Katie
Après avoir passé la pire nuit de toute ma vie, une nouvelle flopée d'examens, et une décharge signée, j'ai pu enfin sortir de cet endroit maudit.
Je ne dis rien, je ne parle à personne... de toute manière, ce serait pour dire quoi ?
Jin non plus n'a pas ouvert la bouche.
Je crois qu'on a besoin de faire le point sur nous même, avec nous même.
Le silence dans la voiture pour une fois est assez malsain. Moi qui l'apprécie tant d'habitude. Aujourd'hui, il est nécessaire, mais il me dérange.
Jillian se gare devant le club, mais je l'empêche de sortir de la voiture en posant ma main sur sa jambe.
Il se tourne vers moi d'un air interrogateur.
- Je veux pas rester ici... j'ai besoin de changer d'air. D'être tranquille, au calme et isolée.
- Rassure moi... t'es pas en train de me quitter, hein ?
La panique découle dans chacun des mots qu'il prononce.
- Non, je te dis juste que je veux rentrer chez moi, dans mon appartement. Avec toi. Juste nous deux et Cerbère. Sans personne d'autre.
Pour une fois, je veux de l'intimité.
J'ai BESOIN d'intimité.
Il hoche la tête, et presse ma main avec la sienne.
- Reste ici. Je vais chercher nos affaires et le chien. Je reviens.
Je tente un sourire, mais tout ce qui en ressort est une sorte de grimace de douleur.
Parce que mon visage est empreint de la douleur dont souffre mon cœur.
Il part vers le bâtiment, et je me retrouve seule avec mon esprit et moi-même.
Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort que mon portable sonne.
Bordel de merde, tout mais pas ça. J'ai envie de parler à personne... malheureusement, je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil à l'identité de la personne qui tente de me joindre.
Et j'ai bien fait.
Parce que c'est le capitaine de la police. Et que donc, c'est mon boss.
Je prends mon courage à deux mains, et décroche sans pour autant me mettre à parler. J'attends juste.
- Kazana ?
- Oui.
Il soupire. Je ne saurais dire si c'est de soulagement, ou pour se donner du courage.
- Le Lieutenant Dellory m'a mis au courant de ce qui venait de vous arriver.
- Putain de Derek. Il peut pas garder sa grande gueule fermée deux minutes.
Les larmes refont leur apparition aux coins de mes yeux, et mon cœur se serre.
- Écoutez, prenez quelques congés. Reposez vous Kazana.
- Hors de question. Mon travail c'est tout ce que j'ai.
- Et bien alors, c'est un ordre. Je vous mets en repos forcé. Vous bénéficiez de congés après ce douloureux événement. Derek et moi vous connaissons. Et nous savions très bien que vous ne les prendriez pas si personne ne vous y forçait.
- C'est pour ça qu'il vous l'a dit ?
- En partie.
- Vous voulez que je fasse quoi chez moi, seule avec mon angoisse ?
- Prenez du temps pour vous. Pour vous détendre, décompresser.
Mais il s'entend parler la ?!
- Il faut que vous remontiez la pente. Et pour ça, il faut que vous commenciez par prendre soin de vous-même.
- J'y arriverais pas, dis-je en sanglotant.
- Et moi je suis persuadé du contraire. Vous êtes forte Katrina. Si il y a bien quelqu'un qui peut se relever de cette épreuve, c'est vous.
Si seulement...
En moins de vingt-quatre heures, j'ai perdu trois amis, et un bébé.
Le matin, on assassine Tommy, Tibo et Kyle... le soir, j'apprends que je suis enceinte, mais que mon enfant ne verra jamais le jour parce que j'ai une putain de malformation.
C'est quel genre de karma ça ?
Bref. Je remercie le capitaine pour son appel, même si il ne m'a guère enchantée, et ferme les yeux.
Peut-être qu'avec un peu de chance, j'arriverais à faire disparaître les derniers événements ?
Le bruit de la portière qui s'ouvre me ramène à ma triste réalité.
Jin pose nos sacs à l'arrière, et ouvre le coffre pour y faire entrer Cerbère.
Le chien ne bronche pas et s'exécute. Il voit que je suis déjà dans la voiture, donc il sait qu'il n'y a pas de danger.
Et dire qu'il l'a senti avant moi. Il restait collé à moi puis quand les douleurs ont commencé, c'est comme si il les ressentait aussi.
Quand je me disais que ça allait passer et que j'essayais de ne pas faire de bruit, lui, s'est mis à aboyer aussi fort qu'il le pouvait pour prévenir que les choses n'allaient pas.
Je me dis qu'on n'aurait pas pu éviter ce qu'il s'est produit, mais peut-être qu'il m'a épargné plus de souffrances.
Parce qu'aussitôt arrivés à l'hôpital, on m'a donné des anti douleurs.
Si personne n'avait rien su, je serais peut-être encore en train de me tordre dans mon lit.
- Tu me guides, demande Jin.
- Oui, bien sûr, désolée. J'étais dans mes pensées.
Effectivement, il n'est jamais venu chez moi. Il ne sait pas où j'habite en temps normal.
Où je suis pas censée être la cible d'un tueur en série qui fait tout pour éliminer les seules personnes capables de remonter jusqu'à lui.
Une demi-heure de route sépare le club et mon appartement. Le calme ambiant me fait somnoler.
Jusqu'à ce que je me souvienne que si je ne lui dit pas de tourner, mon copain n'arrivera jamais à la destination prévue.
Quand je pénètre dans mon chez moi, je sens que ça me fait du bien.
Un endroit familier, qui m'est personnel et qui date d'avant les Undead Ahead.
Plus aucune trace de sang ne tâche mon mur ni mon sol. C'est un bon point. Parce que c'est pas comme si ça ne me terrifiait pas ça non plus.
Sérieusement, quelqu'un veut me buter. Il s'est introduit chez moi, et m'a tiré dessus !
Enfin, techniquement c'est plus censé se reproduire, puisque le tireur c'était Letto. Et que Letto est en prison.
Mais il n'empêche que ça m'angoisse.
Je peux pas juste être tranquille deux minutes ?
Vivre ma relation toute fraîche, tranquillement et sans emmerdes ? Sans menaces, sans meurtres et sans fausse couche ?
Histoire que je puisse voir moi aussi, à quoi ça ressemble un couple normal. Même si on est loin d'être normaux.
Juste aller au cinéma, manger au restaurant, se promener, rien foutre dans le lit ensemble...
Je suis en train de tout remettre en question. Et je n'aime vraiment pas ça
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Undead Ahead : The Tale of the Midnight Ride
Teen FictionLes Undead Ahead n'ont jamais aussi bien porté leur nom. Entre des têtes envoyées comme des colis à la poste, ceux que l'on croyait morts qui reviennent miraculeusement à la vie, et des corps sans têtes, éparpillés un peu partout; ce club de bikers...