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Après notre déjeuner haut en émotion, la journée s'écoule plus vite que prévu. J'ai à peine le temps de me plaindre des cours qu'ils prennent fin. Je dépose mes affaires dans mon casier quand j'aperçois une silhouette familière à mes côtés. Du coin de l'œil, je devine les boucles blondes de Maddie. Je me tourne vers elle, armé d'une expression moqueuse. Finalement, elle est bel et bien venue au lycée.

— Alors, tu t'es rappelé qu'il y avait cours ?

L'hématome sur sa pommette a pris de l'ampleur forçant son œil gauche à légèrement se fermer. Néanmoins, Maddie ne le cache pas et porte ses cheveux relevés. La fatigue se devine facilement, à ses cernes, à son teint pâle, à son air vide. Un instant, cette vue manque de me faire perdre mon sourire. Je me souviens de sa vie et de la situation dans laquelle elle était hier soir. Mais, je ne laisse pas la peine me démoraliser.

Comme Lovegood n'a toujours pas répondu, c'est plus fort que moi, j'enchaîne :

— Tu devrais peut-être pas pas travailler aujourd'hui.

— Mmh, si. Si, réaffirme-t-elle plus convaincue. Ça me fera le plus grand bien.

— Ça doit être cool alors ton boulot si tu préfères être là-bas plutôt que chez toi, ironisé-je.

Elle hausse les sourcils. Simplement. Et je suis censé m'en contenter. J'entame notre marche dans le couloir, en direction de la sortie et de la libération.

— Tu voulais me dire quelque chose ?

— Non pas particulièrement. Pourquoi ?

— Waw, m'écrié-je en m'arrêtant au milieu du couloir.

Un large sourire fend mes lèvres qui s'agitent plus vite que mes pensées. La seconde d'après, je me surprends à crier à qui veut l'entendre :

— Écoutez-ça ! Lovegood Field-Curtis me fuit plus au lycée. Elle me parle, regardez, elle est là ! Elle ose me parler !

— Chut, Nills, m'invective-t-elle. Tais-toi, veux-tu ?

Mon hilarité redouble d'intensité quand elle me menace d'abord de son poing levé et puis l'abat contre mon épaule sans aucune force.

— Tu m'horripiles, crache-t-elle en reprenant son chemin, la tête baissée.

Je lui emboite le pas me moquant des regards jugeurs autour de nous. L'attention des autres ne me gêne pas, elle m'amuse au contraire. Je ne redoute pas de paraître « ridicule » parce que ce mot ne signifie rien. Si les autres ne savent pas s'amuser, je ne veux pas m'en priver.

— Tu me fais regretter d'être venue te saluer ! m'apprend ma victime. Et, je vais te répéter combien de fois de ne pas m'appeler par cet horrible surnom ?

— Je ne sais pas. Continue de compter et tu me diras combien ça fait au total, ris-je.

— Idiot, m'attaque une autre personne dans mon dos.

Pour continuer dans mon rôle pénible, je me penche vers la blonde avec le plus grand sérieux du monde.

— C'est pas vrai... T'es ventriloque ! Tout le monde doit savoir...

Je prends une grande inspiration, prêt à gueuler la nouvelle, au moment où une main se pose sur ma bouche. Sans hésiter, je donne un coup de langue aux doigts qui m'oppressent. Le cri de Nora est immédiat. Elle tient sa main droite en l'air, les yeux emplis d'effroi.

— T'es dégueulasse ! fustigue-t-elle.

— C'est moi qui devrais dire ça, je sais même pas où ta main a traîné pour la dernière fois.

On My WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant