À LA TÊTE DU CARTEL

Madame Cactus

—Pardon, je me suis permise d'entrer mais nous sommes très pressés, dit Hélène d'une voix douce et mielleuse.

Après avoir écouté les cris dans l'appartement, l'impatience d'Hélène a grandit et elle a subitement décidé de prendre les choses en mains. Louisa se demande bien ce qu'elle peut raconter pour expliquer cette intrusion inattendue.

—Oui mais vous êtes qui ? redemande Jules.
—Je suis la nouvelle patronne de Louisa, madame Cactus.
—Madame Cactus ..? répète Jules en rigolant.
—Exactement.
—Oui maman, je voulais t'expliquer, c'est le nouveau travail que j'ai trouvé, intervient Louisa avec une certaine hésitation.
—Oui je suis journaliste mode et j'ai besoin de quelqu'un pour surveiller mon appartement durant mes voyages à l'étranger.
—Attendez quoi ? Depuis quand t'aime la mode ? demande la mère de Louisa en la regardant de haut en bas.
—Ça fait toujours plaisir maman ... Oui j'ai trouvé ce nouveau job d'assistante et il faudrait que vous alliez vivre dans l'appartement de madame Cactus, dit Louisa en fusillant du regard Hélène pour lui faire remarquer la stupidité du nom choisi.
—Oui et on doit partir maintenant, rétorque Hélène. Prenez quelques affaires et l'un de mes assistants vous amènera chez moi.
—Quoi tout de suite ?! Mais je dois allez travailler demain, rétorque la mère.
—Oui et moi j'ai cours ! ajoute Jules.
—Je laisserai un chauffeur pour vos déplacements, ne vous inquiétez pas. Allez chercher vos affaires je suis vraiment pressé.
—Mais non ! Je veux rester chez moi, intervient la mère de Louisa, un peu excédée par l'intrusion de cette femme.

Hélène se contient pour ne pas montrer son agacement grandissant et s'avance doucement vers la mère de Louisa, comme pour s'imposer, le regard plongé dans le sien.

—Madame, je donne le privilège à votre fille de travailler avec moi. Une opportunité qu'elle n'aura qu'une seule fois dans sa vie. Votre seule mission à vous, est de loger dans un appartement luxueux au cœur de Paris, il y a pire non ? Vous voulez vraiment empêcher votre fille de profiter d'une telle opportunité ?

La mère de Louisa, un peu surprise d'être mise en porte-à-faux ne veut pas passer pour la méchante.

—Bon ... allons y, dit-elle gênée.

Hélène sourit.
Toute la famille quitte le salon pour aller préparer un sac de vêtement. La mère de Louisa commence à s'agiter dans toutes les pièces de l'appartement, sans réellement savoir quoi chercher. Louisa va dans sa chambre suivit de Hélène qui referme la porte derrière elle.

—Madame cactus sérieusement ?!
—Écoute ça a fonctionné non ! Ça passe, c'est très mexicain comme nom. Allez prépare tes affaires !
—C'est limite raciste ça, rétorque Louisa qui commence à soulever des tas de vêtements.

Elle se hâte de récupérer son ordinateur, son chargeur de téléphone ainsi qu'une photo de son père délicatement rangée dans le tiroir de sa table de nuit.

—« Psychologie de l'inconscient », glisse Hélène en lisant furtivement les bouquins posés sur le bureau.
—Oui je suis étudiante en psy.
—Et bhé, tu dois pas être la rigolote de tes copines toi !
—Oh ferme là Hélène !

Après quelques minutes, tout le monde se retrouve dans le couloir et la mère de Louisa ferme la porte du petit appartement.
En bas de l'immeuble, deux voitures noires attendent patiemment.

—Bon ... bisous maman, dit Louisa en la prenant dans ses bras.

Pendant quelque secondes, Louisa profite de cet instant, elle ne veut pas que ce soit des adieux mais cette soirée lui a appris que le danger est désormais partout.

—Bisous ma chérie, appelle moi demain.
—C'est d'accord.

Louisa se retourne et enlace son frère en lui marmonnant quelques mots dans l'oreille.

—Je sais que tu trouves ça bizarre, je t'expliquerai ... Et sois cool avec maman.
—Pas de soucis, tiens moi au courant.

Louisa et Hélène attendent que leur 4x4 démarre.

—Ça va bien se passer, dit Hélène en tapotant l'épaule de Louisa.
—Oh ferme là Hélène.

Cette dernière rigole doucement et suit Louisa qui entre dans l'autre véhicule où attendait patiemment, André.

—Direction Orly, ordonne-t-il au chauffeur.