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Le bruit familier du palet contre ma crosse me fait accélérer tout de suite. Mes lames de patins frappent la glace, bien abîmée, et je gagne rapidement la bonne vitesse pour semer mes deux adversaires derrière moi. Mais un défenseur apparaît à mes côtés balayant le sol de sa crosse dans le but de soulever la mienne. Agile, je freine sèchement puis le contourne par la gauche. La cage n'est plus qu'à trois mètres, les secondes s'effilent sur le panneau de jeu au-dessus de nos têtes.

C'est l'occasion de finir en beauté. Je fonce sur le gardien. En face de lui, je lève ma crosse avec force puis l'abats sur le palet qui fuse... vers la gauche, pile sur Nashoba. Mon précieux ailier toujours à sa place. Je n'avais même pas besoin de lever les yeux pour m'en assurer. Quand il frappe à nouveau le palet, le faisant voler, les acclamations de notre équipe secouent la patinoire. Ça ne fait aucun doute : Nash a marqué ! Digne d'une grande scène de film sportif, la sonnerie qui marque la fin du match retentit peu de temps après son but.

8 – 2, nous poursuivons le tournoi et nous sommes officiellement les représentants de l'État d'Oregon. Les mecs font cogner leur crosse contre les rambardes alors que des réjouissances s'élèvent dans les gradins essentiellement remplis d'amis et familles des mecs. Mes deux ailiers me rejoignent, un sourire pendu à leurs lèvres.

– Bien joué, les gars, nous félicite Winner en pleine forme. Ça marche à chaque fois !

– Bien joué pour tes 5 points ! me moqué-je ;

Il cogne son épaule contre la mienne sans parvenir à me déséquilibrer. Erwin a malgré tout marqué 4 buts, mais ce n'était pas son meilleur match. Je suis persuadé qu'il va passer le week-end à s'entraîner, en soif de perfection. Alors, je le félicite sérieusement et fais de même auprès de Nash.

Après avoir salué l'autre équipe déçue et honteuse, nous regagnons le vestiaire où la coach Martel nous attend déjà. Elle commence par les reproches personnels avant de finir par les compliments et les conseils tandis que je ne pense qu'à ma future douche chaude. Dès que les mots-clés « À mardi » sortent de sa bouche, tous les mecs s'activent. Les taquineries ricochent entre les murs, les protestations se libèrent... C'est cette ambiance que j'adore.

Je me dépêche de me doucher et de me préparer pour ne pas trop faire patienter Nora. En quittant le vestiaire, je croise la coach qui me fait signe d'approcher. Elle me tend une feuille polycopiée.

– Pour les prochains déplacements, m'indique-t-elle.

– Ok, je vous ramène ça au plus vite.

Une fois le dos tourné, je me permets de baisser les yeux sur le formulaire. À remplir par mes parents parce que je suis un des derniers mineurs de l'équipe, j'ai la joie de dépendre de leur autorisation. Les trois prochaines destinations sont listées : Seattle, Washington ; Las Vegas, Nevada et Phoenix, Arizona. Une seconde, je me réjouis de la dernière, car cela signifie revoir mon meilleur ami dans la ville où il étudie puis les frais de ces voyages me ramènent à la réalité.

Ils ne sont pas encore inscrits, mais je n'ai pas de mal à imaginer la somme que représentent la location de cars, les logements pour la nuit, et la vie dans chacune de ces villes géniales. Encore un problème à régler. Tant pis, j'y penserai plus tard. D'abord, la réjouissance pour cette victoire écrasante.

Je tape sur l'épaule de Nash, prostré dans le couloir et penché sur son portable. Il pose ses prunelles noires dans les miennes et me rend naturellement mon sourire.

– Les filles nous attendent au parking !

– Elles parlent de quoi, à ton avis ? À quel point elles ont froid ou de notre superbe dernière action ?

On My WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant