On My Way

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Le lendemain de Thanksgiving, les festivités continuent encore jusqu'au repas du midi et je profite pleinement de la bienveillance des Gallagher qui me traitent comme un membre à part entière de leur famille. Ce n'est qu'en début d'après-midi que je prends congé pour quelques heures pour retrouver la personne à qui je n'ai cessé de penser depuis trois jours. Une personne qui se laisse désirer et qui joue avec mon impatience.

Quand Kaya sort enfin de chez elle - une splendide demeure, devant laquelle j'attends depuis cinq bonnes minutes - le premier détail que je remarque est sa tenue assortie à la mienne. Ses couleurs claires renvoient au pauvre pull jaune que je porte. Je ravale difficilement ma salive alors que mes yeux descendent de ses longs cheveux bruns détachés, à sa veste en jean trouée, jusqu'au pan de sa robe plutôt courte. Celle-ci s'arrête à la moitié de ses cuisses laissant de belles jambes affinées à l'air libre. Le temps ensoleillé jure avec le reste du mois de Novembre. Il fait beau mais, je ne m'attendais pas à ce que Kaya me fasse l'honneur d'être en robe. Bien que je la connaisse assez pour savoir qu'elle n'a pas fait ça pour moi mais avant tout pour elle. Une chose est certaine, je vis un rêve éveillé.

Je regrette de n'avoir fait aucun effort vestimentaire toutefois, le sourire qu'elle m'adresse et la lueur dans ses yeux sombres me rassurent. Elle est toute aussi contente de me retrouver. Je le devine à sa démarche pressée dans ma direction ainsi qu'aux bras qu'elle m'ouvre automatiquement. La façon dont elle se blottit contre moi avec force, comme si l'on ne s'était pas vus depuis longtemps, manque de faire chavirer mes émotions. Même si tout en elle semble me convaincre que Kaya est faite pour moi, c'est sa spontanéité qui me séduit par dessus tout.

— Coucou, me glisse-t-elle à l'oreille avant de s'éloigner. Alors, comme ça, c'est moi qui conduis ?

— Ou on marche jusqu'à la plage mais, je suis pas sûr que tu tiennes, me moqué-je.

— Nills, tu commences très mal pour quelqu'un qui a des points à rattraper.

J'attrape l'index avec lequel elle me menace ou me réprimande. Nos rires éclatent à l'unisson alors que je l'attire de nouveau à moi.

— C'est n'importe quoi cette histoire de points, de toute manière. Je passe un examen d'Anglais ou je sors avec une fille ?

— Aucun des deux. Pour l'instant...

J'aperçois tout juste son sourire avant que nos lèvres se rejoignent pour débuter une danse endiablée qu'aucun de nous deux ne paraît pouvoir contrôler. Nos corps parlent pour nous dévoilant toute l'affection que nous entretenons pour l'un et l'autre. Un désir contenu, camouflé, presque honteux, depuis mes 14 ans. En assouvir une partie a quelque chose de fabuleux. Tout s'agite à l'intérieur de moi au point que j'ai la réelle sensation de changer... De devenir quelqu'un d'autre.

— Je délire, éclaté-je entre deux baisers.

Elle suspend notre échange amoureux et me jauge d'un regard à la fois moqueur et critique. Une fois de plus, je suis démuni de répartis. J'en suis presque gêné mais parviens à me reprendre :

— On y va ? me raclé-je la gorge. J'voudrais pas que ton père ou ta mère nous voient !

— Ils te tueraient... Après avoir pris soin de me tuer d'abord, remarque-t-elle.

— Rappelle-moi de ne jamais plus te retrouver devant chez toi !

Elle explose d'un rire franc qui sonne comme une mélodie à mes oreilles. En chemin vers sa voiture, je tente de me ressaisir mais tout semble différent. Mes mains moites tremblent, mon coeur se déchaîne, mon estomac est en bouilli, mon cerveau peine à trouver ne serait-ce qu'un mot qui ne soit pas ridicule. OK, peut-être que Lieth a raison : je suis foutu parce que je voue plus qu'une attirance à l'égard de Kaya.