Les portes de la vaste salle de réception s'ouvrent devant elle.
L'immensité de la pièce ébahie Louisa qui ne peut s'empêcher d'observer béatement le magnifique plafond peint à la main, immense peinture représentant une armée à cheval en pleine attaque. La terre soulevée par les sabots galopants, les épées ensanglantées qui transpercent les armures, les cadavres gisant au sol, tout est parfaitement représenté dans les moindres détails.
Des dorures forment un cadre autour du plafond. Illuminées par des puissants spots lumineux, elles donnent l'impression d'un véritable cadre en or massif.
Louisa avance tête en l'air, chignon en arrière, en analysant le fastueux décor.—Impressionnant n'est ce pas ?
En redressant la tête, son cœur ne fait qu'un bond lorsqu'elle se retrouve nez à nez avec Andrej Kïska. L'homme qu'elle doit détruire. Il s'avance en souriant et se met aussi à regarder le plafond de la salle de réception.
—C'est la Bataille des Dunes de 1658, peint par Charles Le Brun le décorateur officiel de Versailles. Ici, le cavalier éclairé par le soleil sur son cheval blanc est Louis XIV et regardez comment le peintre a représenté la volonté divine de combattre et de mourir pour son pays, dit Andrej en pointant du doigt le plafond. Les rayons du soleil frappent son visage conquérant et éclairent son armée qui donne l'assaut, comme liés par une force incandescente.
—C'est splendide... répond timidement Louisa.
—Pardonnez moi, je m'égare lorsqu'il s'agit d'art, rétorque-t-il avec son léger accent slave. Bienvenue dans ma demeure pour ma neuvième soirée caritative, mademoiselle... ?
—Debré. Eleanor, répond Louisa en lui tendant sa main.
—Ravie de faire votre connaissance ! En tant qu'hôte je me fais un devoir d'accueillir moi-même mes invités.Céleste resté un peu à l'écart, s'avance vers Andrej sourire au coin.
—Inutile de le refaire pour moi monsieur Kïska.
—Ah madame Endreiv, vu votre beauté je pourrai vous saluer un millier de fois !L'attitude charmante employée par l'homme ne trompe pas Louisa.
Elle sait que sous cette façade de gentillesse et de courtoisie, se cache un trafiquant aux litres de sang sur les mains et sans doute un pervers qui a ordonné l'enlèvement de son ami et sans doute l'assassinat de Del-Orti.—C'est la première fois que je vous vois ici madame Debré, pourtant je connais chacun de mes invités, dit-il en saisissant un verre de Rhum tendu par l'un de ses serveurs personnels.
Préparée comme jamais, elle sait que rien n'a été laissé au hasard. Louisa garde son calme et suit le plan à la lettre.
—Oui, je suis venu avec mon nouveau mari, Monsieur Alphonse Debré.
—Ah bien-sûr ! QUANTIC-PC spécialiste en sécurité informatique, dit-il naturellement pour montrer la qualité de sa mémoire.
—Voilà c'est bien ça.
—Mais aux dernières nouvelles, il avait pourtant décliné l'invitation à cause d'une conférence, je suis ravie que vous ayez pû vous libérer.Son cœur accélère.
Louisa comprend qu'Andrej Kïska est un homme intelligent, réfléchie, ne laissant rien lui échapper.—Je pense que vous confondez avec le frère de mon mari, monsieur Laurent Debré qui est le fondateur de QUANTIC-PC. Je suis l'épouse d'Alphonse, son petit frère et vice président de la société.
L'homme pose son verre sur un plateau et saisit la main de Louisa. Le contact avec sa peau la fait légèrement frémir.
—Pardonnez moi madame Debré ! Je ne savais pas ! Évidemment c'est un honneur de vous recevoir. C'est toujours un plaisir de rencontrer des nouvelles personnes et de ne pas voir des invitations déclinées.
Louisa lui sourit.
—Ce n'est rien monsieur Kïska, je suis ravie de vous rencontrer aussi.
—Eh bien profitez de la soirée ! La vente commence dans une petite dizaine de minute mesdemoiselles ! Je vais faire mon traditionnel discours, dit-il en leur faisant un clin d'œil.Céleste et Louisa engagent le pas.
Les deux jeunes femmes remontent la salle de réception en slalomant entre les tables rondes réparties un peu partout.—On va vite au bar, avec un peu de chance on sera bourrées avant le début de la vente ! s'exclame Céleste.
Dans sa longue robe moulante, Louisa peine à suivre sa nouvelle amie parmi la foule les invités déjà présente.
De longues tentures en soie rouge tombent sur une scène disposée au fond de la salle de réception avec en son centre, un pupitre ainsi que plusieurs objets d'art en exposition. Des célèbres peintures françaises, des statuettes égyptiennes, grecques et même des bijoux en diamant son répartis sous une large verrière pour la vente imminente.
Les deux jeunes femmes s'accoudent au bar en forme d'arc de cercle.—Trois vodka-tonik, dit Céleste au barman. Et toi tu veux quoi ?
—Euh.. bha comme toi.
—Quatre vodka-tonik, rétorque Céleste d'un signe de main. Je déteste ces soirées barbantes, ma seule solution s'est d'être suffisamment bourrée pour mettre mal à l'aise les gens et ainsi éviter qu'ils me parlent !Louisa observe sa nouvelle amie accoudée au bar.
Sa beauté, ses bijoux en or, son imposant diamant à l'annulaire ne font que prouver qu'un énorme fossé sépare les deux jeunes femmes. Louisa est persuadée que Céleste n'a aucune idée des réelles activités de son mari et surtout, qui sont réellement les personnes présentes dans ce manoir. Mais Louisa admet qu'elle doit s'en foutre, l'argent étant la seule chose qu'elle désire pour ses besoins futiles.
Le barman dépose les quatre verres, verse l'alcool, le diluant et agrémente le mélange d'une petite rondelle de citron.—Tu fais souvent ce genre de soirée ? demande Louisa en prenant une coupe.
—De plus en plus oui, depuis que Victor a racheté la plus grande compagnie d'aviation en Estonie nous sommes invités à des galas de charités, des bals, et des soirées comme celles-ci. Pas très fun mais bon.. Victor insiste toujours pour que je l'accompagne, tu sais à quel point s'est important pour nos hommes de nous exhiber.
—Oh oui...
—Quoique le tien n'à pas l'air comme ça ! Il est beau-gosse et à l'air très gentil, bien joué, dit-elle en tchinant le verre à Louisa.
—Oui enfin, ils ont tous leur défaut et crois moi Alphonse déborde de défauts !Les luminaires de la vaste salle de réception se mettent à clignoter.
Une hôtesse élégamment vêtue d'un tailleur noir s'avance sur la scène et avertit l'ouverture imminente de la vente aux enchères après le discours de monsieur Kïska. Les nombreux invités commencent donc à gagner leur place respective, assignée à chaque tablée.—L'enfer commence ! s'exclame Céleste en effectuant un cul-sec. T'es à quelle table toi ?
—Comme une idiote je me souviens plus ! Je vais retrouver Alphonse. On se voit tout à l'heure !Profitant de l'agitation ambiante, Louisa tourne les talons et fend la foule pour retrouver au plus vite Julien, resté à l'extérieur.
L'annonce de la vente aux enchères signifie qu'il est 20h00.
L'heure où tout commence.
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À LA TÊTE DU CARTEL
ActionLouisa, vingt ans, est propulsée au sommet du trafic de drogue le plus important d'Europe. Cet étrange héritage légué par monsieur Ricci, une connaissance, changera à jamais son destin. Plongée dans le monde dangereux des cartels de la drogue, Loui...