- 31 -

340 41 31
                                    


« Lovegood, ça y est je vous manque ?! » lancé-je joyeux.

L'après-midi touche à sa fin. J'observe depuis plus de deux heures des enfants faire leurs premiers pas sur une patinoire extérieure de Portland, au milieu d'autres plus expérimentés. C'est un sacré spectacle et ça m'a permis de me replonger en enfance. Le souffle de Maddie résonne bruyamment à l'autre bout de mon téléphone. Pris par l'inquiète, je me relève et me dirige déjà vers la voiture quand elle me dit à demi-voix :

« Nills, il f-faut que... que t-tu vien-nes nous chercher ! F-fais au plus... plus vite, je t'en s-supplie. »

Il me faut un peu moins d'une minute pour atteindre ma voiture, attacher ma ceinture et démarrer en trombe après l'appel de Lovegood. Je n'ai pas attendu d'en savoir plus avant de raccrocher, je me suis contenté d'obéir : aller les chercher. Je me surprends à râler contre les conduites frénétiques des habitants portlandais, à l'instar d'un vieux aigri, et évite de peu plusieurs incidents. Peut-être que c'est moi qui conduis dangereusement sous la panique... Je préfère ne pas m'en soucier. Ma vitesse me permet de gagner quelques minutes sur le trajet tout tracé par le GPS.

Je me gare à la va vite, près du trottoir qui fait face à l'association. Devant les portes de l'immeuble, mon amie est assise à même le sol ; ses frères se trouvent d'une part et d'autre d'elle. Elle les tient avec force, soit pour les protéger des bourrasques de vent, soit pour s'assurer de leur présence. Juste derrière eux, une femme habillée en tailleur gris garde ses bras croisés sur sa poitrine et un air sévère. Pourquoi la voix de Maddie était si alarmante ? Ça semblait urgent de venir les chercher alors la situation ne m'inspire pas confiance. Je baisse ma vitre du côté passage rapidement afin de les appeler pile à l'instant où une voiture imposante se gare à deux pas de l'association. Ça sent très mauvais.

Je quitte et contourne mon véhicule à toute vitesse. À cause de l'adrénaline, aucun mot ne me vient alors je fais le premier truc qui me passe par la tête : je siffle. Ce qui fonctionne puisque les trois têtes blondes se redressent dans ma direction. Kaeson est le premier à être sur ses pieds et de loin, je vois Maddie lui ordonner quelque chose alors qu'elle aide Warren à se relever. Le cadet se met à courir dans ma direction traversant la rue d'une traite. Je m'attends à entendre ses explications mais il ne s'arrête pas à mon niveau. Il me s'enferme plutôt dans la voiture. Des cris s'élèvent de l'autre côté de la rue.

Un homme et une femme, accompagnés de la dame en tailleur, font face à mon amie essayant de négocier quelque chose si j'en juge leurs expressions faciales. Mais, elle les empêche d'approcher de son petit frère, le cachant de son corps. C'est sans compter, l'homme qui la contourne pour s'emparer sans mal de Warren. Il l'entraîne ensuite vers la voiture sous le jugement approbateur des deux femmes et les cris de la fratrie. Une exclamation m'échappe également. Je ne réfléchis déjà plus quand je me dirige vers eux.

— Qu'est-ce que vous foutez ? hurlé-je. Lâchez-le !

Je m'apprête à rejoindre Maddie, dévastée, quand la portière coupe court aux appels de Warren. L'homme chauve se présente alors à quelques centimètres de moi. Ses mains calleuses se posent contre mon torse juste le temps de cinq secondes parce que je les dégage aussitôt.

— Me touchez pas ! Où est-ce que vous emmenez le petit ? grogné-je.

— Monsieur, reculez s'il vous plait, se contente-t-il d'asséner.

La nervosité m'a gagné plus vite que je ne l'envisageais. À présent, il est trop tard pour me calmer. Ma respiration me brûle les poumons à chaque passage tant elle est effrénée. Toutefois, je fais de mon mieux pour ne pas laisser mes émotions déborder parce que la moindre conséquence se répercutera sur la situation familiale de Maddie. Je me permets au moins d'insister :

On My WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant