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POINT DE VUE MADDIE

Des choses que je hais le plus, entendre mes parents se faire manquer de respect est en haut de la liste. Alors, cette matinée est insupportable, elle réveille la fureur qui m'a pousser à fuguer. Mais, j'espère que cette fois, elle me permettra de me battre avec les armes adéquates. Même si j'ai la sensation de pouvoir éclater à la moindre seconde.

J'essaye quand même de me convaincre que la juge ne m'intimide pas en reprenant ma place dans la salle d'audience. Jordan s'assure de mon état en un regard, dans ses yeux il y a toujours des « Ça va aller » qu'il n'a nul besoin de prononcer à voix haute. C'est une des raisons pour lesquelles j'accorde autant de confiance à mon éducateur.

Une chaleur enveloppe mon épaule alors que je sens un souffle dans ma nuque. Il y a quelqu'un penché derrière moi. Sans me retourner, je sais pertinemment qu'il s'agit de Nills. Il a été d'un véritable soutien ces derniers jours, plus encore durant cette dernière heure. Non seulement avec moi mais avec mes frères aussi. Ils l'adorent. Ceci n'est pas étonnant mais je n'envisageais pas de le voir si investi. Je ne pensais qu'une amitié pouvait avoir autant d'importance. Peut-être que je finirais par m'y faire. Je reviens sur terre au son de sa voix murmurée.

— Si t'as besoin d'aide, fais un cri d'hippopotame et on se barre d'ici en courant.

Je me tourne un peu mais m'arrête en frôlant son visage. Mon cœur rate un battement, il est trop proche.

— Tu penses que je connais ce cri ?

— J'te montre s'tu veux !

Alors qu'il commence à ouvrir sa bouche, je pose ma main dessus envahie par la panique. Il allait le faire !

— Par pitié, non, argué-je en souriant malgré tout.

— OK.

Puis, il se rassied avec nonchalance avant de se pencher de nouveau vers moi.

— On se contentera d'un cri d'oiseau, alors, proclame-t-il.

Je me contente de dire oui, pour entrer dans son jeu, et ignore le regard insistant de Jordan qui a tout entendu. Je sais déjà ce qu'il pense. Mes yeux accrochent plutôt la juge, de retour, qui a l'air d'être revenue à son émotion initiale, c'est-à-dire le néant. Mme Pears est agressive sans tout à fait l'être. Le plus effrayant est qu'elle ne parait pas s'en rendre compte.

— Nous allons pouvoir reprendre, annonce-t-elle. Nous allons commencer avec le plus jeune, Warren. Peux-tu venir à la barre ?

Mon petit frère obéit sans oser lever les yeux. Il attend le dernier moment pour lâcher ma main. Il s'avance jusqu'à la barre en bois, pile devant la juge et garde la tête tournée vers ses pieds. Ses jambes tremblent, non de peur mais de fragilité. Un mauvais pressentiment monte en moi. 

— Il lui faut une chaise, m'inquiété-je.

Tout à coup, je comprends que j'ai parlé trop fort car la juge me fixe avec une sorte d'agacement.

— Que se passe-t-il ?

— Pourrait-on lui donner une chaise, s'il vous plaît ? osé-je quémander.

Je redoute de parler devant des inconnus, devant elle si impressionnantes, néanmoins je ne peux me taire et laisser mon frère souffrir. La juge accepte et quelqu'un s'exécute – parfaite représentation de la réalité. Warren me lance un sourire accompagné d'un pouce en l'air me convaincant d'avoir bien agi. N'en déplaise à certains...

— Warren, tu as donc 9 ans et tu vis avec les McRae. Comment c'est la vie avec eux ? demande Mme Pears avec un ton enfantin.

— Cool.

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