Chapitre 19 - Tyler (Tome 3)

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Appuyé contre le flanc d'une voiture en pleine réparation, Tony – bras croisés – me fixait avec sévérité. Il venait à peine de rentrer de son voyage de lune de miel et avait appris qu'Elena était restée en ville au lieu de retourner à New York, car, miraculeusement, on lui avait fait une offre d'emploi au lycée de Dayton, lieu où j'avais tendance à aller pas mal ces derniers mois à cause de l'organisation à but non lucratif que j'avais fondée.

De plus, mon meilleur ami me connaissait comme s'il m'avait fait. Trop d'années d'amitié et de camaraderie pour que quelque chose lui échappe.

— Alors, c'étaient bien ces petites vacances à Miami ?

— C'est toi, pas vrai ?

— De quoi ? répondis-je innocemment en faisant ma troisième vidange de la journée.

Non très loin de là, un moteur m'attendait pour que je l'assemble, après avoir dû le démonter afin de savoir où résidait le problème : le client avait acheté cette belle Impala noire du soixante-sept à un prix dérisoire seulement quelques mois plus tôt. Il était venu au garage en certifiant que la voiture peinait à démarrer alors que le moteur était neuf... du moins, c'était ce qu'on lui avait certifié lors de l'achat. La belle arnaque bien évidemment, le moteur n'avait pas dû être remplacé depuis au moins une bonne vingtaine d'années. Certes, la carrosserie de la beauté ainsi que l'intérieur étaient dans un état impeccable, mais le moteur était complètement kaput. Et l'achat de ce dernier allait être encore plus cher que l'acquisition de la caisse, étant donné que premièrement il ne serait pas neuf – car des voitures comme ça on n'en fabriquait plus depuis belle lurette – et ensuite, en obtenir un d'occasion allait s'avérer super compliqué et si j'en arrivais à en trouver un, le prix serait exorbitant. Il m'avait dit que la voiture lui avait coûté deux-mille cinq-cents dollars, le moteur lui couterait sans doute le même prix, sinon plus. On pouvait dire qu'on la lui avait mise bien à l'envers.

Bref, ce que j'allais lui annoncer lorsqu'il reviendrait demain n'allait pas lui faire plaisir.

— Comme par hasard, un jour après le mariage, Webber contacte Elena pour lui proposer le poste de conseillère d'orientation, alors qu'il l'a croisée le jour d'avant à l'église, raisonna-t-il. Tu ne me prendrais pas pour un con ?

J'essayai de réprimer un rire, mais ce fut pour ainsi dire impossible.

— Moi ? Jamais, tu le sais bien.

— C'est toi qui as contacté Webber pour qu'il lui propose le job, avoue.

Je soupirai. Définitivement, il me connaissait beaucoup trop bien. Si nous étions mariés, notre flamme s'éteindrait bien vite.

— Disons... que j'ai laissé sous-entendre pendant une conversation au lendemain de ton mariage, très tôt le matin alors qu'elle dormait dans ma chambre, qu'elle serait une bonne candidate pour ce poste.

— Dans ta chambre ? Vous avez... enfin tu sais ?

J'éclatai de rire. Bon dieu, le mariage le rendait prude ou c'était quoi son soucis désormais ?

— Couché ensemble ? Non, elle était bourrée à mort, elle a dormi sur mon lit et moi, sur le canapé.

Oui, cette fois-là, je n'avais même pas voulu prendre le risque de rester auprès d'elle. Tout d'abord, lorsqu'Elie n'était pas dans son état normal, elle avait toujours tendance à se désaper, peu importe qui se trouvait devant. Lorsqu'elle avait commencé à ôter sa robe, j'avais eu énormément de mal à me contrôler, mais je m'étais fait une raison et l'avais tout simplement bordée. En partant de la fête, elle roupillait, cependant lorsque nous étions arrivés chez moi, bien qu'encore sous les effets de l'alcool, elle avait ouvert les yeux et avait à nouveau tenté de m'embrasser, chose que j'avais évité de justesse. Une fois dans le lit, j'étais sorti de la chambre et avais à peine fermé l'œil de ce qui restait de nuit.

Paradis Retrouvé (Tome 3 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant