Paradis Retrouvé (Tome 3 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

Chapitre 18 - Elena (Tome 3)

Assise à mon bureau, je plaçai mon clavier sans fil ainsi que ma souris parfaitement sur ce dernier, tout comme diverses pochettes qui le jonchaient. Devant moi se trouvaient les dossiers académiques d'élèves du lycée de Dayton qui étaient considérés comme urgents.

Ça faisait plus d'une semaine que j'avais intégré mon nouveau poste, temps pendant lequel je m'étais familiarisée avec ces derniers, afin de les connaître le plus possible avant de les convoquer pour les rencontrer et ainsi, voir de plus près où est-ce qu'ils se voyaient dans cinq ans. Dans le meilleur des cas, je les guiderais afin d'atteindre leurs objectifs et dans le pire... j'essayerais de les persuader de faire quelque chose de bien de leurs vies.

Il s'agissait de sept adolescents, filles et garçons confondus, mais il y en avait un qui était d'urgence capitale : Rafael Marquez. Ses résultats ne cessaient de chuter depuis l'année dernière, alors qu'il avait toujours été un élève appliqué. Il semblait y avoir eu comme un déclic, quelque chose dans sa vie devait sans doute s'être vu chamboulé pour qu'il perde un tel intérêt pour les études. Si son cas était alarmant, c'était tout simplement parce qu'il avait aussi eu un comportement irrespectueux, voire agressif envers ses camarades ou encore des professeurs.

En fouillant davantage dans son historique, je m'étais rendu compte qu'il était le fils aîné de Maria, la femme qui servait de nourrice à Tyler lorsqu'il était au lycée... et peut-être bien même après, je n'en savais rien.

J'avais en tête à quel point la région avait souffert de la crise qui avait suivi le Covid, d'ailleurs, nous étions toujours en plein dedans. Je comprenais parfaitement que les gens avaient besoin d'argent pour manger, payer leurs factures, bref, vivre, tout simplement. Dayton de base n'était pas une ville ouvrière, elle dépendait de Houston, c'était là-bas que le travail se trouvait. Il y avait certes certains commerçants dans cette ville, mais pas des masses et beaucoup de commerces du peu qu'il y en avait s'étaient vus dans l'obligation de fermer boutique.

La nécessité avait poussé beaucoup de monde, jeunes et pas tant que ça, à se tourner vers la vente illégale de stupéfiants. Cannabis, crack, coke, héroïne et tout un tas de dérivés chimiques plus meurtriers les uns que les autres, sans parler aussi du trafic d'armes. Il n'y avait pas une ethnie plus impliquée qu'une autre, non, pour une fois, ils étaient tous sur un pied d'égalité. Les gangs s'étaient repus de la misère d'autrui pour grossir leurs rangs, ou même, des tous nouveaux avaient vu le jour à la suite de la pandémie qui avait plongé le monde dans le chaos pendant de longs mois d'incertitude.

Les gens avaient survécu, et le faisaient encore, de la seule manière qu'ils pouvaient et qui était à leur portée. Car si la pauvreté aux États-Unis était bien marquée quelques années auparavant, désormais, c'était pire. La brèche entre la classe moyenne et les riches n'avait jamais été aussi grande.

Rafael Marquez n'avait que seize ans, une mère jeune, qui arrondissait autrefois – et peut-être encore maintenant – ses fins de mois en cachant de la cocaïne chez elle. Il avait également un frère deux ans plus jeune. Il se retrouvait à être l'homme de la famille, son père s'étant fait tuer en prison alors qu'il était petit. Je me souvenais de leur histoire, car Tyler m'en avait parlé une fois, ayant voulu en savoir plus sur la femme qui l'aidait.

L'histoire de cette famille me rappelait sous bien des égards celle de Ty, qui avait simplement voulu aider sa mère et qui s'était endetté avec un gang.

Mon rôle n'était pas de juger les choix de Rafael, simplement de lui montrer qu'il en avait plein d'autres et que mettre sa vie en danger pour un peu d'argent n'en valait pas la peine. Dans le dossier, il n'était pas dit qu'il vendait de la drogue, c'était Dany qui m'en avait parlé lorsque j'étais allée lui demander, deux jours plus tôt. Il s'avérait également que tous deux étaient amis et se connaissaient depuis l'école primaire. C'était grâce à mon petit frère que j'avais pu avoir tellement d'informations à son sujet.