Paradis Retrouvé (Tome 3 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

Chapitre 35 - Elena

Ça faisait une heure que j'entendais parler Dickson, tout autant de temps que je me préparais à mettre un terme à notre « relation ». Il ne cessait de jacasser, de me raconter ses petits soucis liés à son boulot ou encore le sale coup qu'un de ses collègues lui a fait la semaine dernière. J'étais arrivée à un stade où je m'en contrebalançais royalement.

Toutefois, je ne voulais pas paraître brutale et impolie, même si je rêvais qu'il ferme sa bouche et me laisse enfin en placer une. Depuis des semaines c'était ainsi à chaque appel. J'étais venue à me demander s'il ne sentait pas la nouvelle arriver, voilà pourquoi il ne me laissait jamais parler. Mais cette fois, j'en avais marre, je ne pouvais plus le supporter. Que ce soit lui ou sa causette. Il fallait que je mette un terme à cette farce, parce que je n'en pouvais plus.

Nos moments vécus ensemble restaient précieux pour moi, ceux-là même qui m'avaient poussé à le pardonner après la scène qu'il m'avait faite lors du mariage de Mayim. Je m'étais voilée la face, sans doute parce que c'était plus simple. Andrew avait raison : j'étais lâche. J'aurais dû rompre avec lui cette soirée-là, alors qu'il m'avait manqué grandement de respect puis qu'il s'était montré infect avec tout le monde. À ce moment-là, j'aurais dû couper les ponts au lieu de vouloir laisser le temps ainsi que la distance s'en occuper.

Puis tandis qu'il continuait à déblatter un flot de paroles qui finit par ne plus m'atteindre, je me perdis dans mes pensées. Je revivais la discussion que j'avais eue avec Hector dans sa voiture, à tous les sentiments qui m'avaient submergé ces derniers jours où je savais enfin la vérité. J'attendais que Tyler déballe son sac, mais comme à son habitude, il ne le ferait pas tant que je ne l'aurais pas poussé dans ses retranchements. C'était horrible la manière dont il gardait tout pour lui. La façon dont il croyait qu'il devait gérer ses soucis tout seul. Il l'avait déjà fait dans notre adolescence, il l'avait fait lors de notre rupture et il continuait encore aujourd'hui à avoir le même comportement. Celui-là même qui me déchirait l'âme tout comme le cœur.

Ce comportement m'énervait aussi tellement ! Il ne se rendait absolument pas compte qu'il n'était pas seul dans ce monde, qu'il pouvait faire confiance à ses amis... à moi. Je comprenais désormais pourquoi il avait coupé les ponts avec tout le monde, avant de revenir il y a deux ans. Tout reprenait un sens. Du coup, je m'inquiétais pour Carmen ainsi que pour la façon dont elle avait pu digérer cette nouvelle. D'abord apprendre que son petit fils était un criminel, pour finalement en résulter qu'il ne l'était que pour aider les autorités... Ça avait dû la soulager et en même temps la mettre tellement en colère !

— Allô Ellie ? Ici la Terre !

Je me concentrai à nouveau sur l'écran de mon ordinateur. Dickson semblait amusé, mais je savais qu'au fond il était irrité que je ne lui porte pas mon entière attention. Au moins, il s'était rendu compte que je ne l'écoutais plus.

— Qu'y a-t-il mon cœur ? Je te sens distante.

Dis-donc, il en avait mis du temps pour s'en rendre compte ! Et pourtant, il ne fallait pas être Einstein pour ça.

— Je te manque, c'est ça ?

Pas du tout, il ne l'avait pas fait. Pas même un seul instant. C'était assez triste de penser ça alors qu'on sortait depuis un an et qu'on envisageait même d'emménager ensemble. Mais une soirée avait suffi pour tout changer. Enfin, pas vraiment, ce serait mentir.

— Écoute Dickson, soupirai-je. Il faut qu'on parle.

— Ce n'est pas ce qu'on est en train de faire ? ricana-t-il. Une petite session webcam un peu plus caliente ça te dit ?

Je levai les yeux au ciel, serrai les dents et m'efforçai de ne pas l'envoyer se faire voir. Il avait plus d'une fois demandé à ce qu'on s'échange des nudes ou encore qu'on fasse des appels cochons : j'avais toujours refusé.