On My Way

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J'allume ma cinquième cigarette ou peut-être bien ma sixième. Une chose est certaine, nous sommes ici depuis trop longtemps. Mon paquet de la semaine est presque terminée, Leander somnole déjà dans la voiture, et j'ai eu le temps de voir tous les recoins de ce parking pourri. À mes côtés, Ayden marche avec moi sans poser de questions ou sans se plaindre de sa hanche douloureuse qui le fait de nouveau boiter. Cela fait plus de deux heures que nous attendons le retour de Kaya, la seule à pouvoir nous donner des nouvelles de Nashoba.

J'ai pu patienter avec elle durant une petite heure jusqu'à l'arrivée de ses parents ou plutôt de sa famille nombreuse qui a envahi une partie de la salle d'attente à elle seule. Alors, les mecs de l'équipe et moi avons dû sortir. Certains sont partis, moi j'ai décidé de rester parce qu'il m'est impensable de m'en aller comme ça. Sans doute aussi parce que je m'en veux terriblement ; j'ai la sensation que ma place est ici, nulle part ailleurs. J'ai vu que Nashoba était étrange ces derniers temps, j'aurais dû lui poser la question, lui demander comment il allait. Mais, j'étais trop occupé par mes soucis personnels.

C'est en sortant sur le parking que j'ai eu la surprise de voir qu'Ayden et Leander n'étaient pas rentrés avec ma voiture, comme je leur avais pourtant demandé de le faire. Non, ils sont restés. Malgré la fatigue qui commençait à peser sur nous. Être aux urgences en pleine nuit n'est certainement pas la soirée que l'on convoite le plus mais avec les récents événements de nos vies, ça ne m'a pas paru si étrange. Comme si chaque année de notre vie de lycéen devait forcément être marquée d'un incident grave.

— Elle est là, m'indique tout à coup Ayden plus à l'affût que moi.

Effectivement, Kaya sort par la sortie secondaire. Elle a beau être à plusieurs mètres, je vois ses traits tirés de désarroi et ses yeux gonflés et fatigués d'avoir trop pleurer. Elle est dans le même état que je l'ai laissée, ça ne présage rien de bon. En un regard, Ayden comprend que je veux la voir seul alors il hoche simplement la tête et se dirige vers ma voiture.

J'approche à peine de Kaya que mes bras s'ouvrent déjà et elle n'hésite pas une seule seconde pour s'y blottir dedans. Mes muscles se détendent un peu lorsque son corps fin se serre contre le mien. Sa chaleur me réconforte un tant soit peu. Son parfum adoucit l'air amer autour de nous.

— Comment il va ? murmuré-je à son oreille, par peur de la brusquer.

Elle met un bon moment à me répondre comme si elle ne savait pas véritablement par quoi commencer. Mon souffle se sert quand elle prend enfin la parole parce que j'ai peur de ce qui va suivre. Le temps que les secours arrivent à la soirée, Nash avait déjà retrouvé l'usage de la parole mais il est resté étourdi et étrange tout du long.

— Mieux mais ils le gardent en observation, me dit-elle néanmoins. Ils disent qu'il a fait un mini AVC, donc il y a des risques qu'il en fasse un autre plus important dans les prochaines heures.

— Everett avait raison...

Elle secoue la tête puis s'éloigne d'elle-même pour plonger ses yeux sombres dans les miens. Je vois dans son regard les mêmes milliards de questions qui me tournent en tête.

— Comment ça se fait ? Comment c'est arrivé ?

— À force d'être interrogé, Nash a fini par dire qu'il prenait des psychostimulants depuis quelques semaines, avoue-t-elle d'un ton grave. Ils ne savent pas encore si c'est la cause mais ils pensent que oui parce que c'est un des effets secondaires et qu'il a déjà des fragilités.

— Je...

— Il est complètement con, explose-t-elle en pleurs. Il aurait pu mourir à cause de ça !