On My Way

- 41.2 -

Note : Le passage démarre au 25 décembre. Avant les appels manqués.

POINT DE VUE MADDIE

Je n'aurais pas pu rêver de meilleures fêtes de Noël. Le soir du réveillon, ma grand-mère a accepté de venir dîner chez nous et a aidé mon père à révéler ses talents culinaires que l'on ne connaissait pas, mes frères et moi. Ou que l'on avait oublié avec les années. Pendant ce temps, maman a pu en profiter pour décorer le salon comme elle l'a toujours voulu... Des boules et des guirlandes presque trop scintillantes.

Et moi, j'ai dû me forcer à lâcher prise. Kaeson et Warren me sollicitaient tant aux jeux de société que j'ai dû refréner mon envie de rejoindre la cuisine au moindre bruit de casserole ou d'aider ma mère, perchée très haut sur une échelle. J'avais tellement besoin que tout se passe au mieux... sans failles. Et j'ai réalisé que ça ne nécessitait pas forcément mon intervention. Mes parents se débrouillent bien. Peut-être j'en doutais aussi avant de le constater et de le vivre réellement.

Ce matin, les McRae sont venus chercher Warren qui a explosé de joie. J'ai perçu dans son regard l'invincible bonheur de retourner auprès d'eux, chez lui, pour les prochains jours. Comme si les derniers passés entre notre présence ne valaient tout à coup plus grand-chose. C'est ce que ma rancune et ma peine m'ont poussé à penser toutefois je les ai très vite balayées de mon esprit. Quoiqu'il advienne, je reste heureuse de savoir mon petit frère si bien entouré.

Rien n'enlèverait ma joie d'avoir partagé ces précieux moments avec ma famille au complet.

Je déballe une des boîtes de feutres pinceaux offertes par Jordan. Son cadeau était caché sous le canapé, je l'ai découvert ce midi en faisant le ménage. C'était une belle surprise. Kaeson ne s'est pas empêché de se moquer de moi lorsqu'il m'a vu pleurer « pour des feutres » mais je n'ai pas souhaité lui expliquer la réelle raison. Plus que des objets, ce sont le symbole du lien qui m'unit à mon éducateur. Et la preuve frappante qu'il y a parfois des personnes qui ont tout d'une famille. À cet instant, j'ai repensé à la présence de Jordan dans ma vie, depuis des années, et j'ai eu l'impression de comprendre un peu plus ce que pouvait ressentir Warren à l'égard des McRae.

Le vrombissement violent de mon téléphone contre le bois de mon bureau me prend au dépourvu. Je découvre un nouveau message de Leander qui répond enfin à mes vœux du matin. Lui a dû avoir une journée chargée avec sa famille tandis que la mienne était calme, presque lente. Il est 18 heures passés et je suis certaine que mes parents tomberont bientôt de fatigue me laissant seule avec un Kaeson surexcité. Je me penche sur mon écran de portable au moment où il vibre de nouveau à cause d'un autre message de mon ami :

« Libre ce soir ? Nills est tout seul, on en profite pour être avec lui quand il va vieillir. »

« Il a besoin de réconfort, c'est ton job. »

Inquiète, je fronce les sourcils en tapant le plus vite possible : « Réconfort, pourquoi donc ? ».

Leander ne tarde pas à me répondre.

« J'pensais que tu savais. Nashoba a fait un AVC. »

Un haut le cœur me remonte de l'estomac face à cette réalité terrifiante. Il n'y a pas d'âge pour les problèmes de santé cependant si jeune, cela sonne injuste. Sans doute comme un grand nombre d'entre nous, je pensais que son ami était à l'abri de ses soucis vasculaires. Je m'intéresse assez à ce que me réservent mon métier de psychomotricienne pour savoir les risques d'un AVC. Dans de rares cas, le décès ; parfois, rien mais le plus souvent, des handicaps moteurs ou psychiques. On sait aujourd'hui que les deux situations ont leur lot de difficultés.