Chapitre 37 - Elena

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Ces mots franchirent la barrière de mes lèvres sans même les avoir pensés. Il fallait croire que je n'en pouvais plus de faire semblant, d'agir comme si je ne savais rien, alors que j'étais au courant de tout. Lui, contrairement à moi, pouvait continuer à mentir. Il le faisait depuis des années maintenant.

Voilà que je lui donnais l'opportunité de tout me dire, mais qu'il continuait à me prendre pour une idiote. Pourquoi étais-je donc amoureuse d'un homme pareil ? Lorsqu'il décidait de ne pas s'ouvrir, il pouvait se fermer comme une huître. Désormais, j'apprenais que les patrons de Rafael l'avaient menacé, et il comptait encore tout garder pour lui. Encore une fois pour me protéger. Quand les mots « Il ne vaudrait mieux pas que tu te frottes à moi » étaient sortis de sa bouche, je m'étais vue projetée six ans en arrière, sur cette promenade sur la plage.

Je m'étais dite que j'attendrais qu'il vienne à moi, qu'il se confierait lorsqu'il serait près, mais j'avais oublié quelque chose d'essentiel : Tyler ne déballait son sac que quand il était au pied du mur, avec un ultimatum lui pendant au bout du nez. À chaque fois par le passé, c'était moi qui avais dû lui tirer les vers du nez. À. CHAQUE. MAUDITE. FOIS.

Là, je n'en pouvais plus d'attendre. Ça allait bientôt faire deux semaines que je me taisais, je ne souhaitais pas continuer comme ça. Ça me tuait de l'intérieur de tout savoir, mais de ne pas pouvoir lui en parler. J'en avais marre de poiroter, d'attendre qu'il ait la bonne idée de venir se confier.

C'était toujours moi qui avais fait le premier pas, pourquoi cela devrait être différent désormais ? Je ne désirais pas être en colère, pourtant, c'était bien le cas en cet instant. Mon sang bouillonnait dans mes veines, je voyais rouge tandis que mon cœur battait à un rythme démesuré et que mes membres tremblaient de colère.

Tyler passa une main sur son visage après avoir éteint le feu de la gazinière et déposé la poêle sur un torchon au niveau du plan de travail.

— Qu'est-ce que tu crois savoir ?

— Je sais pourquoi tu as rompu et pourquoi tu es retourné auprès du gang. Hector m'a tout raconté.

Il souleva un sourcil, l'air surpris ainsi que contrarié.

— Il n'avait pas le droit de t'en parler.

— Ni toi de me le cacher ! explosai-je. C'était ma vie aussi, Tyler ! J'avais le droit de savoir !

Mon ancien petit ami serra les dents pour reculer de deux pas afin de garder son calme. Il croisa ses bras sur son torse sans cesser de me contempler, furax. Il n'avait pas le droit d'être en colère ! La seule avait droit de passer mes nerfs en cet instant, c'était moi, pas lui.

— Tu m'as regardé en face et tu m'as fait croire que tu avais cessé de m'aimer, continuai-je, la voix tremblante. J'ai pensé pendant des années que ce que tu avais dit était vrai !

— Tu aurais dû savoir que non, murmura-t-il.

— Tu rejetes la faute sur moi, maintenant ?!

— Non ! Bien sûr que non, Elie ! J'ai dû payer pour mes erreurs, je ne voulais pas t'entrainer dans mon enfer. Je savais où frapper pour te faire le plus mal possible. Je voulais que tu me détestes pour que tu puisses passer plus vite à autre chose...

— Eh bien, c'est raté, espèce de connard ! Ta tactique a juste suffi à me tuer le cœur et à m'anéantir le cerveau ! Je n'ai cessé de penser à toi à aucun moment ! Pas même lorsque je voulais m'auto-convaincre que j'avais tourné la page. Tu as toujours été là, au plus profond de mon cœur et de mon esprit, en train de me hanter. J'espère que tu es content d'apprendre ça.

Paradis Retrouvé (Tome 3 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant