On My Way

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Le soir, quand je repose les pieds sur la glace pour l'entraînement des féminines, un sentiment de bien-être me prend de court. Ça ne fait qu'une semaine que je n'ai pas patiné mais ça me parait être depuis plus longtemps. Le froid ambiant de la patinoire me refroidit les joues, un vent frais frôle mes jambes et mes bras non protégés par l'équipement, les crissements contre la glace résonnent dans tout l'espace. La sensation de glisse est incomparable. Ici, au milieu d'une piste de patinoire, j'ai la véritable impression que rien ne peut m'arrêter.

Sauf, l'air concerné des sœurs Martel alors que j'avance dans leur direction. Ma coach ne semble plus tenir en place car elle vient à ma rencontre. Seulement à sa manière de freiner brusquement, je devine son mécontentement. Pour elle, aucune raison hormis la mort n'excuse une absence à un entraînement, encore moins une semaine d'un match important. Pourtant, elle fait preuve d'une certaine clémence lorsqu'elle me lance :

— Bon retour parmi nous, Nills !

— Je suis désolé coach de pas vous avoir prévenu mais...

— Te fatigue pas, Nashoba et Maximilian m'ont tout raconté ! me coupe-t-elle compatissante. Garde ton énergie pour les deux entraînements de ce soir, tu vas en avoir besoin.

Je ricane en hochant la tête parce que je ne sais quoi répondre. Qu'est-ce que les mecs lui ont dit exactement ? Nash a avoué avoir volé des pilules dans mon sac mais ça ne donne pas d'explications sur mon absence.

— Il me faut quand même ton mot du médecin, ajoute-t-elle. Tu me l'amènes avant notre départ vendredi ?

Ça ne m'enchante pas mais j'ai conservé mon rendez-vous avec le docteur Bowen pour demain, on dirait que je vais bien devoir y aller. J'acquiesce puis rejoins la coach Marty qui, elle, ne perd pas de temps et m'explique le programme d'exercices. Je rassemble tous mes efforts pour me concentrer sur ses mots, déconcentré par les filles qui débarquent peu à peu sur la glace. Je repère aussitôt le maillot de Kaya au moment où Marty me demande d'aller placer les cages des deux côtés. Je m'active mais m'arrête de temps en temps pour répondre aux curiosités de certaines. Une d'entre elles me supplie même, au nom de toute l'équipe, de ne pas trop les faire souffrir aujourd'hui car elles ne veulent pas être épuisées le reste de la semaine. Dommage, elle ne sait pas à quel point je peux être un emmerdeur et faire les choses qu'on me demande spécifiquement de ne pas faire.

— Pas de tenue rose, aujourd'hui ? me taquine tout à coup Kaya dans mon dos.

Je souris déjà avant de me retourner pour l'observer.

— Non, je me suis dit que le noir te ferait parler, raillé-je. Je vois que c'est réussi.

L'air frais se charge d'une autre atmosphère, chargée de tension. On garde une certaine distance alors qu'on se fixe dans le blanc des yeux durant d'éternelles secondes. Ses pupilles sombres brillent. Finalement, ses lèvres finissent également par se dessiner en un sourire comme si c'était plus fort qu'elle. Comme si elle ne résistait pas à cette attraction... À nous. Si c'est le cas, je le comprends car je n'y résiste pas non plus.

— Essaye autre chose, peut-être que je ferai plus que de parler, minaude-t-elle.

Sur ces mots qui suffisent à m'exciter, elle s'en va. Un coup de sifflet s'en suit réclamant tout le monde près du tableau et de la coach. Je finis de placer la deuxième cage sans me séparer de mon sourire d'idiot. Kaya vient clairement de réenclencher le jeu de séduction entre nous et je suis prêt à participer. Mais, je ne ferai pas que jouer ; je le prendrai au sérieux cette fois.