Jin
Mon passé... Par où commencer ?
- Mon père est en taule pour avoir tué l'agresseur de ma mère, qui elle-même est devenue droguée après ça.
Elle tire une tronche... C'est assez drôle à voir.
- Malgré tout, elle a essayé de toujours être là pour moi. Elle a fait une cure de désintox et pendant ce temps là, j'ai été vivre chez mon partenaire de crimes, j'ai nommé : Baram.
- Baram ?
- Ouais. On se connaît depuis tout petits. Nos parents se connaissaient bien, du coup quand les miens ne pouvaient plus s'occuper de moi, c'est les siens qui m'ont accueilli.
Les pauvres !
- Quand ma mère est sortie de sa cure, elle a repris sa vie en main, a trouvé un homme qu'elle appréciait beaucoup et qui tenait à elle. J'avais treize ans quand mon petit frère est venu au monde.
- Et pour ton père ?
- Ma mère continue d'aller le voir régulièrement, il utilise ses crédits d'appels pour moi. J'essaie d'aller le voir de temps en temps, mais je le connais pas tant que ça, alors des fois, j'ai pas trop le courage.
- Il lui reste encore longtemps ?
- Ouais, quelques années. Mais tu sais ce qui est bien ?
- Quoi ?
- Si ils sont dans la même prison, il peut totalement aller casser la gueule de ton ex beau frère.
Elle éclate de rire.
- On va éviter de lui allonger sa peine !
Au point où il en est de toute façon...
Bon, il font quoi les deux cons là ?
Frankenstein s'approche, sans sourciller, et enfile des gants.
Elle examine la scène sous toutes les coutures, et essaie de toucher le moins de choses possibles.
- OK, j'ai trouvé le corps de votre ami, dit-elle, à quelques mètres de moi.
Je commence à la rejoindre, et découvre une jambe dépasser de derrière un buisson.
Derek arrive à ce moment-là, et elle le brief. Il écoute sans jamais l'interrompre, ce que je pensais impossible, et il réfléchit.
- Le corps à été déplacé ?
- Non. Il a été décapité ici. On a une trace de pas juste là, dit-elle en pointant du doigt ladite trace ensanglantée.
- Le tueur, demande Baram.
- Très certainement. Ou l'un de ses complices. Il a marché dans le sang, et a laissé ses empreintes. De plus je peux assurer qu'il s'agit là d'un quarante-cinq, et notre victime ne faisait qu'un quarante-deux.
- OK, donc, homme, fort, pointure quarante-cinq, énonce Derek.
Elle examine encore la dépouille en silence et avec beaucoup de minutie.
- Ça fait combien de temps que le corps est ici, en train de se décomposer ?
- Une semaine et demi. Ça correspond avec l'autre corps.
Elle regarde les mains du cadavre et s'arrête d'un coup.
- OK. Rajoute que notre homme doit avoir un sacré œil au beurre noir. Au vu des marques sur les métacarpes de ce cher monsieur le mort, le tueur s'est pris une sacrée branlée. Potentiellement des fractures faciales si on prend en compte la carrure de la victime.
- Il est blessé ? Mise à part les marques de torture post-mortem je veux dire.
- On sait que sur son visage, il n'y a rien. Pour son corps, va falloir le ramener au club, histoire que je puisse l'examiner.
- J'appelle les prospects, dis-je.
- Dis leur de venir tout nettoyer. Faudrait pas que quelqu'un tombe la dessus. Et faites un stock de peroxyde d'hydrogène. Ça efface les traces de sang. Même les lampes ultraviolets ne pourront rien révéler.
Je la regarde effaré.
- Quoi ? Mieux vaut prévenir que guérir !
- T'es pas censée travailler pour les flics à la base ? C'est de la destruction de preuves ça.
- Je les aies moi les preuves. Et que je sache, à partir du moment où j'ai accepté de ne pas faire ouvrir une enquête officielle pour homicides, j'étais dans l'illégalité.
Et c'est vrai.
- Je suis toujours à temps d'appeler les flics.
- C'est moi les flics, répond son cousin.
Elle hausse les épaules.
- Va analyser ce qui peut l'être. Moi je vais chercher la tête qui nous manque.
Et quelque chose me dit qu'elle n'est pas très loin de l'énorme flaque de sang, devant l'espèce de grotte bizarre.
- Elle fait un super boulot, me dit mon président et ami.
J'opine du chef.
- J'ai l'impression de servir à rien, ça m'énerve.
- Alors rends toi utile, et appelle les prospects.
Ouais, super, merci Baram.
- Je l'ai, cri une voix, ce qui nous fait sursauter.
Je m'empresse de la rejoindre pour lui tendre son appareil photo.
Oh bordel de merde, c'est absolument dégueulasse. Ça ressemble même pas à un truc qui a été humain.
- Ouais, les animaux sauvages sont passés par là. Tout comme pour le corps de votre ami. Mais je sais ce qui a été causé par eux ou non, donc ça va pas me ralentir.
- On sait toujours pas qui c'est du coup.
Un grand sourire prend place sur son visage.
Elle nous met la tête pile devant les yeux, et lui ouvre la bouche. Limite comme si elle ouvrait un écrin pour nous y présenter une bague.
- Il a encore toutes ses dents !
- Et alors ?
- Et alors, quand on veut cacher un corps et effacer l'identité de la victime, on se débarrasse de ses dents pour empêcher toute identification !
Bon, j'imagine que je dois pas chercher à comprendre. C'est un truc scientifique.
- Bon, je peux affirmer qu'ils ne sont pas morts ici. Ils ont été déplacés pour être décapités.
- Donc on a toujours pas de scène de crime.
- C'est pas grave. On a déjà beaucoup. La scène de crime, ça pourrait très bien être le sous-sol du meurtrier, donc on n'a aucun moyen de la trouver pour le moment. Faut composer avec ce qu'on a.
Ses yeux sont partout à la fois.
- Je pense qu'il était seul. Le sol n'a pas été trop remué. Malgré plusieurs semaines écoulées, on peut encore clairement distinguer ou est-ce qu'il a été foulé ou non. Si ils avaient été plusieurs, ça aurait couvert une plus grande zone.
- Comment transporter deux corps sur autant de kilomètres, sans voiture ?
- Il ne les a pas décapités au même moment. C'est pour ça que je dis que ce taré doit être costaud. Il a marché jusqu'ici avec un poids mort, juste pour pas laisser de traces chez lui. Il l'a même fait deux fois.
- Pourquoi ici ?
- Parce que c'est calme, et qu'à la réouverture des routes, des randonneurs seraient forcément tombés dessus. Et donc auraient alerté la police.
Je ne dis rien, connaissant déjà la suite.
- Des morts, l'un sans tête, l'autre sans corps, on sait tout de suite qui accuser.
Les Undead Ahead.
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Undead Ahead : The Tale of the Midnight Ride
Teen FictionLes Undead Ahead n'ont jamais aussi bien porté leur nom. Entre des têtes envoyées comme des colis à la poste, ceux que l'on croyait morts qui reviennent miraculeusement à la vie, et des corps sans têtes, éparpillés un peu partout; ce club de bikers...