Ne m'abandonne pas (Gaara x reader-chan)

65- La vengeance d'un perdant

   Torao ouvrit péniblement les yeux, la tête posée sur un sol glacé fait de pierres. Sa tête tournait terriblement. Il lui fallut quelques secondes pour distinguer les barreaux qui faisaient office de porte et fenêtre. Il comprit alors où il était. Des voix retentirent derrière la porte de la cellule. Sûrement les gardes, pensa-t-il amèrement. Il écouta attentivement leur conversation sans bouger :

   " Salut, Sekari, je viens prendre la relève. Rien à signaler ?

   - Salut, Hataro. Je croyais que c'étais Korobi qui devait prendre le prochain tour de garde.

   - Ouais, mais il y a eu un changement de programme, il a du partir remplacer quelqu'un sur une mission. Eh ! Regarde, l'ivrogne est enfin réveillé !  Alors, Torao ? On tient mal l'alcool au point d'entrer chez les gens par effraction ? Franchement, t'as changé, mon vieux, depuis la trahison de ton petit frère.

   - Ferme-la, Hataro, grogna le brun en se redressant. Ce n'était que mon demi-frère, et sa trahison l'a tué. Donc, j'en profite pour essayer d'avoir la fille qu'il aimait.

   - C'est vrai que vous étiez toujours en compétition, je m'en souviens. Mais tu ne crois pas que tu as été un peu loin, là ? Tes méthodes sont encore pires que les siennes.

   - Je ne vois pas le problème, une femme doit obéir. 

   - Bah, si. Il y en a même plusieurs, de problèmes. Déjà, une femme n'a pas forcément à obéir, et encore moins une kunoichi de son rang. C'est ton raisonnement misogyne qui te fait penser le contraire. Et puis, c'est un peu tard pour avoir une chance avec elle, non ?

   - De quoi tu parles ?

   - T'es pas au courant ? Ah bah, non, c'est logique, t'as passé deux jours à décuver ici. La rumeur court que elle et le maître Kazekage seraient ensemble depuis le soir où t'as fait n'importe quoi. 

   - Quoi ?!

   - C'est une super nouvelle, non ? Ça faisait un moment qu'on attendait ça ! Ce sont Korobi et Yaoki qui me l'ont dit. Ils affirment qu'ils l'ont entendu de leur bouche, et j'ai tendance à les croire. Ils sont honnêtes, ces deux-là."

   Le grand brun frappa du poing contre les barreaux qui le séparait des deux chunins. Hataro déglutit avec peine. Il ne reconnaissait plus son ancien ami, derrière la porte de cette prison, le regard haineux. Il y a encore quatre ans, il était un grand gaillard souriant, bien que légèrement machiste, derrière qui toutes les filles couraient. Il avait été promu jonin en même temps que son demi-frère, qui avait deux ans de moins qu'eux, mais était déjà un garçon très doué. C'est d'ailleurs après la trahison de ce dernier que Torao avait complètement changé. Il était devenu plus sombre, plus violent et, bien qu'il fût encore mineur, il avait commencé à boire, de plus en plus, jusqu'à ne devenir rien de plus qu'une brute égoïste et prétentieuse. Il était resté bloqué dans l'époque où tout le monde l'admirait, sans remarquer que les seules personnes qui le suivaient encore le faisaient par peur.

   Il se détourna alors et annonça d'une voix chevrotante :

   " On avait pour ordre de te garder ici le temps que ton ivresse se dissipe. Je vais voir si nous devons te libérer, maintenant que tu es réveillé."

   Plus tard, Torao entrait dans le bureau du Kazekage en souriant, une bouteille à la main. La T/C était présente, debout à la gauche du rouquin, ainsi que les deux aînés de la Fratrie du Sable, qui se tenaient adossés de chaque côté de la porte. Les quatre plissèrent les yeux à son entrée, méfiants. Le jeune Kazekage déclara d'une voix posée :