À l'étage, les minutes passent sans qu'aucune idée ne vienne me sauver. Kaya doit me prendre pour un cinglé car je cherche désespérément quelque chose dans toute la chambre et refuse perpétuellement son aide. Simplement parce que je ne sais pas ce que je cherche. Pourquoi les cadeaux n'ont pas le pouvoir d'apparaître par magie au moment opportun ? Ça m'aiderait grandement. Alors que les voix impatientes de mes amis s'élèvent du rez-de-chaussée, j'incite Kaya à m'attendre en bas avec tout le monde.
— Dis-leur que j'arrive, j'ai paumé un cadeau, inventé-je. Ils ont l'habitude !
Postée près de la porte, elle suit mes allers-retours du regard et le juge d'un sourire bienveillant. Peut-être qu'elle aussi commence à s'habituer à mon attitude étourdie.
— Tu veux vraiment pas que je te donne un coup de main ? Ça ira plus vite.
— Kaya, je vais pas te faire chercher ton propre cadeau ! Il est pas emballé en plus.
Elle capitule en un hochement de tête. La tension s'évapore un peu derrière la porte qui se claque, emportée par la petite tête brune. Un petit bisou d'encouragement n'aurait pas été de trop mais je n'étais pas en état de le réclamer. J'aurais préféré qu'il soit spontané, une soudaine envie de sa part. OK, je me disperse dans mes propres pensées... Son cadeau !
Je fouille de fond en comble mon pauvre sac qui déborde de cadeaux pour mon groupe, en attente d'une subite révélation. Cependant, le temps s'écoule et l'éclair de génie ne s'abat toujours pas sur moi. Il faut que je me rende à l'évidence, je vais devoir avouer que je n'ai rien pour elle et subir les conséquences de mon manque de désorganisation. Me confronter à cette réalité représente toujours un profond sentiment d'échec mais je ne me défile pas. Mon sac à dos sur le dos, je m'avance vers la porte avec la terrible volonté de m'en éloigner au contraire, comme un condamné.
Tout à coup, des boîtes colorées attirent mon regard sur les étagères encastrées dans une partie du mur. J'ai dorénavant passé des heures dans cette chambre mais n'avais pas encore fait attention à cette petite collection de DVD. Ou plutôt à cette véritable caverne d'Ali Baba dont je suis le voleur parce que je tends la main et attrape un de mes dessins-animés favoris. Les Razmokets m'apporte alors la révélation tant attendue. Ce serait un cadeau parfait pour Maddie ! Je n'ai plus qu'à l'échanger avec celui qui était initialement prévu afin de donner ce dernier à Kaya. Ça ne me demande pas plus longtemps pour être convaincu. Je saisis le cadeau d'origine dans mon sac, arrache l'étiquette avec le nom « Lovegood » et la colle sur la boîte.
En quittant la chambre, je me promets de rembourser Zach. J'espère qu'il n'est pas trop attaché à ce film. Quand je rejoins le salon, ma crise de rire est d'abord réfrénée par la valve de reproches mais reprend ensuite de plus belle. Voir les visages plus ou moins fâchés de mes amis m'amusent toujours car je sais que leur exacerbation est éphémère.
— Je vois que t'as pas changé, critique Lou taquine, t'as toujours ce besoin de te faire remarquer.
— Pourquoi je changerais ? Je sais que t'adore ça, souligné-je en lui pinçant la joue.
Elle chasse ma main en même temps que mon éclat de rire contre son oreille pour rebondir tout de suite :
— C'est pas cool, t'as fait attendre tes deux femmes.
— Ça devrait pas te déranger, ça t'a laissé le temps de t'amuser avec tes deux hommes, souris-je sournoisement.
Si Lou était de ces personnes qui rougissent, elle serait cramoisie de la tête aux pieds. Je n'ai même pas besoin de ça pour reconnaître sa gêne. Je la vois dans son regard circulaire, dans sa manière de s'humecter les lèvres, dans ses épaules qui s'affaissent. Moqueur, je suis content de lui rappeler que je peux la ridiculiser plus qu'elle n'en est capable. C'est notre petit jeu depuis que l'on se connaît et j'en sors toujours vainqueur. Mon but n'était pas, cette fois, de créer un drame mais la situation m'échappe. Eliam, jamais très loin, tourne aussitôt la tête vers nous :
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On My Way
Teen FictionDe nature farceuse, Nills croit immédiatement être victime d'un canular lorsqu'il reçoit un appel étrange, la nuit d'Halloween. Un cri strident puis soudain, des bruits sourds, des souffles saccadés et d'autres hurlements à couper le souffle. Le je...