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Si quelqu'un m'avait dit qu'un jour, je me lèverais tôt de mon propre gré, un samedi matin, je l'aurais récompensé de la meilleure blague du monde. Mais aujourd'hui, c'est loin d'en être une parce qu'à l'aube, Maddie et moi sommes montés dans un des premiers bus de la journée pour rendre visite à son père. Il vit à plusieurs kilomètres, plus au sud de l'Oregon, et je devine sans mal l'obstacle que cette distance représente pour leur relation. La grand-mère me parait encore plus cruelle de les séparer ainsi. 

Heureusement, nous n'avons aucune chance de la croiser car elle travaille tous les matins. Pourtant, mon stress est bien présent lorsqu'on descend à l'arrêt tant attendu. Il n'est que 9 heures du matin mais j'ai la sensation d'être éveillé depuis trop longtemps déjà. Ma nuit d'insomnie pèse lourd sur mon corps. Je n'ai pas pris mes médicaments depuis 3 - 4 jours et commencer en subir les drôles d'effets. Pourtant plein d'énergie, je ne suis que fatigue. Je m'efforce pourtant de ne pas le montrer.

— Tu ne l'as pas vu depuis combien de temps ? demandé-je alors qu'on commence notre marche dans le village.

— 4 mois. On a eu le droit à une semaine entière avec lui pendant l'été, c'était superbe, sourit-elle comblée de bons souvenirs. Tu vas voir, il est génial !

— Normal, toute ta famille est cool. Ça craint que vous soyez séparés.

— Et toi, où sont tes parents ? Tu n'as pas fêté avec eux ?

Je lui explique la situation alors qu'elle écoute attentivement et pose davantage de questions. Ma mère dormait à l'hôtel pour se préserver de nombreux aller-retours en voiture  et mon père enchaînait plusieurs heures la nuit parce que les urgences étaient submergées, il rentrait souvent dormir dans la journée. Alors, je ne les avais plus vus depuis mercredi et ne les verrai pas avant lundi.

— C'est pour ça que je restais chez Lieth, conclus-je.

— Je t'empêche de passer du temps avec lui. Je suis vraiment désolée, je peux...

— T'en fais pas, la coupé-je. En plus, ce soir on dort chez Zach, on fait un pré-friendsgiving.

Elle fronce les sourcils, prise de confusion jusqu'à ce que je lui partage notre tradition entre amis prévue le lendemain.

— Ça ne dérange pas que je sois présente ? Oh non, j'ai rien du tout comme cadeaux !

— Relax, Lovegood. Y'a une règle qui veut qu'à sa première participation, la personne n'a pas à offrir de cadeaux. On l'a inventée pour Elliane ! Ça s'est appliqué à Eliam, Leander...

— Mmh... Excuse-moi mais vous êtes combien dans le groupe ? grimace-t-elle apeurée.

Je me mets à compter sur mes doigts en ajoutant des personnes imaginaires seulement dans le but de voir ses yeux s'ouvrir un peu plus à chaque fois. Je m'arrête à 22, secoué par mes rires. Elle réalise alors la supercherie que je lui ai tendue et dans laquelle elle a plongé tout de suite.

— T'es pénible, Nills ! bougonne-t-elle. Je t'ai cru !

— Sérieusement, on est la moitié. Mais, Elliane ne sera pas là. Je te rassure, t'as rencontré les plus fous, ça ira.

Je me prive de lui parler du comportement électrique d'Eliam et de l'enthousiasme sauvage de Lou. Penser à leur présence me renvoie automatiquement à mon meilleur ami. Ces retrouvailles ne seront pas calmes, c'est certain. Sans évoquer celles des exs Mia - Ayden, ils ne pourront s'éviter comme ils le font la veille. Je me réjouis d'assister à ce spectacle grotesque.

On My WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant