Bonus (39.2) - Home Sweet Home

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Note : Ce passage commence vendredi, soit un jour avant le match de Nills.



POINT DE VUE MADDIE


Je jette un dernier coup d'œil à mon casier afin de vérifier une dernière fois que le cadenas est bien fermé. C'est plus fort que moi. Bien que j'essaye de me persuader qu'il n'y a rien à voler dedans hormis ma tenue de travail. Le voleur ne se réjouirait pas de gagner une casquette verte pomme et un polo du même ton. Mais, ça m'embêterait d'avoir à repayer cette horreur comme l'impose le contrat, en cas de perte.

En sortant du local étroit, je souris à la rousse qui me remplace dans la cabine du manège.

— Bon courage Stace, lui souhaité-je sincèrement.

Les heures du soir sont les pires car la fréquentation du centre commercial troque des gamins surexcités et des parents malpolis contre des groupes de jeunes arrogants. Le chiffre d'affaires est si faible en soirée que notre équipe, de cinq personnes, se demande pourquoi notre chef et propriétaire du manège persiste à vouloir le faire tourner. Heureusement, je n'ai eu à faire ce créneau qu'une seule fois en un an toutefois ça ne m'empêche pas de compatir pour mes collègues.

Je rallume mon téléphone en avançant sur le parking surpeuplé. Les voix des différents groupes d'adolescents se mêlent aux vrombissements de moteurs. C'est insupportable mais je prends sur moi-même pour attendre ici. Jordan doit avoir un peu de retard car je le retrouve habituellement à la première porte de sortie. Un message de sa part me le confirme. J'ouvre alors celui de Leander reçu une heure plus tôt : « Tu viens au match alors ? » suivi quelques minutes plus tard d'un autre : « N'oublie pas que je peux te loger » avec un émoji tête d'ange qui lui correspond à merveille. Je souffle lourdement, embêtée par la situation. Je ne voudrais pas causer de tort à mes parents d'une quelconque manière.

— Eh Riley, regarde, chuchote à moitié quelqu'un.

Le prénom m'oblige à relever la tête sur le groupe qui passe près de moi. Tout près de moi. Un frisson me longe la peau. Je croise le regard du brun avant qu'il m'ignore comme un roi. Ses amis échangent rires et messes basses sans aucun doute à mon propos tandis que mon ancien ami reste neutre et silencieux. Notre discussion en début de semaine semble presque payer : il me laisse tranquille et n'entre pas dans le jeu débile de ses amis.

Un klaxon essoufflé me fait sursauter. Une fois de plus, je me retourne vers le groupe, pensive, et me dirige vers la voiture de Jordan dont les feux m'éblouissent. Mercredi alors que je m'apprêtais à déjeuner avec mon père, qui a insisté pour venir tous les midis, Riley a tenu à me parler. Il s'est excusé et je ne l'ai pas cru en dépit de ses explications.

Il a essayé de me convaincre qu'il se forçait à devenir une bonne personne mais que tous ses efforts s'effaçaient en présence de ses amis. Alors quand je lui ai suggéré de s'éloigner d'eux, il a réfuté. D'après lui, le lycée est une énorme cage aux lions et notre survie dépend de notre capacité à sortir les griffes avant que les autres ne le fassent. Il ne pensait pas un mot de ce qu'il a pu dire dans mon dos. Mais, malgré la forte tentation, j'ai décidé de ne pas lui accorder de seconde chance.

Je l'aurais fait quelques mois plus tôt... Avant que je fréquente Leander, Nora, Nills et Ayden qui m'ont prouvé que certaines personnes n'ont pas besoin de se forcer ou de faire semblant pour être bonnes. Et que moi je méritais ce genre d'amis, surtout en ce moment.

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