On My Way

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J'entends mes amis réagir dans mon dos alors que je m'élance à la poursuite de la concernée. Sans savoir que lui dire, encore moins quand je la rattrape à quelques pas du bus scolaire. Maddie ne se retourne pas malgré mes nombreuses interpellations alors je lui saisis la main et l'oblige à faire volte-face. Son regard enflammé crache toute sa rancœur contre moi, sa main échappe à mon emprise et puis, son corps tente de se dérober à nouveau.

– Attends, m'écrié-je suppliant.

Elle suspend son pas et je sais que j'ai gagné cette petite bataille. Plusieurs idées me traversent l'esprit mais une seule surplombe les autres. Maddie est celle qui m'a appelé le soir d'Halloween. La connaissant un peu mieux, je sais maintenant que cet appel n'avait rien d'une moquerie. Elle est celle dont les cris m'ont glacé le sang, celle qui a sans doute connu l'horreur le soir où l'on jouait de ce thème.

– Lovegood, j'avais pas vu tes messages, préféré-je prétendre. Je suis trop étourdi, j'ouvre sans lire et puis j'oublie. Enfin... Tu me connais !

– Justement, non. Je ne te connais pas, rétorque-t-elle en me faisant face.

Elle n'a plus l'air fâchée à présent. Seulement vexée... Ça suffit à me culpabiliser, comme si nous étions de vieux amis et que je lui devais des comptes. Parce que je ne veux pas être de ceux qui perturbent la vie des autres. Je veux être porteur de positif tout autour de moi. Dans un regain d'assurance, j'ouvre la bouche quand elle reprend avant :

– Je ne te connais pas mais je n'en ai plus envie.

– Pour quelles raisons ? J'ai simplement oublié de te répondre, c'est pas cool, oui, mais t'es radicale là !

Je prends sur moi pour ne pas répliquer avec sarcasme et lui demander depuis quand nous sortons ensemble. Sa crise nous engage dans une confrontation ridicule digne d'une dispute de couple.

– La première fois que l'on s'est rencontrés, à la soirée de Nora, on a échangé pendant des heures. Ensuite, tu as oublié. On s'est revus, en été, et tu as encore oublié. Tu passes dans les couloirs du lycée sans me voir, tu m'adresses la parole uniquement lorsque je suis avec Leander. Et le 31 octobre, tu n'as pas reconnu mon numéro parce que j'imagine que tu ne l'avais pas enregistré ! Tu ne te rends pas compte comme c'est humiliant de se faire autant oublier par une seule et même personne, d'être aussi invisible pour quelqu'un qu'on apprécie pourtant !

Sa tirade me laisse d'abord sans voix les premières secondes qui suivent. Maddie n'a jamais enchaîné plus de quatre phrases à la suite face à moi. Aujourd'hui, elle le fait pour me balancer ce qu'elle a le cœur et cette fois, je vois ses émotions dans ses yeux.

– Tu traites les autres comme tes petits joujous, tu ne t'intéresses à eux que lorsque l'envie te prend, ajoute-t-elle. Alors ce n'est pas qu'une question de messages. Je sais que je n'ai rien d'exceptionnel ou d'intéressant mais je n'ai pas besoin d'une personne qui me le rappelle constamment. Donc, je veux que tu me laisses tranquille à partir d'aujourd'hui.

– Tu te trompes totalement, réfuté-je.

– Ah oui ? Dans ce cas, dis-moi, quand est-ce que tu m'as donné ton numéro ?

Je fronce les sourcils, pris de court. Le stress monte en moi me paralysant peu à peu. C'est un des aspects de ma personnalité que je déteste le plus, cette façon dont mon esprit se fige parce qu'il est impossible de surmonter plusieurs problèmes en même temps. Je sens terriblement nul et ne trouve rien d'autre à bredouiller qu'un pauvre « J'sais pas ». Exactement ce que Maddie s'attendait à attendre.

– Voilà. Qui se trompe entre toi et moi ?

Elle tourne les talons avec une fermeté qui m'empêche de la retenir. Je déteste savoir que Lovegood me perçoit comme une personne hautaine et désinvolte toutefois mon comportement vif prête souvent à cette conclusion. Dans ces moments, je suis incapable d'avouer que c'est involontaire et que la plupart du temps, j'oublie des moments de vie dont j'aimerais me souvenir ou inversement.