Paradis Retrouvé (Tome 3 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

Chapitre 29 - Tyler

Ma respiration s'accélérait au fur et à mesure qu'elle parlait, n'ayant pas l'intention d'en rester là. Et qu'est-ce que ça m'énervait qu'elle soit aussi butée ! Ce que je lui avais dit était vrai : elle ne voulait pas jouer dans la cour des grands. Peut-être bien qu'elle s'était rendue compte de la magouille mise en place par ces types, mais à aucun moment elle n'était consciente du danger auquel elle s'était exposée, et ça, ça me mettait hors de moi.

Ses agissements en pensant au bien des autres me donnaient envie de lui hurler à quel point elle était stupide. À quel point ça ne lui attirerait que des ennuis de fourrer son nez dans les affaires des autres. Moi, c'était différent, je connaissais le milieu comme la paume de ma main et je n'avais rien à perdre. Rafael était mon affaire, pas la sienne !

Elle se défendait face à mes attaques verbales, que d'ailleurs je ne contrôlais plus. J'avais l'impression qu'une espèce de sombre connard avait pris possession de moi, mais ce n'était là que le reflet de ma grande inquiétude vis-à-vis de sa sécurité. Je voulais que les infos lui rentrent dans le crâne pour que plus jamais elle ne fasse une bêtise pareille. Son rôle était d'orienter ses élèves vers un avenir, pas de fourrer son nez dans leurs affaires, surtout lorsqu'elles étaient d'une telle envergure. Un parent violent, un deuil, un harcèlement scolaire... d'accord, dans ce genre de cas, elle avait carte blanche pour se mêler de la vie de qui elle voudrait. Mais là, il était question d'une tout autre chose et le pire là-dedans, c'était qu'elle le savait. Toutefois, elle était suffisamment bête pour croire qu'il n'y aurait aucune conséquences sur ses actions.

Ce que j'avais fait dans le restaurant, le culot dont j'avais fait preuve, ne resterait pas impuni. D'ici peu de temps, je recevrais sans doute une visite de leur part. Il ne fallait pas se leurrer, je savais parfaitement où je mettais les pieds lorsque j'avais proféré mes avertissements. Mais son entêtement me rendait complètement marteau. Elle ramenait l'affaire de la soirée chez Schmit sur le tapis afin de décrédibiliser mon autorité. Peut-être bien que je ne lui avais pas donné d'explications là ou par le passé, mais dans tous les cas, je l'avais fait pour sa sécurité. À chaque fois, il n'y avait que ça qui comptait, mais elle ne voyait pas plus loin que le bout de son parfait petit nez.

Plus les secondes passaient et plus mon sang bouillonnait dans mes veines, embrasant chaque parcelle de mon corps. Mon rythme cardiaque résonnait dans mes tympans, m'isolant des reproches qu'Elena me balançait.

Lorsque je lui dis de se limiter à squatter son bureau, je me rendis compte que j'avais touché une corde sensible, car elle contrattaqua. Elle commença à ironiser sur le fait de n'avoir jamais fait partie d'un gang et à s'excuser d'avoir toujours eu une vie normale. C'était une manière détournée pour elle de me faire des reproches. Elle avait sans doute raison de me balancer tout ça, mais mon Dieu, qu'est-ce que ça me mit hors de moi !

Ce n'était pas sa faute, elle n'était au courant de rien et j'avais tout fait dans ce but-là pendant des années. Encore aujourd'hui, j'avais l'impression de marcher sur des œufs pour ne pas la brusquer avec la vérité. Elle éclaterait bientôt, mais plus on avançait, plus j'avais la sensation que nous régressions. Cette rancœur qui la consumait, et ces regrets qui me tenaillaient, nous faisaient dire des choses dont nous ne pensions pas un traite mot. Du moins, en ce qui me concernait.

— Au moins je ne suis allée menacer personne, contrairement à quelqu'un d'autre, me reprocha Elena après avoir avoué le but de ma petite visite.

— Tu ignores comment fonctionne ce monde. Je n'allais pas me pointer là-bas et leur demander bien gentiment de cesser leurs magouilles. Grandis, bordel !

Elle arqua un sourcil et me foudroya du regard, l'air de vouloir me dégommer.

— Le seul qui doit grandir ici, c'est toi ! Je pensais que tu avais évolué, mais t'es encore le même gamin d'il y a six ans !