Paradis Retrouvé (Tome 3 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

Chapitre 27 - Tyler

Après avoir pris congé pour le reste de la journée, ayant terminé d'arranger la voiture sur laquelle je travaillais, je garai ma caisse devant le « Pollo Loco ».

J'ignorais ce que j'allais faire une fois à l'intérieur, mais cette affaire me turlupinait depuis de nombreux jours. Je voulais savoir si mes soupçons étaient avérés ou si je devenais parano. Je ne croyais pas Rafael lorsqu'il affirmait se charger des livraisons... enfin, si. Mais pas juste des spécialités culinaires du restaurant. Si ce bouiboui était une couverture, tous les gens qui travaillaient en tant que serveurs, cuistos ou livreurs étaient au courant de la véritable activité de l'établissement. Peut-être bien que chez quelqu'un d'autre ce genre de détail passerait inaperçu, mais pas chez moi. Toutes ces années au sein d'un gang, dont quatre plus qu'actif en son sein, m'avaient permis de savoir comment les choses se déroulaient dans ce monde-là. Si Maria voulait croire son fils – et c'était tant mieux –, soit. Mais pour ma part, je n'allais pas me laisser berner par ce petit con. Il était hors de question qu'il foute sa vie en l'air. Je ne le permettrais pas. Tant que je serais dans les parages, je ferais tout ce qui serait en mon pouvoir pour couper l'herbe sous le pied à ce genre de criminels.

Est-ce que c'était un risque ? Certes. Je ne dirais pas que je n'avais rien à perdre, parce que c'était bien le cas. J'avais ma famille, mes amis, mon affaire... Elena. Je me retrouvais dans une position assez similaire à celle que j'avais vécu quelques années auparavant, mais je n'avais pas peur. J'étais plus intelligent, avisé, qu'auparavant. Ce que j'avais vécu pendant tout ce temps avec mon gang m'avait forgé, conditionné. Moi aussi, je pouvais être sans pitié si la situation devenait extrême. Ce n'était pas des petits dealers qui allait me foutre la trouille. Ces gangs de bas-étage seraient toujours à l'ombre des Anges et des Corbeaux, combien même ils aient été dissous. Rien ne pourrait changer ça.

Le restaurant qui me faisait face était loin d'être bondé, pourtant, il était plus de midi. À ces heures, les clients devraient déjà être arrivés. Derrière la baie vitrée, je voyais certains employés assis à des tables en train de se tourner les pouces. Je les reconnaissais à cause de leurs uniforme ridicules jaune canari.

Rafael avait promis de ne travailler ici que lors de son temps libre afin de retourner assidument en cours. J'espérais que c'était vrai et que je ne le croiserais pas aujourd'hui ici, sinon il allait m'entendre. D'ailleurs, dès que mes doutes seraient confirmés, je causerais sérieusement avec sa mère pour qu'elle l'oblige à quitte ce job. Il ignorait à quel point il mettait son avenir ainsi que sa vie en danger.

Oui, j'avais l'impression d'être un papa poule, mais je m'inquiétais pour ce môme. Il avait les moyens de se barrer d'ici, alors non, je ne permettrais pas qu'il foute tout en l'air. Je n'allais pas le laisser commettre les mêmes erreurs que moi.

Je sortis de ma voiture et entrai dans le local. À première vue, il n'y avait rien de suspect : c'était un restaurant mexicain spécialisé dans le poulet, comme il y en avait plein dans la région. Tout semblait à sa place, rien d'étrange à l'horizon. La propreté était également d'ordre. Les mobilier était en parfait état, le sol brillait tellement qu'on aurait pu manger dessus. Et ce fut justement ce genre de détails qui commença à me faire tiquer.

Même dans les meilleurs restaurants, il y avait souvent des failles, pourtant, dans ce bouiboui perdu aux abords de Liberty, je ne voyais strictement rien à redire. Si j'allais dans les cuisines, j'étais certain que tout serait impeccable, or ce n'était pas normal. Pour moi, tellement d'ordre et de propreté n'étaient qu'une belle façade. Personne ne pourrait les dénoncer pour insalubrité ou quelque chose de semblable qui attirerait le regard des autorités sanitaires. Tout était beaucoup trop parfait et ça schlinguait le fake à plein nez.