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- Tu veux quoi d'abord : le poing ou le câlin ? m'attaque Ayden.

- Celui que je mérite le plus ? raillé-je avec sarcasme.

Je plaisante à moitié parce que plus je regarde la personne derrière lui, plus je suis persuadé de ne mériter que la violence. Le concerné, lui, ne semble pas du même avis. Nashoba. On se regarde un moment sans rien dire puis je cède à la tentation. Je l'examine d'un coup d'œil comme si cela suffisait pour m'assurer qu'il va bien. Ou mieux. Il parait lire dans mes pensées parce qu'il me lance avec un sourire apaisant :

- J'vais bien, t'inquiètes.

- Vraiment ? insisté-je. Tu devrais pas être en train de te reposer ?

Il rit en comblant la distance entre nous. Malgré ses traits de fatigue, Nash reste inchangé. Il a toujours la même lueur apaisée dans ses yeux et une tendresse particulière qui se dégage de lui. Pas de colère ou de rancune... Ce qui me pousse à ouvrir mon cœur.

- Désolé, mec, m'écrasé-je. Pour toute cette merde et surtout pour avoir été un ami catastrophique. J'aurais dû voir que tu consommais des stimulants.

- Et qu'est-ce que t'aurais fait ? Je suis assez grand pour faire ce que je veux, assure-t-il en ricanant.

- J'aurais empêché les autres de t'en donner. C'est ce que j'ai essayé de faire d'ailleurs quand j'ai su que t'y intéressais mais je sais pas co...

Je m'arrête en voyant Nash, embarrassé, secouer la tête et se passer une main sur le visage. Je ne l'ai jamais vu si perturbé.

- Ça aurait servi à rien. Je t'ai volé, Nills. Les pilules, je les ai prises dans ton sac, m'avoue-t-il.

- Quoi ?

Il interprète sans doute mon choc comme de la colère parce qu'il s'empresse de se justifier :

- Au début, je l'ai fait pour te protéger. Derek a vu les pilules dans ton sac et posait des questions sur ça. J'pensais que tu dealais juste, je savais pas que t'en avais besoin... Et, j'ai déconné. J'en ai pris et j'ai continué quand j'ai vu que ça m'aidait vraiment à tout gérer.

La vérité afflue avec violence dans mon esprit si bien que je mets un petit instant à l'encaisser. Quelque chose se détache peu à peu de moi... Je me sens plus léger parce que, même si j'ai ma part de responsabilité, je me sens moins coupable. Cela ne m'empêche de me sentir navré pour mon ami. J'aurais souhaité faire les choses autrement, lui éviter ce foutu AVC ou être là pour le soutenir. Au lieu de quoi, j'ai merdé de A à Z.

- Désolé, répété-je.

- C'est moi qui te dois des excuses, insiste-t-il. J'imaginais pas que ça te mettrait dans ces conneries. J'voulais rien dire après mon accident pour te couvrir et Kaya m'a appris que c'était ton traitement. Alors j'ai aouvé ce que j'avais fait à Martel et à toute l'équipe hier soir. Comme tu répondais pas, j'suis venu te directement tout ça.

- Comme le Messie qui vient répandre la bonne parole ?

- Si tu veux, ouais, rigole-t-il. Et c'est grâce à Ayden.

Nos regards se tournent simultanément sur lui qui, en retrait, sent tout de même notre attention. Il range son portable pour nous rejoindre.

- On y va ? réclame-t-il.

- Comment tu m'as trouvé ? quémandé-je en le coupant.

- Lieth m'a envoyé ta localisation.

- Et pourquoi il...

Je suspends ma question lorsque je me remémore l'application que des filles nous avaient fait installer en soirée. Elle permet à des amis de connaître la position de l'un et l'autre, pour plus de sécurité. On s'en est surtout servi pour se foutre de la gueule de l'un et l'autre sur nos activités. Aujourd'hui, je regrette les décisions que l'on peut prendre en étant bourré. Enfin presque parce qu'il y a pire que d'être en compagnie de mes deux amis.

On My WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant