Rien qu'une semaine que je suis enfermée, et pourtant, ça me paraît une éternité. Luc, le vieux pervers, essaie sans cesse de m'avoir, mais je lui résiste. Il ne m'aura pas, je me le promets.
Lorsque je vois l'un des gardiens passer dans le couloir, je l'interpelle.
-Excusez moi, dis-je, ce qui le fait tourner vers moi. On est le combien ?
-On est le trente juillet, me répond-il.
-Le trente, murmurais-je à moi-même avant de relever la tête vers lui. Est-ce que je peux aller à l'infirmerie ?
-Un problème ?
-Oh euh... Je crois que j'ai un problème de fille oui.
Il m'ouvre la porte après avoir échangé quelques mots avec l'un des autres gardes. Il me passe les menottes et m'escorte jusqu'à l'infirmerie, une pièce propre et organisée, tenue par une femme d'une quarantaine d'années.
L'homme sort après lui avoir dit que j'ai mes règles. C'est pas vraiment le cas mais bon, je devais trouver une manière de venir la voir.
-Tu es nouvelle c'est ça ? Me demande-t-elle gentiment. Quel est ton nom ?
-Je m'appelle Dakota et je suis ici depuis une semaine.
-Tu ne sais donc pas comment ça se passe lorsque tu es réglée ici ?
-En fait je ne les ai pas, et c'est justement ce qui m'inquiète. Je devais les avoir il y a déjà plusieurs jours.
-Ça peut-être lié au stress, tu peux avoir du retard dans tes règles. Est-ce que tu as eu un rapport non protégé ?
-Oui enfin... J'ai un implant, mais ça fait déjà plusieurs années alors je me disais que... enfin voilà.
-Un implant est à changer tous les trois ans, ou il ne sera plus fonctionnel. Est-ce que tu veux faire une prise de sang pour éclaircir tes doutes ?
-Oui je... J'aimerais bien. Je veux savoir.
Elle hoche la tête et demande au garde de me retirer les menottes. Elle me prélève ensuite mon sang et m'apprend qu'elle le donne au laboratoire.
-Ça va plutôt rapidement, tu auras les résultats d'ici une heure. Est-ce que ta première semaine s'est bien déroulée ici ?
-J'essaie de m'habituer, mais la cohabitation avec un homme n'est pas simple.
-Avec qui es-tu ?
-Je ne sais que son prénom. Il s'appelle Luc et a été condamné pour de nombreux viols.
-Oh... Ils ont osés te mettre avec une personne comme lui. Ce ne doit pas être facile de se retrouver avec un obsédé sexuel. Finalement je pense que tomber enceinte te sauverait la vie.
-Pourquoi ça ?
-Parce que si c'est le cas et que tu le garde, tu seras certainement transférée dans une prison spécialisée pour l'accueil des enfants.
Mes yeux s'ouvrent de surprise. Je n'avais pas songé à ça...
Je reste finalement quelques temps avec l'infirmière, pour discuter des femmes enceintes et la prison. Même si on est pas sûr que ce soit mon cas, il est toujours intéressant d'apprendre ce genre d'informations. Je risque de ne rien apprendre de nouveau pendant deux ans, autant qu'elle me dise quelques détails pour ma culture générale.
De plus, elle s'est rendue compte que je n'étais pas violente, alors le garde est resté de l'autre côté de la porte. Ça fait du bien de parler à une personne autre que mon camarade de chambre.
Elle reçoit finalement un mail, lui indiquant les résultats, et mon cœur se met à battre rapidement. Je m'avance sur mon siège, en serrant fortement l'appui-bras. Elle se tourne vers moi et me regarde. Elle semble ne pas savoir comment m'annoncer la nouvelle, ne sachant pas comment je vais le prendre.
-Tes doutes s'avéraient être vrai, me dit-elle soudainement. Tu es enceinte, toutes mes félicitations.
Je pose ma main devant ma bouche, surprise, en me laissant tomber dans le fond de mon siège. Oh mon dieu je ne m'attendais pas à ça. Je suis enceinte d'Elijah, mais le pire dans l'histoire, c'est que je suis enfermée entre quatre murs. Et aussi que je lui ai demandé de ne pas venir me voir. S'il l'apprend, il va venir ici le plus possible, j'en suis certaine.
-Tu peux prendre la décision d'avorter ou prendre la décision de le garder. Si tu veux le garder, je peux faire ton dossier pour ton déplacement vers une autre prison.
-Je... J'ai besoin de... prendre le temps pour réfléchir. Merci de m'avoir accordé votre temps, je vais vous laisser tranquille désormais.
-N'hésite pas si tu as besoin, c'était très sympathique de recevoir une personne si calme que toi.
Je lui fais un sourire et sors de la pièce. Je laisse le garde me passer les menottes, et il m'amène de nouveau à ma cellule.
Comme un automatisme, je me laisse tomber sur ce qui me sert de lit et je souffle longuement. Le choix est difficile. Est-ce que je vais le garder, ou est-ce que je vais avorter ?
Je sais que si j'avorte, je ne me le pardonnerai pas. Cet embryon ne mérite pas ça, loin de là. Je trouve l'avortement horrible, c'est une bonne chose pour les personnes ayant vécues un viol par exemple. Mais si je suis enceinte, c'est suite à la nuit avec Elijah, et je ne peux pas dire que j'y ai été forcée.
D'un autre côté, j'ai terriblement peur de garder ce bébé. Je sais que je ne vais pas l'élever comme je voudrais élever un enfant un jour. Il sera enfermé, comme moi, même s'il ne verra le jour que quelques fois lors de balades autorisées.
Je ne me vois pas non plus le priver de son père, mais je ne sais même pas s'il veut d'enfants. Une autre solution serait de lui laisser le bébé, mais est-ce que je saurais revenir dans jne prison normale, et ne pas voir mon bébé pendant sa première année ? Non, je ne veux pas attendre neuf mois et le laisser. Je veux qu'il connaisse la femme qui l'a portée pendant neuf mois.
Je ne songe même pas à l'adoption. Si je vais jusqu'au terme de ma grossesse, je veux être sûre que le bébé vive comme il veut.
J'ai terriblement envie de garder ce bébé, mais j'en ai plus que peur. J'ai peur de ne pas l'élever convenablement, j'ai peur de me dire que je vais le contraindre à l'enfermement. Tant de peurs se présentent dans mon esprit, et je ne me rends même pas compte que les larmes coulent sur mes joues.
Des larmes de joie ? De tristesse ? Je l'ignore. Je suis heureuse de porter un bébé, mais triste que ça arrive maintenant. Ce sont deux sentiments contradictoires qui font que je ne sais pas quelle décision prendre.
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Provocation
RomanceUne ville séparée est forcément signe de rivalités. Ils sont les deux maires, ils se détestent et font tout pour que la guerre continue. L'encre sur leurs corps sera leur terrain d'entente, c'est à travers leurs tatouages qu'ils apprendront à se con...