Tirer sur les chaines

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Pendant qu'il arpente les vieux escaliers en marbre, Julien entend brièvement les débuts du discours d'Andrej Kïska.
Une fois devant de l'ascenseur de service, il appuie sur le bouton d'appel en ne cessant de se retourner pour veiller à ce qu'il ne soit pas suivi. Il espère profondément que le plan fonctionne et qu'Hélène détient le contrôle des caméras de surveillance et peut ainsi le prévenir en cas d'imprévus.
Les portes s'ouvrent.

Julien attention il y a quelqu'un à l'intérieur ! s'exclame précipitamment Hélène dans son oreillette.

Effarement.
Debout face à lui, un homme à la mâchoire carré et au regard assassin, casque vissé sur la tête, gilet pare-balle et fusil d'assaut contre le torse, le fixe durement.

Et mais qu'est ce....

L'homme n'a même pas le temps de finir sa phrase que Julien lui fonce dessus, épaule en avant. Le garde est projeté au fond de l'ascenseur et tente de saisir son fusil pour l'abattre. Mais Julien à l'aide de sa main, tient fermement la gâchette pour éviter qu'un tir ne fuse et ainsi le faire repérer.
Pour se défendre, le garde lui assène un violent coup de tête qui le projette au sol. Comme un ninja, Julien fait glisser son pied et le fait chavirer à son tour. Pendant qu'ils luttent sans relâche tels des loups enragés, Hélène observe le combat les yeux rivés sur l'ordinateur.

Putain Julien !! BUTE LE ! hurle-t-elle.

Julien reprend le dessus après un coup de pied bien placé, le contourne rapidement et glisse son bras autour de son cou. En maintenant sa prise, il glisse son autre main au niveau de sa cheville pour en saisir un poignard.
Avec force, il enfonce sa lame dans la gorge de son ravisseur.

Putain... putain... susurre-t-il en maintenant sa main sur la bouche de l'individu.

Pendant quelques secondes qui semblent interminable, l'homme lutte à l'aide de ses dernières forces. Il s'éteint dans les bras de Julien.
En état de choc et les mains recouvertes de sang, il pousse le cadavre et se relève difficilement en prenant appuie contre la paroi de l'ascenseur. Il fixe la scène perturbante et observe la flaque de sang s'élargir petit à petit.
Il se saisit de son fusil d'assaut et enfile la sangle autour de son épaule.

Fouille ses poches ! dit Hélène dans son oreille. Il a peut être un pass ou un trousseau de clé qui pourra nous permettre de retrouver André.

Julien fait glisser ses mains le long du cadavre et découvre une carte magnétique numérotée 7.

J'ai trouvé ! dit-il en la saisissant. Et Hélène, essaie de me prévenir avant lorsqu'il y a un garde, je vais pas pouvoir en affronter dix comme ça !
—Désolé, j'avais les yeux rivés sur Louisa en compagnie d'Andrej, j'ai pas fait attention.
—Louisa va bien ? demande instinctivement Julien.
—Oui elle est dans la salle de réception en train d'écouter le discours d'ouverture de cet enflure !
—Ok, j'y vais seul alors.

Julien, fusil en main, appuie sur le bouton -1.
L'ascenseur filant vers le bas, Hélène lui confirme que la voie est libre. Les portes s'ouvrent dans un long couloir aux multiples portes présentes sur chaque côté.

Cache le corps dans le renfoncement à ta gauche, mieux vaut pas le laisser dans l'ascenseur ! 

Après vérification de l'endroit et suivant les conseils judicieux d'Hélène, Julien positionne le cadavre dans l'ombre d'un recoin. Il file à toute vitesse, fusil en avant, en ouvrant chaque poignée les unes après les autres.
Au sein de la tanière, Hélène scrute les différentes caméras du sous-sol. Elle aperçoit une patrouille composée de trois gardes se dirigeant sur la position de Julien.

Trois gardes arrivent au Nord ! Cache toi dans une pièce, j'espère qu'ils ne vont pas en direction de l'ascenseur sinon tu seras repéré !
—Reçu !

Julien ouvre l'une des portes du couloir et se retrouve dans la chaufferie du manoir.
Se dissimulant derrière des tuyaux métalliques rattachés à une grosse bonbonne de gaz, il attend silencieusement le signal d'Hélène.

C'est bon, ils ont continué leur chemin à l'Ouest. Dirige toi au fond du couloir et prend sur la gauche, il faut que tu cherches une porte protégée par un pass de sécurité !

Julien continue son avancée et prend à gauche. Avec son costard et chaussures de soirée, il trotte tel un soldat en scrutant chacune des portes.
La numéro 7 attire son attention et possède une boîtier composé d'une fente.
Il glisse la carte magnétique volée et se retrouve dans une pièce complètement plongée dans l'obscurité.

Cette pièce est dépourvue de caméras Julien ! Fais attention, je ne vois rien.
—Ok, t'inquiète pas.

Il s'avance timidement dans l'obscurité, arme braqué vers l'avant.
Un crissement métallique se fait entendre et une voix d'agonie transperce le silence.

Ju... Julien c'est toi.. ?
—André ?! Oui c'est moi, on est venu te récupérer ! scande Julien à l'aveugle.

Grâce au peu de lumière que lui procure les éclairages du couloir, Julien fait glisser sa main le long du mur et réussit à déceler un interrupteur.
La vaste pièce s'illumine par des néons clignotants. Julien aperçoit enfin André, les deux mains bâillonnées et le visage recouvert de sang.

Allez on s'en va ! dit-il en analysant les menottes.
T'es t.. tout seul ? demande difficilement André.
Louisa est à l'étage et j'ai Hélène dans l'oreille !

Voyant que triturer les menottes ne mènerait à rien, Julien saisit son arme équipé d'un silencieux.

Je vais tirer sur les chaînes, protège tes yeux, dit-il à André.

Le premier tir fait mouche.
La chaîne de la menotte gauche saute.

Julien, un homme arrive en courant sur ta position !

Rapidement, le garde armé débarque dans la pièce intimant à Julien de déposer son arme et de se mettre à terre. Julien commence à s'abaisser lentement sur le sol, sous le regard médusé d'André, tandis que le garde saisit son talkie-walkie.

La porte sécurisée a été ouverte. J'ai besoin de renfort au niv...

Avant qu'il termine sa phrase, Julien récupère son revolver et tire sur l'individu le manquant de peu. Julien sait que l'effet de surprise est crucial. 
L'homme se met rapidement à couvert en ripostant.
Les balles fusent dans toute la pièce et André, toujours une main menottée, tente au mieux pour se protéger la tête d'une balle égarée.

Hélène on est reperé ! Préviens Louisa !
—Il faut que tu t'en débarrasse ! Et libère André pour foutre le camps bordel ! Il y a plusieurs gardes qui se dirigent sur vous ! 
—Je fais du mieux que je peux !!

Julien vérifie son chargeur.
Il lui reste très peu de balle. Profitant d'une accalmie, Julien joue l'effet de surprise et traverse la pièce en courant, poignard à la main, et lui saute dessus.
À sa grande surprise, son adversaire riposte avec force en le projetant contre le mur. À terre, Julien reçoit des violents coups de pieds au thorax ainsi qu'au visage. Sous la puissance des coups, son corps s'enroule sur lui-même par instinct de protection. Mais l'homme continue le matraquage tandis qu'André hurle de toutes ses forces pour ordonner à Julien de ne pas abandonner.

—Julien relève toi !!

Tandis que les coups pleuvent brisant chacune de ses côtes, Julien recroquevillé, entend la voix de Louisa résonner.

Stop !!

À LA TÊTE DU CARTEL Où les histoires vivent. Découvrez maintenant