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 — On ferait mieux de dormir si on veut partir tôt, dis-je épuisé.

À la porte de la chambre, Maddie acquiesce. L'idée de l'emmener avec moi m'a semblé cohérente, presque naturelle. Mais, assis sur le lit de Kaeson, les yeux posés sur les deux photos posées négligemment sur sa table de nuit, je me demande si c'est la meilleure décision à prendre. Je pars parce que rien, ni personne, ne me retient tandis qu'elle part parce que des liens la retiennent prisonnière. Ça ne va jamais sans conséquences. Le doute s'insinue en mois à mesure que les minutes passent.

Ma voix la retient tout juste au moment où elle s'apprête à fermer la porte.

— Maddie, attends...

Sa tête blonde, décoiffée, dépasse du pan de bois de manière amusante mais je me retiens de sourire.

— Qu'est-ce qui te pousse à partir ? quémandé-je.

Sa lèvre inférieure se coince sous sa lèvre supérieure trahissant l'état de stress qui l'assaille tout à coup. Son regard circule dans la petite chambre, le long des murs vert pâle, peut-être à la recherche d'une bonne réponse. Mais, je vois qu'il s'arme peu à peu d'un voile de larmes alors que sa bouche se met à trembler.

— Ah, ça y est, c'est à ton tour de pleurer ? lancé-je pour détendre l'atmosphère.

Ce qui fonctionne puisque Lovegood lâche un rire en même temps que ses premières larmes.

— Tu te souviens, j'ai effectué une demande d'émancipation auprès du juge des enfants ?! débute-t-elle tout de même.

— Ouais, j'me souviens ! T'as déjà eu la date d'audience ?

Elle hoche la tête puis revient s'asseoir à mes côtés. Comme ça, sans hésiter. Les manches retroussées sur ses mains, elle efface les traces visibles de son malheur. Si seulement ça suffisait à effacer sa tristesse toute entière.

— C'était ce matin, souffle-t-elle du bout des lèvres. Ce n'est que la première audience mais le juge a statué sur un avis défavorable.

— Quoi ? Pourquoi ça ?

— Selon lui, mes raisons ne sont pas assez bonnes. Et, ça lui paraissait être plus du sacrifice qu'un réel bénéfice... Pourquoi c'est tout le temps aux autres de décider pour moi ? Pour ma famille ? crache-t-elle des trémolos dans la voix.

— Parce qu'on est entourés d'adultes valides qui pensent savoir ce qui est le mieux pour nous, me révolté-je. Et souvent, ces gens ont du pouvoir. Ça ne veut pas dire qu'on doit les laisser faire !

Doucement, elle approuve mes propos de mouvements de tête. Je passe une main dans son dos alors que ma tête se pose contre la sienne. Je me sens de nouveau triste mais ce n'est pas vis-à-vis de moi dorénavant mais de la situation de mon amie.

— Ça va aller, Lovegood, je le promets, chuchoté-je.

— Je suis vraiment navrée, Nills, murmure-t-elle aussi.

— Je t'ai déjà dit qu'on s'excusait pas de pleurer...

— Non, pour avoir envoyé un message à ta copine et pour t'avoir ensuite accusé d'avoir voulu te venger auprès de Riley. J'étais en tort depuis le début.

Elle met fin à notre proximité pour se lever et s'éloigner de nouveau vers la porte, signant la fin imminente de notre conversation. Le message est clair, elle ne veut pas s'attarder sur le sujet. Pourtant, elle prend soin de préciser :

— Puis, merci d'avoir pris ma défense, sourit-elle la tête tournée à mon opposé.

— C'est rien, Maddie. Si tu veux tout savoir, c'était ma gueule de con que je voyais sur Riley quand je l'ai tapé parce que je m'en voulais pour pas mal de choses, confié-je. Surtout pour t'avoir mal parlé. J'suis désolé pour ça...

On My WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant