On My Way

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POINT DE VUE 

MADDIE

En posant le pieds hors du bus scolaire, sur le béton mouillé, j'inspire un grand coup et bloque au fond de moi la terrible envie de pleurer qui ne me quitte plus depuis une semaine. Je suis même plutôt certaine qu'elle m'accompagne depuis que la protection de l'enfance s'est mêlée de ma vie. Mais, aujourd'hui le creux dans mon estomac est plus gros. Chaque jour de plus sans ma famille l'agrandit davantage et avoir une peine de cœur n'arrange rien.

Nul ne sert de se tracasser sur quelque chose qu'on ne peut changer, me répété-je pour me ressaisir. Je redresse la tête chassant tous les tracas qui pourraient me distraire. C'est la reprise des cours et je m'oblige à faire face. Lorsque je retrouve Leander dans la salle de classe déjà bien remplie, je n'ai plus besoin de faire semblant. Le retrouver me rend réellement heureuse. Je tapote son épaule pour qu'il sorte sa tête de ses bras croisés, ce qu'il fait au moment où je m'assois sur le siège d'à côté. Ses yeux d'un bleu translucides s'illuminent alors qu'un sourire timide et franc tranche son visage. D'une même intention, nous prenons nos téléphones pour discuter comme nous le faisons tous les matins.

« Tu vas bien ?? » est-il le premier à demander.

« Ça fait aller et toi ? T'as l'air éreinté. »

Les cernes foncés qui maquillent son regard sont presque inquiétantes. J'espère secrètement que la cause d'une telle fatigue est positive toutefois je connais très bien la fautive, l'insomnie.

« Couché tard sans réussir à dormir. Ça va :) »

« Tu crois que tu diras encore ça après ce cours ? »

« J'en doute. »

Nous nous sourions comme des idiots, même si la perspective du cours pénible n'a rien de risible. C'est plutôt un supplice de supporter Mme Auerbach s'épancher sur son amour pour la littérature des siècles derniers. Si seulement elle nous faisait lire des œuvres animées et divertissantes ! Au lieu de quoi, elle nous oblige à rendre un devoir à deux sur une œuvre imposée. Je m'apprête à m'en plaindre auprès de Leander quand justement mon binôme se présente. Riley pose nonchalamment une cuisse sur ma table, tourné vers moi. Je souhaiterais ne pas avoir à le dire mais il est malheureusement le cliché du beau garçon qui pense tenir l'univers dans ses mains.

— Partenaire, me sourit-il avant de jeter un coup d'œil à mon ami. Hollington. Les fêtes étaient bonnes ?

— Très bien et les tiennes ? dis-je par politesse.

Clairement agacé, Leander se laisse tomber contre le dos de son siège et répond par un geste de tête vague. Ce n'est pas l'amour fou entre eux depuis que je lui ai raconté comment je connaissais déjà Riley. De mon côté, je lui accorde le bénéfice du doute premièrement car je n'ai pas le choix avec le devoir dans nos pattes, deuxièmement car j'ai retrouvé goût à avoir des amis ces derniers temps.

Je grogne intérieurement me forçant à ne plus penser à lui. Je récupère des bribes du discours de Riley, décidé à nous raconter des moments de ses vacances. Pour ne pas paraître rude, j'attends le bon moment pour rebondir sur ce qui m'intéresse le plus :

— Au fait, tu as pu avancer dans ta lecture ?

— Waouh, génial l'ambiance ! ironise-t-il. Mais puisqu'on parle directement des cours, oui ma belle, j'ai même terminé.

C'est discret cependant j'aperçois Leander hausser un sourcil de moquerie. Impossible de deviner ce qui l'amuse le plus, le fait que Riley ait réussi à finir un énorme livre en une semaine ou sa manie à appeler toutes les filles par des surnoms ridicules.