À LA TÊTE DU CARTEL

Une journée chargée

9h00

Le réveil sonne.
Louisa se réveille difficilement après une nuit tourmentée. Couchée dans son lit, elle se remémore le plan de sauvetage dans les moindres détails et entend résonner les mots d'Hélène inlassablement dans son esprit : « C'est une mission suicide ! »
Néanmoins, la volonté de retrouver André est plus forte que la peur. En tant que nouvelle dirigeante d'ALLOS, Louisa se doit d'agir pour le bien de l'entreprise mais aussi pour le bien de ses coéquipiers. Dés ses débuts, André l'a conseillé, soutenu, rassuré pour permettre à ALLOS de survivre après la mort de Del-Orti, mais aussi d'améliorer la vie de Louisa et celle de sa famille.

Déterminée, elle sort de son lit.
En prenant la direction de la cuisine, Louisa jette un coup d'œil rapide sur son téléphone et remarque plusieurs messages dans la conversation de groupe de son université concernant les futurs examens. Étrangement, quelques temps après avoir intégrer ALLOS, la vie « normale » est devenue fade et sans intérêt pour Louisa.
Ses études ne la passionnent plus vraiment et le schéma imposé par la société d'étudier pour travailler, de travailler pour payer et de payer pour vivre, ne lui convient plus. Surtout lorsque l'on voit ces pourritures au sommet de l'Etat, avec de grandes prétentions sur la moralité mais qui font copain-copain avec des trafiquants aux mains de sang. Eux ne respectent aucune règle, pourquoi devrait-elle le faire ?
Cette prise de conscience est peut-être la raison inconsciente qui a poussé Louisa à délaisser cette partie de sa vie et d'accepter si facilement les tourments de la vie de trafiquante.

Malgré tout, Louisa conçoit que cette soirée sera déterminante et qu'elle ne sortira peut-être pas vivante de ce manoir. Elle poste un court message dans la conversation de groupe afin de rassurer ses rares amis juste avant de pénétrer dans la cuisine.

—Bonjour maman, ça va ?
—Ah bonjour ma chérie ! Tu as bien dormi ? T'es rentré tard hier, dit sa mère assise au comptoir.
—Oui... les examens approchent je suis resté réviser avec Victor à la bibliothèque.

Même mentir à sa propre mère ne la culpabilise plus. Le mensonge est devenue une seconde nature, une chose essentielle pour maintenir sa famille en sécurité.

—Tu vas y arriver ne t'inquiète pas. Et je voulais te prévenir, le lieutenant Bérard a téléphoné ce matin. Apparement tu ne leur a pas transmis ton nouveau numéro, et il veut te revoir. Je lui ai clairement fait comprendre que c'était assez pour toi mais il a insisté !

Cette information, surtout un tel matin, ne ravie pas Louisa. Elle a une mission d'infiltration et de sauvetage à préparer ce n'est pas le moment de s'embarrasser avec le lieutenant. 

—Je le rappellerai plus tard. Désolé maman mais je dois filer, j'ai une journée chargée.

Louisa enlace tendrement sa mère peut-être encore pour la dernière fois. Au fond d'elle, cette excitation et cette incertitude se mélangent à un enthousiasme certain. Elle quitte la cuisine pour aller se préparer et rejoindre Hélène en bas de son immeuble.