Le clapotis de leurs bottes dans l'immondice ruisselant au sol, résonne dans le lugubre tunnel.
Depuis une vingtaine de minutes, Julien et Louisa avancent à rythme constant pour rejoindre le canal 138.
Elle suit de près Julien et s'oriente difficilement grâce à sa petite lumière présente sur son front. L'obscurité, l'étroitesse du tunnel et les quelques rats courant le long de la paroi font frémir Louisa à chacun de leur passage. Au fur et à mesure du chemin, sa respiration accélère, elle se sent étouffer, et sa tendance à la claustrophobie commence à pointer le bout de son nez.Quelques rares filets de lumières, projetés par les phares des voitures, transpercent par moment les grilles métalliques des bouches d'évacuation présentes en bordure de trottoirs. Lorsque les faisceaux éclairent Louisa et Julien, leurs ombres dansent sur la paroi opposée et par moment, quelques rats se mettent à courir comme pour échapper à des rayons tueurs.
Julien, GPS en main, continue d'avancer prudemment et veille à ne louper l'embranchement menant au canal 138 qui leur permettra de rejoindre les jardins du manoir Perdgrain.—AAH ! C'était quoi ?! hurle Louisa en s'agitant dans tous les sens.
Julien sursaute et éclaire la jeune femme en train de se débattre dans le vide.
—Louisa shhhut ! Courage, on y est bientôt !
—Alors bouge ! Je commence à flipper ici !
—Estime toi heureuse que ces égouts existent sinon on aurait dû passer par les catacombes de Paris et là je te confirme, c'est très flippant, dit Julien en reprenant la marche.
—Les catacombes ?
—Oui le manoir Perdgrain, du fait de son ancienneté est raccordé au réseau mortuaire mais le manque d'informations sur les travaux accomplis m'empêchaient de savoir si le passage était toujours d'actualité.
—Donc on finit dans le caca..., marmonne Louisa qui accomplit de grandes enjambées dans l'immonde liquide puant.
—Oui, on est sûr d'arriver à destination et de ne pas escalader des crânes humains !
—On en a de la chance ...Le GPS de Julien émet soudainement un Bip lorsque ce dernier s'arrête instantanément. Sur le gauche s'ouvre un autre tunnel paraissant lui aussi, sans fin. Une inscription sur une plaque métallique trône au dessus de l'ouverture : « 138 ».
—C'est par là, précise-t-il en s'engageant.
Pendant une bonne dizaine de minute, les deux équipiers continuent leur marche et finissent par tomber sur une échelle.
En bas, Julien éclaire la montée métallique qui se hisse sur plusieurs mètres de hauteurs.—Il faut monter ? demande Louisa anxieuse.
—Oui et une fois en haut, on débouchera directement dans les jardins.Les deux tressautent lorsque dans leur oreillette un son retentit.
—*pssshst* vous me re..cevez ?
—Hélène on te reçoit ! répond vigoureusement Julien.
—Parfait ! Je viens d'arriver à la tanière, je vais démarrer le logiciel de piratage. Vous en *shht* êtes ou ?
—On vient de remonter le canal 138 et on est arrivé à l'échelle des jardins. On va monter la !
—Reçu, dîtes moi lorsque vous êtes prêts !Avant de monter, Julien se retourne et pose ses deux mains tatouées sur les épaules de Louisa. Il plonge son regard dans le sien.
—Le plus dur commence maintenant Louisa. On va y arriver, tout les deux, dit-il avec détermination.
En cet instant précis, Louisa comprend qu'elle peut lui confier sa vie. Le même objectif qui les animent, celui de sauver André et surtout l'envie de vivre force les deux équipiers à s'accorder une confiance totale.
Pendant un moment de flottement, son regard se perd dans les yeux ténébreux de Julien qui se met à lui sourire tendrement.—Tout les deux! dit-elle aussi avec détermination.
Julien, épaté par son courage et sans doute booster par l'adrénaline, s'avance vers la jeune femme et colle ses lèvres contre les siennes.
Au fond des égouts de Paris, dans l'humidité et la puanteur, Julien et Louisa s'embrassent passionnément pendant de longues secondes. Les mouvements de leur visage collés langoureusement font danser les faisceaux de lumière émanant de leur lampes frontales respectives. Durant ce court instant et malgré le lugubre endroit dans lequel ils se trouvent, Louisa ressent étrangement un sentiment de sécurité.
Julien finit par la prendre dans ses bras et viens lui coller la tête contre son torse.
Pendant quelques secondes perdues dans le temps, ils restent immobiles à se serrer en silence.—Allez on y va... dit-il doucement.
Ils réajustent correctement leur sac à dos et commencent leur ascension.
Pendant une bonne minute, les deux équipiers montent sans arrêter alors que sous leur pied, l'obscurité obstrue une hauteur de plus en plus importante.—On éteint nos lampes maintenant, il faut que personne nous voit sortir.
Barre après barre et dans le noir total, Julien arrive enfin à la bouche d'ouverture qu'il se met à pousser d'une main.
Trop lourde, et surtout coller par la crasse et la terre, il n'arrive pas à soulever la plaque métallique pour permettre leur sortie.—Louisa il faut que tu viennes m'aider.. ! dit-il en faisant une dernière tentative, en vain.
—Euh ... ok, répond-elle pas vraiment rassurée.Julien se décale légèrement sur la gauche de l'échelle et lui laisse une petite place pour atteindre la plaque d'égout.
—À trois, on pousse, dit Julien qui pose sa main sur la plaque. Un .. deux ... trois !
Les deux équipiers se mettent à pousser ensemble, à l'aveugle. Louisa met toutes ses forces dans la bataille lorsque subitement la plaque d'égout sort de son axe.
—Putain !
Elle se retrouve brutalement déséquilibrée par l'ouverture soudaine de la bouche et manque de chuter de l'échelle. Dans un mouvement de reflex, Julien la stabilise en l'attrapant par la hanche et lui recolle le corps contre l'échelle afin de lui permettre de retrouver son équilibre.
—Tout va bien t'inquiète ! s'exclame-t-il.
D'une seule main, Julien fait glisser la lourde plaque métallique sur la surface et créé une ouverture suffisante pour leur sortie.
—Vas y Louisa ! Monte !
Rapidement, la jeune femme se hisse à l'extérieur et aide Julien à sortir des profondeurs puantes.
Une fois extirpés des ténèbres et désormais au fond des jardins, ils restent allongés au sol pendant un petit instant et analyse la situation pour être sûr de ne pas avoir été repéré.Au loin, ils aperçoivent le manoir Perdgrain élégamment illuminé.
Le rire des invités déjà présents sur la terrasse extérieure et la douce musique de l'orchestre symphonique leur reviennent en écho. Cachés derrières des haies, ils commence à se dévêtir et finissent en sous-vêtements dans une température glaciale. Louisa ouvre son sac à dos et sort sa robe de soirée pailletée tandis que Julien commence à se vêtir d'un élégant costard.
Elle se glisse dans l'élégant tissu moulant et veille à ce que le large décolleté dans le dos soit correctement positionné. En remplacement des bottes de jardinage, Louisa enfile des petits escarpins noirs et Julien des souliers soigneusement lustré.
À la vue de ses chaussures qui ne correspondent pas vraiment à sa personnalité, Louisa ne peut s'empêcher de faire une remarque.—Et bhé, MONSIEUR ! dit-elle avec un grand sourire.
—Figure toi que je sais m'habiller ! répond-il sarcastiquement.
—Au moins toi, t'es pas obligé de porter des bandes pare-balles qui t'aplatissent les seins !
—J'en porte et pour moi aussi c'est pas très agréable !Il ne peut s'empêcher de regarder la jeune femme élégamment vêtue. Sa longue robe fendue sur la gauche, laissant entrevoir sa fine jambe agrémenté d'un petit escarpin lui donne un air de femme fatale. Son aspect de gamine timide de vingt ans s'efface totalement sous cet aspect.
Louisa repositionne son chignon et enfile les boucles d'oreilles de sa mère, son « gri-gri » pour lui porter chance. Ils cachent précautionneusement leur affaire à l'intérieur de buissons afin que personne ne puissent remarquer leur intrusion et commence à se diriger vers le manoir.
Louisa attrape la main de Julien.
À chaque pas l'approchant du manoir, sa main se ressert de plus en plus en fort.
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À LA TÊTE DU CARTEL
ActionLouisa, vingt ans, est propulsée au sommet du trafic de drogue le plus important d'Europe. Cet étrange héritage légué par monsieur Ricci, une connaissance, changera à jamais son destin. Plongée dans le monde dangereux des cartels de la drogue, Loui...