À LA TÊTE DU CARTEL

L'obscurité survient

*L'attaque a eu lieu à 10h37, heure locale. Deux victimes sont à déplorer dont nous ne connaissons toujours pas l'identité. Il n'y a pour l'instant aucune revendication...*

Louisa pénètre enfin dans le petit appartement familial. Elle referme précipitamment la porte et se retourne subitement pour fermer le verrou. Sa mère, assise devant une chaîne d'informations en continue se lève instantanément.

—Ma chérie !! hurle-t-elle en attrapant la jeune femme dans ses bras.

Louisa reste stoïque et se laisse saisir par sa mère.

—Je vais bien maman... t'inquiète pas.
—T'es sûr ? L'attaque s'est déroulée devant ton restaurant ! T'as besoin de quelque chose ? Tu veux manger un bout?
—Non non maman ça va, je vais allez me reposer, dit Louisa en s'extirpant de l'emprise de sa mère.
—Si t'as besoin, je suis là ma chérie ...

Une fois dans sa chambre, Louisa jette son sac sur le bureau et s'allonge sur son lit.
Exténuée, immobile à fixer le plafond, elle repense à monsieur Ricci. C'est si injuste, si rapide, si brutal. La voiture l'a fauché sans qu'elle puisse faire quoique ce soit. Les images perturbantes de son corps gisant au sol tournent en boucle dans son esprit et Louisa attrape la clé pour commencer à l'observer. Assez petite, elle était de couleur argentée et portait l'inscription « ALLOS ».
Louisa ignore pourquoi, mais elle ressent quelque chose de particulier en la tenant entre ses mains, peut-être comme le dernier souvenir funeste de monsieur de Ricci.
Des coups retentissent à sa porte. Sa main se referme instinctivement autour de la clé.

—Ma chérie ..? Ça va ?
—Oui maman ! Ça va !
—T'es sur que tu veux rien à manger ?

Agacée de ne pas pouvoir être seule, Louisa se lève et ouvre brusquement la porte.

—Non maman ! Je veux juste être seule !
—T'es sûr ? Tu veux pas en parler ..?

Excédée par les questions incessantes de sa mère, Louisa part récupérer son sac à dos, attrape ses chaussures et se précipite vers la porte d'entrée. C'est l'une des solutions pour éviter une engueulade avec sa mère, prendre la fuite au lieu de choisir la confrontation et dire certaines choses qu'elle regretterait aussitôt.

—Mais ou tu vas ?! demande sa mère en la suivant dans le couloir.
—Je vais acheter des clopes et prendre l'air.

Louisa claque la porte et descend rapidement les escaliers. Une fois à l'extérieur, elle prend une grande bouffée d'air frais. Sa mère, de part son caractère protectrice a tendance à être très oppressante par moment alors que Louisa apprécie énormément la solitude.
Enfin seule, elle décide de rejoindre la rue principale de son quartier en coupant par un square à l'apparence délabré situé au bout de sa rue. Les enfants qui jouent et les feuilles virevoltantes au sol contrastent avec l'horreur de cette matinée et l'aspect lugubre de ce petit parc.
Arrivé à l'angle de la rue, Louisa aperçoit du coin de l'œil un homme emboîter le pas derrière elle.

Instantanément, l'obscurité survient.
Un homme enfile un sac sur sa tête tandis qu'un autre individu lui assène un violent coup de bâton derrière les genoux. L'intensité de la frappe force Louisa à plier les jambes et se mettre au sol. Elle sent le sac se resserrer autour de sa gorge l'empêchant ainsi de crier. Ses yeux se gonflent de sang. Sa respiration faibli.
Louisa panique, se débat avec vigueur, et de toutes ses forces elle tente de se relever. Mais les deux hommes, plus forts, lui appuient sur les épaules. La scène dure quelque secondes et Louisa voudrait hurler à s'arracher les cordes vocales mais n'émet le moindre son. Son impuissance face à ces hommes lui glace le sang.

Elle entend brièvement un véhicule se garer sur le côté lorsqu'un homme la saisit brusquement par les bras. Elle est projetée à l'intérieur tel un vulgaire animal et les portes se referment dans l'instantanée.
Louisa, sonnée, prend conscience qu'elle vient de se faire kidnapper.