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Mon souffle est court mais je puise dans mes dernières forces. Je répartis mon poids sur ma jambe gauche, contourne le plot au sol, puis recentre mon appui pour faire pivoter mes patins et reculer à toute vitesse jusqu'à la ligne de but. Je l'atteins avant mon ennemi du moment. Derek se situe à plusieurs mètres de l'autre côté de la cage, effectuant le même exercice. Je me doute que l'ordre de passage n'est pas une erreur ; la coach aime nous mettre en compétition et observer ce que l'on en tire. 

La semaine dernière, j'aurais pu me battre avec lui toutefois aujourd'hui je focalise mon énergie sur moi, rien que moi. Ça ne m'empêche pas de ricaner en voyant Derek incertain dans son patinage arrière. Si bien que le coup de sifflet de Martel le prend par surprise et il manque de tomber pendant plusieurs secondes. Un sourire moqueur pendu aux lèvres, je rejoins la file de mecs près du bord.

— Heureusement qu'il est pas remplaçant en défense ! se moque Everett.

— Heureusement pour qui ? surenchéris-je.

Son rire rauque est étouffé par le sifflet strident qui marque la fin de l'entraînement. Mes muscles tendus me promettent de belles courbatures demain, j'adore cette sensation. Mon corps est vidé mais, ma tête encore pleine. Remplie de part et d'autre de Kaya. Son image ne me quitte plus depuis plusieurs jours. Depuis qu'elle a déposé ses lèvres contre ma joue et que je rêve de les sentir sur mes propres lèvres. J'écoute à moitié les mots de Martel et me contente de suivre les gars quand ils quittent la glace.

Dans les vestiaires, je suis le premier sous la douche et m'habille ensuite le plus vite possible. Je n'ai qu'un objectif : rejoindre Kaya dehors. J'ai encore les cheveux mouillés quand j'enfile ma veste, prends mes affaires et me dirige vers la porte.

Clouds, t'as une envie pressante ou quoi ? m'attaque notre gardien, encore occupé à détacher ses protections.

Payton est constamment le dernier à rejoindre la patinoire et le dernier à quitter les vestiaires tant il est lent. Les mecs s'amusent souvent à dire qu'il a élu domicile ici.

— T'inquiètes, c'est déjà fait ! dis-je en pointant les douches. Je t'ai laissé un cadeau.

Je me marre en même temps que d'autres face à son air dégoûté. Ce mec est trop crédule pour mes blagues. Une main se pose brutalement sur mon épaule pour attirer mon attention. Je découvre un Maximilian nu et mouillé de la tête au pieds, devant moi. Son défaut à lui est son goût pour l'exhibition corporelle. Tous les mecs de l'équipe ont leur propre bizarrerie !

— Tu viens samedi ? me quémande-t-il.

— Demandé comme ça, à poil, je sais pas trop dans quoi je m'engage et si je devrais accepter, ricané-je.

Il enfile un caleçon ponctué d'un « Voilà » dans un français approximatif. Maintenant, il a l'air tout droit sorti d'un fantasme de quinquagénaire cougar. Ses boucles châtaines laissent tomber quelques gouttes d'eau sur ses épaules carrées et ses abdominaux tracés. Ça ne fait aucun doute, il a toutes les raisons d'aimer son corps athlétique et de vouloir le partager au monde entier.

— C'est déjà mieux, sifflé-je. J'respirais plus avec ton truc sous mes yeux, là.

— Nills, samedi, me recadre-t-il.

— Ah oui, c'est vrai. Y'a quoi samedi ? Une énième soirée chez Adam ?

Il s'esclaffe parce que j'ai certainement vu juste mais ajoute quand même :

— Avant ça, on s'fait un street hockey contre les filles.

— Comptez sur moi, tu m'enverras les infos.

On My WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant