Douleur atroce

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Je vous laisse la nuit pour réfléchir, je serai chez vous à 5h00. Et ne parlez à personne de cette soirée, je le saurai, dit André d'un ton froid et sérieux.

Tandis que le 4x4 démarre en trombe et que Louisa regagne la cage d'escalier, elle en profite pour rallumer son téléphone. Comme d'habitude, plusieurs appels en absence de sa mère ainsi que de nombreux messages.

Je vais me faire défoncer ... marmonne t-elle en montant les escaliers.

À peine entrer dans le petit appartement, sa mère se précipite à la porte.

Louisa !! Mais tu étais où ?! T'aurais pu m'appeler ! crie t-elle le visage crispé par l'inquiétude.
Oui désolé maman, je suis allez me balader et mon téléphone n'avait plus de batterie ...

Louisa, épuisée, enlève difficilement ses chaussures en cachant la douleur atroce derrière ses genoux.

T'as fait quoi tout ce temps ?
—J'ai marché et rejoint Victor pour allez boire un verre. Désolé, mais je suis vraiment fatigué... Je vais me coucher.
—Mange au moins quelque chose. Je t'ai gardé une assiette ma puce ...
—J'ai pas faim maman, je veux juste me doucher et aller dormir.

Louisa arpente difficilement le couloir et se réfugie dans la petite salle de bain pour échapper aux questions incessantes de sa mère. Elle s'assoit sur la baignoire, déboutonne son jean et le fait glisser le long de ses cuisses. Une fois arrivé au niveau des genoux, le frottement du tissu contre ses hématomes provoque une douleur intense. Louisa se mord le doigt pour ne pas crier.
Elle tire d'un coup sec pour extirper ses jambes et se penche en arrière en allumant la douche à la température la plus froide. L'eau ruisselante sur ses jambes apaise les deux énormes bleus déjà très visibles.

Une fois dans sa chambre, Louisa s'allonge sur son lit et repense à la lettre. Sa colère contre monsieur Del-Orti ne s'est pas atténuée et ce choix décisif est atroce pour Louisa. Des vies humaines reposent littéralement entre ses mains et si elle accepte de reprendre ALLOS, cela deviendrait son quotidien. Elle ne se sentais pas capable de vivre avec cela.
Des coups à sa porte l'extirpent de ses pensées.

C'est moi ... chuchote Jules en entrebâillant la porte. Je peux entrer ?
Oui bien sûr viens.

Son frère s'assoit en tailleur sur son lit et remarque instantanément ses poignets contusionnés.

—Tu t'es fait quoi aux poignets ?
—Ah rien, c'est mes bracelets .. répond Louisa un peu désarçonné par la question. Ta journée s'est bien passée ?
—Comparé à toi, oui ! dit Jules en souriant. T'aurai pû m'envoyer un message quand même, maman était vraiment mal tu sais ...

Louisa sourit. Elle sait parfaitement que son frère aussi fut très inquiet, mais trop fier pour le lui dire.

Je sais, désolé ...

Jules remarque que Louisa semble renfermée, absente.

T'es sûr que ca va Louisa ? On dirait que t'es shooté ! T'as fumé un truc ! lui dit-il en rigolant.
Roh mais t'es con ! Je suis juste fatigué. Allez laisse moi dormir maintenant !
Ok ok je dirai rien t'inquiète !

À LA TÊTE DU CARTEL Où les histoires vivent. Découvrez maintenant