À LA TÊTE DU CARTEL

Le monopole

L'orchestre extérieur joue un célèbre passage de la cinquième symphonie de Beethoven.
Dans un faste assumé, les serveurs et leur plateaux chargés de coupes de champagnes s'activent entre les prestigieux invités pour les servir. Des grandes tentures agrémentés de petites lumières blanches forment une voute lumineuse recouvrant la large terrasse du manoir.
Louisa scanne les personnes présentes. Des jeunes femmes avec des vieux riches aux cheveux gris composent la majorité du panel présent.

—Allez on y va... lui marmonne Julien en serrant sa main.

En s'avançant parmi la foule d'invités, Louisa est surprise d'apercevoir le célèbre présentateur de son talk-show préféré, en train de fumer un large cigare tout en s'esclaffant de rire avec deux jeunes femmes courtement vêtues.
D'un geste tout à fait à l'aise, Julien saisit deux coupes de champagne au passage d'un serveur et lui en glisse une dans la main.

—Il faut qu'on se mêle à la foule pour repérer l'accès au sous-sol, dit-il discrètement le verre devant la bouche.

Julien ne cesse de balader son regard pour sonder l'environnement qui les entoure. Louisa continue de fixer le présentateur qui commence à plôter l'une de ses accompagnatrices.

—Tout ces gens savent chez qui ils sont ? demande-t-elle effaré.
—Oh oui ils le savent, crois moi.

Du regard, Julien désigne un homme en costard gris au bout de la terrasse, sur leur gauche, en train de discuter.

—Tu vois cet homme là bas. C'est le plus important trafiquant d'art de Russie, ils travaillent avec les Balaz pour pouvoir acheminer les artefacts à travers toute l'Europe et nous, ALLOS, on amène ces marchandises sur le continent. Et l'homme avec lequel il discute possède une société de presse internationale avec plus de 57 chaînes de télévision dans tout les pays de la planète. Pratique pour éviter de parler de certaines choses...
—C'est tout leur réseau qui est ici... susurre Louisa en regardant les deux hommes.
—Ils connaissent tous Del-Orti, enfin pas réellement, mais toutes la majorité des personnes présentes ici travaille avec ALLOS. Nous sommes indispensable sur le marché et c'est pour ça qu'ils veulent nous détruire.
—Ils veulent le monopole...

Louisa émet un léger sursaut lorsqu'ils sont interrompus par un homme et une femme. Cette dernière, une jeune beauté des îles à la peau mâte et aux yeux bleutés, élégamment vêtue d'un ensemble Chanel, s'adresse à Louisa tout sourire.

—Bonsoir, on est content de trouver un couple de jeune comme nous, dit-elle sur le ton de la plaisanterie.
—Oui, c'est notre première soirée chez monsieur Kïska nous sommes un peu perdu, continue son compagnon.

Plus petit que sa compagne, ses cheveux noirs soigneusement brossés en arrière et sa montre en or judicieusement mise en avant, prouve une certaine richesse et surtout l'envie de la montrer.
Ne sachant quoi répondre, Louisa regarde Julien comme une gamine.

—Pour nous aussi, répond Julien en saisissant Louisa par la taille. À vrai dire, je m'attendais pas à autant de...
—Vieux ? rétorque la jeune femme.

Louisa se met à rigoler.

—Luxe, reprend amicalement Julien. Enchanté, Alphonse Debré, dit-il en tendant sa main. Et voici ma femme Éléanor Roussi mais depuis récemment Debré, finit-il en faisant un clin d'œil à Louisa.
—Mes félicitations alors ! Victor Endreiv, répond l'homme en saisissant la main tendue de Julien. Et voici ma femme Céleste. Pour vous aussi, c'est votre première soirée caritative ?
—Oui, nous avons été surpris de recevoir une invitation.
—Les soirées de monsieur Kïska sont réputées pour être les plus généreuses, c'est pour ça que c'est toujours un honneur d'être invité ça veut dire qu'on est extrêmement riche, exprime Victor qui regarde sa femme comme pour attendre d'elle, un geste d'admiration. Mais face à son ignorance, il reprend.
— Dans quoi travaillez vous monsieur Debré ?

Ayant bien réparé sa couverture, Julien répond instantanément.

—Je suis le vice-président d'une entreprise spécialisée en sécurité informatique. J'équipe les entreprises d'anti-virus puissants pour éviter que leur système soit infecté et garantir la confidentialité de leurs informations.

Céleste, avec sa multitude bracelets en or et d'un air excédé, saisit Louisa par le bras.

—Laissons les parler boulot entre hommes. Allons prendre un verre à l'intérieur, les gens ici me déprime.
—Je te suit, répond Louisa courtoisement.

Avant de partir, elle embrasse délicatement Julien sur la joue et le regarde intensément comme pour lui ordonner de surtout suivre le plan et de faire au plus vite pour la rejoindre.
Comme si leur baiser au fond des égouts de Paris leur avait donné un pouvoir télépathique, Julien comprend.

—Ravi de vous avoir rencontrer Victor, dit-elle avant de rejoindre Céleste.