- 17 -

439 51 21
                                    



— Vous pouvez vraiment pas la laisser tranquille, une seule seconde, observe Garrett.

Son regard à la fois moqueur et sidéré ne me quitte plus depuis que j'ai déposé Nora sur le sol de la cuisine. Je sais que par « vous », il entend tous les garçons du groupe mais moi avant tout. Harry nous jette aussi quelques coups d'œil, entre deux coups de fouet. Il n'y a que Maddie qui feint d'être absorbée par son transfert de pâte dans les moules. Ma meilleure amie profite d'avoir repris ses esprits pour me taper le torse avant de se réfugier dans les bras de son copain.

— Dis-moi quelque chose que je sais pas, répliqué-je.

— Je sais ! intervient Harry avec sarcasme. Tous les ans, on organise une journée spéciale amis qui consiste juste à être présent...

Je penche la tête sur le côté, une expression extravagante collée au visage. S'il se moque de moi encore longtemps, il va goûter à ma mauvaise humeur.

— Ah t'étais au courant ?! reprend-il avec un sourire plus grand. T'avais pas l'air, comme tu dormais encore y'a vingt minutes.

Sa blague conquit mes trois amis qui ne réfrènent pas leurs rires. Au bout de quelques secondes, je laisse également un sourire étirer mes lèvres. Celles d'une bouche asséchée. Je me sers un énorme verre d'eau et tends la main pour récupérer une madeleine de la première fournée tout juste cuite. Je n'ai pas le temps de sentir sa chaleur que la main blanche de Maddie vient claquer mes doigts.

— Interdit, m'explique-t-elle en voyant mes yeux écarquillés. On ne touche pas avant que tout soit prêt.

J'explose de rire puis me penche un peu au-dessus du plan de travail afin de me rapprocher d'elle. Plus confiant auprès d'elle que je ne le pensais.

— Maddie, je t'explique, c'est notre tradition. Je goûte tout le temps ce que prépare Harry !

— Ah, j-je...

— Ne l'écoute pas, il dit n'importe quoi, me trahit Nora toute sourire.

— Protège ces madeleines comme tes propres enfants ! confirme Harry.

Je leur lance un faux regard mauvais tandis qu'eux se gondolent de rire, amusés de m'interdire cette sucrerie. Je suis sur le point de bouder quand la tête de Zach dépasse du couloir pour rallier les troupes :

— On a réussi à mettre la musique sur les baffles ! Faut que vous veniez essayer ça.

Immédiatement, sans même rouspéter, les pâtissiers lâchent leurs ustensiles, se débarrassent de leur tablier et le suivent dans un unique mouvement. Y compris Nora qui n'oublie pas de se tourner vers moi pour me signaler silencieusement une chose que je suis censé comprendre. Mais, ce n'est pas le cas. Pas tout de suite.

C'est seulement en voyant Lovegood hésiter puis débuter son chemin que je me rappelle qu'elle est la première raison de ma venue dans cette pièce. J'attrape sa main de justesse ignorant la douleur qui se réveille dans mon poignet à cause de son mouvement. Ça ne compte plus tellement lorsque la blonde s'empresse de s'éloigner, nouant ses propres mains de gêne.

— Désolé, c'est...

Je me tais parce que les mots dans mon esprit ne sonnent plus si biens. Un souffle plus tard, je suis déjà plus calme.

— Je suis content que tu sois venue, dis-je sincèrement.

— Tu m'as menacée, me rappelle-t-elle un sourcil levé.

Un éclat de rire franc m'échappe avec force.

— Ne prends pas trop ce que je dis au sérieux.

On My WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant