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C'est la deuxième fois que nous nous retrouvons aux urgences, Kaya et moi. Cette fois, ce n'est pas pour moi mais quelque chose reste inchangé : aucun de nous deux ne trouvons quoi dire. C'est aussi le cas de la dizaine de co-équipiers, également présents dans la salle d'attente, qui partagent notre silence chargé de peurs profondes.

Maximilian était déjà là quand nous sommes arrivés. Il tenait compagnie à la copine de Nash qui, déboussolée, lui confessait ses regrets. Ryanne n'a pas cessé de présenter ses excuses à Kaya comme si elle se tenait absolument responsable de ce qu'il s'était passé. Puis, elle nous a raconté... La lenteur de Nashoba dans la soirée, son réveil brutal dans la nuit causé par une épouvantable douleur dans le crâne et son évanouissement quelques minutes après. Selon elle, Nash est sur la table d'opération parce qu'elle n'a pas appelé les secours plus tôt. Mais, la vérité est que sans elle la situation aurait pu être tout autre pour lui.

Du mieux qu'il pouvait, Everett nous a expliqué qu'il ne s'agissait plus d'un micro-AVC mais d'un véritable AVC, donc l'obstruction d'une artère qui justifiait l'intervention des neurochirurgiens. Il y a de grandes chances que Nash n'ait pas de séquelles cérébrales, ou peu, grâce à cette thrombectomie. Voir mon ami moins paniqué que nous m'incite à positiver malgré toutes les inquiétudes qui me taraudent.

Presqu'une heure est passée sans que Kaya ne parvienne à joindre sa famille, en salle d'attente dans le service des soins intensifs neuro-vasculaires, et sans qu'aucun professionnel ne la laisse entrer. J'ai compris que c'était angoissant d'être là parmi nous et de ne rien savoir de plus alors que les minutes s'envolaient. Et je me suis senti nul de ne pas pouvoir la décharger de ça. Tout ce que j'ai pu faire c'est attendre autant qu'elle, serrer sa main quand je la sentais trembler, sécher ses larmes lourdes et silencieuses, répondre à ses regards en quête de réconfort. J'ai fait ce que je fais de mieux : éteindre mes émotions au profit de quelqu'un à qui je tiens bien plus.

Quand une jeune femme en blouse d'aide-soignante passe finalement le pas de la porte, un souffle commun parcourt la pièce alors que notre respiration se coupe aussitôt ensuite. Certains regards se tournent automatiquement vers Kaya qui saute sur ses pieds et les doigts mêlés aux miens, m'emporte derrière elle.

— J'vous en supplie, dites-moi qu'il va bien ! s'exclame-t-elle.

— Vous êtes Kaya Hensley ? s'assure la dame d'une voix extrêmement douce.

— Oui, c'est moi. Est-ce qu'il va bien ?

— L'opération s'est bien passée. Votre frère va rester en observation en soins intensifs. Vous allez pouvoir y rejoindre votre famille, on m'a demandé de venir vous chercher.

— Donc il va mieux ?! quémande Maximilian tout à coup debout près de nous.

Son air suspicieux pourrait presque paraître autoritaire. Heureusement l'aide-soignante ne l'interprète pas mal puisqu'elle s'arme d'un sourire triste avant de reconnaître :

— Pour ce qui est de sa récupération, nous en saurons plus à son réveil et dans les prochains jours. Je ne peux pas vous en dire plus, le reste est confidentiel... Et je suis désolée, je vais devoir vous demander de partir.

— Pourquoi on pourrait pas attendre ici ? râle Everett. C'est une salle d'attente, c'est pas fait pour ça ?

Sa posture impressionnante ou le ton rêche qu'il emprunte provoque une légère panique chez l'aide-soignante qui jette un regard derrière elle, comme pour s'assurer qu'on lui viendra en aide si besoin. Mais, Max lui fait signe de se rasséréner.

— On voudrait juste avoir des nouvelles dès que possible et être auprès de lui à son réveil, explique notre capitaine en notre nom.

— Vous n'en aurez pas avant ce soir, nous déclare la professionnelle, et vous ne pourrez pas non plus lui rendre visite en chambre. C'est réservé à la famille et à un nombre restreint de personnes.

On My WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant