Paradis Retrouvé (Tome 3 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

Chapitre 10 - Tyler (Tome 3)

Assis tous ensemble dans le carré VIP du club Havana, j'avais l'impression de faire un bond dans le temps et d'avoir à nouveau dix-huit ans, pourtant, six années s'étaient écoulées entre la dernière fois que nous nous étions tous réunis et maintenant. Ça m'avait l'air d'être une putain d'éternité.

Les gars semblaient tous être en forme et heureux avec les vies qu'ils menaient respectivement. C'était vraiment bon à savoir, je m'étais inquiété plus d'une fois pour eux au cours de ces années. On ne pouvait pas dire que le fait que j'aie coupé les ponts avec toutes les personnes qui faisaient alors partie de ma vie ait aidé à avoir de leurs nouvelles, mais ils semblaient avoir oublié ce que j'avais fait. Une fois que j'étais revenu, que je les avais contactés chacun leur tour, ils ne m'avaient pas posé de questions, ils s'étaient simplement réjouit que j'aie laissée cette vie derrière moi.

Contrairement à beaucoup de personnes qui ne connaissaient pas l'entière vérité, ils ne m'avaient jamais jugé, ni récriminé quoi que ce fut. On s'était séparés, mais nous étions restés amis. Voilà pourquoi j'avais en cet instant l'impression de retourner en adolescence et ça faisait un bien fou.

— Bon ! dit Pablo après avoir rigolé un bon coup. Je pense que nous devons partager les gains, combien avions-nous misé au juste ?

Il parlait du pari qu'on avait fait la même soirée où Tony et moi nous étions faits arrêter par la police. Cette même soirée où tout mon avenir avait volé en éclats pour m'enchaîner pendant quatre longues et interminables années aux gangs Los Angeles de Calaca et Los Cuervos de la Noche. Désormais, ils n'étaient rien d'autre qu'un mauvais souvenir, comme tout ce que j'avais dû faire pour aider les fédéraux.

— Euh... je crois que nous avions parié dix dollars chacun, non ? demanda Nando.

— Je ne suis au courant d'aucun pari, renchérit Diego en levant les mains et n'ayant aucune intention de lâcher dix balles comme ça.

— Tu as misé sur moi, espèce d'idiot, lui rappelai-je.

— Bordel, j'avais oublié que tu avais une mémoire d'éléphant.

— Et pas que la mémoire ! éclata de rire Nacho.

Je levai les yeux au plafond et ne pus m'empêcher de ricaner à mon tour. Cette ambiance m'avait drôlement manqué. Avec Tony, on n'avait pas vraiment d'occasions de faire la fête comme ça, généralement, après le boulot, j'allais jouer au billard chez Hyke's, je trainais avec des gens du bar, je buvais un coup et rentrais auprès de Chewie, ou alors j'allais rendre visite à Naya. Elle était toujours d'attaque pour se défouler, dès qu'elle ouvrait le seuil de la porte et voyait qu'il s'agissait de moi, elle me sautait littéralement dessus.

Toutefois, l'ambiance avec toute la bande réunie me manquait énormément. Je regrettais ces moments de jeunesse, désormais, j'avais la sensation de ne pas en avoir profité assez.

Ainsi, nous posâmes chacun notre tour un billet de dix dollars sur la table et Pablo, en tant que bookmaker, répartit les gains entre ceux qui avaient parié pour Tony, dont je faisais partie. On dirait bien que j'avais misé sur le bon cheval à l'époque. Je ne m'étais pas du tout trompé.

La soirée fut arrosée, du moins, pour moi et les autres, car le futur marié refusa de toucher à plus d'un verre d'alcool. Il devait sans aucun doute avoir peur que Mayim lui fasse la morale si jamais il rentrait ivre comme un coing.

Pour ma part, on pouvait dire que je m'étais complètement déchiré le foie, car j'avais bu autant que j'avais voulu, sans ne me soucier de rien un seul instant. La seule qui pourrait se plaindre de ma gueule de bois demain matin, ce serait ma chienne. J'avais vraiment envie de m'amuser, de lâcher complètement prise et surtout, de ne penser vraiment à rien. Et qui disait rien, disait Elena O'Neal.