir un peu moins d'une dizaine d'années de plus que moi. Je sais ce que vous allez me dire, j'ai été mariée à un homme de quinze ans de plus, mais ça me dérangeait énormément, bien qu'il était loin d'être laid.

-Pourriez-vous enlever votre main, je vous prie ? Lui dis-je alors.

Il se penche vers moi et murmure à mon oreille :
-Vous ne voudriez pas vous éclipser quelques minutes et trouver une salle vide pour nous retrouver ?

-Non merci, je ne suis pas intéressée.

-Allez... Je vous promet que ce sera rapide. Vous êtes très excitante.

Sa main dans mon dos me pousse, me forçant à avancer dans sa direction. Étant plus fort que moi, je ne parviens pas à reculer. Je fais un mouvement brusque en arrière et il profite pour ouvrir la fermeture de ma robe. Je lâche une exclamation en tenant le devant de ma robe contre ma poitrine.

-Lâchez-la, elle est avec moi, gronde une voix masculine.

Un bras passe autour de ma taille et je suis dirigée vers une toute autre direction. J'ai la surprise de découvrir Elijah, qui m'emmène dans les toilettes des femmes.

-Ça va ? Me questionne-t-il en se posant face à moi.

-Maintenant ça va. Merci Elijah, tu viens de me sauver.

Et comme un automatisme, je me réfugie contre son torse. Ses bras se renferment autour de moi et je soupire. Heureusement qu'il est venu, parce que les gros bras ont décidés de me lâcher, ayant compris qu'Elijah n'a pas de mauvaises intentions envers moi. Je pense qu'ils étaient loin de se douter que c'était des autres qu'ils devaient se méfier.

Il se détache de moi et me regarde intensément avant de m'indiquer de me tourner. C'est ce que je fais, et je tombe sur mon reflet dans le miroir. Elijah glisse ma chevelure sur mon épaule gauche et referme ma robe. Ses mains se posent ensuite sur ma taille et il se met à déposer des baisers sur mon épaule libre. Il me tourne d'un coup et pose ses lèvres contre les miennes. Nous partageons un baiser langoureux, nos corps se rapprochant directement. Elijah me fait ressentir de douces sensations que je n'avais jamais ressenti auparavant...

Une porte claque, on se sépare pour regarder l'une des femmes sortant des toilettes. Elle se met à crier sur Elijah des choses incompréhensibles, et on prend la décision de sortir. Les gros bras sont posés devant la porte, en compagnie de Sterling. Est-ce que le frère d'Elijah est devenu ami avec mes meilleurs amis ? Je me le demande bien.

-Tu vas bien ? M'interroge directement Esteban en avançant vers moi pour me prendre dans ses bras.

-Oui... Ça va. Elijah est arrivé au bon moment.

-Je l'avais bien vu, continue Horacio, mais il y avait tellement de monde que je n'ai pas su me frayer un chemin pour arriver jusqu'à toi. Merci d'y avoir été.

Je regarde Horacio avec surprise. Est-ce qu'il vient vraiment de remercier Elijah sans qu'on le force ? Tout est possible tant que je suis en sécurité apparemment. Ça me fait sourire, Horacio se méfie beaucoup moins du maire adverse.

Le chef d'État vient dans notre direction, Horacio et Elijah s'empressent de lui raconter ce qui vient de m'arriver. Mon regard se dirige vers Sterling. Il est tellement calme et silencieux à côté d'Elijah, je n'ai encore jamais entendu le son de sa voix. Il a dû être profondément blessé et percuté en étant enfant, pour être aussi renfermé aujourd'hui. Ayant remarqué que je le regardais, il lève les yeux vers moi et ses joues prennent une teinte rosée lorsque je lui fais un sourire.

Puisque les gros bras sont concentrés sur leur discussion ayant pour but de protéger les autres femmes de la réception, je m'éclipse vers le buffet, où l'aimable serveuse me rend une coupe de Champagne. Je rejoins le mur, endroit un peu déserté par les membres de la réception et prends une grande inspiration en fermant les yeux. Lorsque je les ouvre, deux jeunes sont présents devant moi. Ils se présentent comme ayant dix-huit et seize ans, ce qui me fait soupirer.

-Qui êtes vous pour être aussi jeunes ?

-Les fils du maire de Miami Beach, vous voudriez y passer un week-end ? Votre séjour serait à nos frais.

Je lève un sourcil d'interrogation en me décollant du mur. Qu'est-ce qui va encore m'arriver ?

-Pourquoi ai-je droit à cette proposition ? Vous voulez quoi en échange ?

Je ne suis pas dupe, si deux gosses de riche me proposent à moi, une mairesse aux revenus moyens, de venir chez eux, c'est parce qu'ils souhaitent quelque chose en échange.

-On a appris que vous aviez vingt-deux ans, me dit dix-huit ans, et, vous devez avoir beaucoup d'expérience si vous voyez ce que je veux dire. Si vous nous laissez en profiter, on fera en sorte que vous ayez un week-end de rêve, dans notre villa.

-En profiter ? Vous voulez quoi exactement ?

-Soumettez-vous à nous le temps d'une soirée.

Je les regarde tour à tour avant d'éclater de rire.

-Non mais ça va pas dans vos têtes ? J'ai pas envie d'être accusée de détournement de mineurs. Retournez sous les jupons de votre mère, au lieu de m'emmerder avec vos conneries.

Je les bouscule et avance du côté des toilettes. Les quatre hommes sont toujours en train de discuter avec le chef, et j'utilise la porte à leurs côtés pour rejoindre la cour. Dans l'une de nos discussions, le chef d'État nous avait invité à visiter le jardin de ce lieu au moins une fois durant la semaine.

J'avance dans l'herbe, en direction des haies de très haute taille et entre dans l'espace dédié à ça. Je regarde à ma gauche et à ma droite, et comprends vite que je suis dans un labyrinthe. Décidant de me prêter au jeu, et pensant qu'il ne doit pas être si grand que ça, j'avance dans les allées entourées des haies. Je tombe dans un premier cul de sac, puis dans un second, et enfin un troisième au bout de quelques minutes, ce qui me fait lâcher une série d'insultes.

-Mais c'est pas vrai putain ! M'exclamais-je. Quelle journée de merde ! Non mais quelle idée merdique de créer un labyrinthe ! Comme s'ils ne savaient pas mettre des putains de rose ou... Ou des pâquerettes ! Un putain de champ de pâquerettes ! Et ces putains de talons qui s'enfoncent dans cette merde boueuse... Argh !

J'entends soudain des voix crier après moi, ce qui me fait souffler de soulagement. Les gros bras ne vont pas tarder à me retrouver.

-Les gars je vous en supplie venez me retrouver ! J'en peux plus d'être ici ! Je veux sortir !

-Ne bouge plus, on va chercher de l'aide !

Je trouve finalement une statue et m'assied sur le bloc de pierre sur laquelle elle est posée. Je ferme les yeux en reposant ma tête sur la statue. Le temps passe très lentement, ce qui me fait comprendre que je dois être bien avancée dans ce labyrinthe.

-Je l'ai trouvée ! Crie finalement un homme, ce qui me fait sursauter.

Je croise le regard d'Elijah, ce qui me fait éclater de rire.

-Deux fois que tu me sauves en une heure Elijah.

-Tu devrais rester avec nous, ça t'empêcherait de te retrouver dans ce genre de situation.

-Et t'as manqué ce qui m'est arrivé avant que je ne me retrouve ici !

-Raconte-moi ça, on va essayer de trouver la sortie pendant ce temps-là.

Nous nous mettons ainsi à discuter en direction de la sortie, qui se trouvait à quelques pas du lieu de mon abandon, ce qui me fait longuement soupirer.