À LA TÊTE DU CARTEL

Parano

Les escaliers sont dissimulés à l'arrière du bâtiment. D'un aspect vétuste, le lugubre immeuble se trouve dans une campagne sordide non-loin de Paris, proche d'une sortie d'autoroute.
Louise, loin d'être rassurée, avance difficilement entre les herbes hautes. 

—Mais tu m'emmènes où là ? s'exclame-t-elle en chevauchant des ronces piquantes.
—Oui désolé, Julien est un peu... parano.

Devant la porte métallique, André frappe deux coups puis fixe quelques secondes une caméra située sur le haut de l'immeuble. Louisa n'avait même pas remarqué qu'elle était filmée.
Une forte sonnette retentit tandis que la porte se déverrouille aussitôt.

—Très parano, rajoute André en poussant la l'ouverture.
—Je vois ça oui. J'ai l'impression d'être dans un film !
—Sous certains aspects, les films reflètent bien la réalité.

Ils débouchent dans un petit hall d'entrée complètement vide et commencent à traverser plusieurs pièces, elles aussi désertées par le mobilier.

—En général, les gens qui habitent dans ce genre d'endroit sont complètement taré ou toxicomane, ajoute Louisa. J'espère que c'est pas le cas.
—Ah non Julien est pas taré, il est... spécial. Mais c'est le meilleur dans son domaine, il fait du bon boulot.

Arrivé devant une porte ornementée d'une grande affiche de loup, André frappe à nouveau deux coups. Cette forteresse intrigue énormément Louisa.
Des verrous s'actionnent et un homme ouvre la porte.

Louisa est surprise par son apparence.
Elle s'attendait à voir un homme âgé, gris et fatigué par l'enfermement. Il n'en est rien. Relativement jeune d'une trentaine d'année, ses cheveux bruns et ses yeux clairs lui donnaient un air ténébreux mais élégant. Son bras gauche est entièrement recouvert de tatouages représentant des montagnes enneigées, où trône trois loups à leur sommet.
Il paraissait néanmoins froid et pas vraiment sociable.

—Alors c'est elle, dit le jeune homme en fixant Louisa de son regard perçant.