Ne m'abandonne pas (Gaara x reader-chan)

66- Les fantômes qui peuplent les cauchemars

   Lorsque les aînés eurent terminé de nettoyer le sang qui maculait le mur fissuré, les deux filles rentrèrent à l'appartement. Il était déjà tard et elles décidèrent d'aller se coucher directement. La T/C, après avoir enfilé un t-shirt large et un legging noir, s'étendit sur le matelas qu'elle avait réinstallé dans la chambre de Temari, perdue dans ses pensées. Elle s'endormit presque immédiatement.

   Kankuro rentra peu de temps après et s'enferma dans sa chambre pour réparer une de ses marionnettes. Il sombra à son tour dans le sommeil en quelques minutes, la tête au milieu des pièces de bois désarticulées, comme toujours.

   Vers une heure du matin, Gaara confia la garde du bureau à Baki afin d'aller se reposer lui aussi quelques heures. Il entra dans l'appartement le plus silencieusement possible sans allumer la lumière pour ne réveiller personne. En entrant dans sa chambre, il chercha des yeux son ours en peluche, qui ne se trouvait plus dans l'angle de la pièce. Il se dit que la T/C l'avait sûrement gardé avec elle, et cette pensée le fit sourire. 

   De son côté, la jeune femme dormait d'un sommeil agité et peuplé de cauchemars. Les événements de la fin d'après-midi avaient réveillé en elle bon nombre de souvenirs douloureux. Derrière ses paupières closes défilaient des bains de sang, des villages brûlés et détruits, les visages souriants de sa famille, remplacés en moins d'une seconde par leurs corps gisant à ses pieds. Le ciel était teinté de rouge, des enfants couraient en hurlant de terreur, mais elle était trop rapide, et les rattrapait pour les ajouter à la pile de cadavres. Son masque en porcelaine et sa cape dégoulinaient du liquide vermeil et poisseux qui tachait ses mains et se répandait autour d'elle tel une rivière funeste. Ces visions la terrifiaient, mais elle en avait déjà rêvé, elles n'étaient pas les pires. La plus terrible fut la dernière image, qui ne remontait que maintenant du plus profond de sa mémoire. Son cerveau avait certainement cherché à l'oublier, pour la protéger. Cette image, c'était un homme T/C aux yeux verts, gravement blessé. Il la regardait au travers les trous de son masque avec un sourire triste et coupable, des larmes coulant sur ses joues. Il semblait essayer de lui dire quelque chose, mais elle n'entendait pas, obnubilée par un seul ordre :

   " TUE-LE"

    Malgré ses blessures, l'homme s'approcha d'elle en continuant de remuer les lèvres sans qu'aucun son n'en sorte. Elle se jeta sauvagement sur lui, prête à lui lacérer la gorge. Il ne chercha pas à se protéger et se contenta de lui lancer un dernier regard débordant de chagrin.

    Ce fut à l'instant où sa main rencontrait le cou de l'homme qu'elle se réveilla en sursaut, étouffant de justesse un hurlement d'horreur. Son cœur battait à une vitesse folle, son souffle était irrégulier. Elle tremblait de façon incontrôlée et incontrôlable, les mains agrippées à son oreiller comme si sa vie en dépendait. De l'air, elle avait besoin d'air. Discrètement, elle se leva puis sortit de la pièce d'un pas chancelant. Une fois dans le salon, elle ouvrit la fenêtre et s'appuya sur le rebord en essayant en vain de se calmer. Elle passa ses mains sur son visage livide en soupirant lentement. Une voix résonna derrière elle, la faisant sursauter :

    " T/P ? Qu'est-ce que tu fiches debout à une heure pareille ? C'est moi qui t'ai réveillée en rentrant ?"

   Prise au dépourvu, elle se retourna vivement, puis se détendit en reconnaissant Gaara. Il avait entendu des pas dans le couloir et était venu voir ce qu'il se passait. Elle le rassura :

   " Non, je ne savais même pas que tu étais là. Tiens, remarqua-t-elle, c'est rare de te voir en tenue détente."

   En effet, le rouquin avait remplacé ses vêtements habituels par un jogging et un simple t-shirt gris. Il croisa les bras en la regardant d'un œil inquiet. Les mains de la T/C tremblaient encore. Il finit par demander :