51. You can't escape

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Katie

J'arrive pas à y croire. C'est impossible. Je suis en plein cauchemar.

J'ai trop d'informations à assimiler en même temps.

J'étais enceinte ?

- Mais c'est pas possible, je prends la pilule...

- La pilule n'est pas fiable à cent pourcents. Il se peut que vous tombiez enceinte même sous traitement contraceptif.

Et... je viens de perdre mon bébé ?

- Je comprends pas...

Comment ça peut être possible ? Pourquoi ?

On me fait une blague ?

Les larmes me montent, et l'infirmière prend mes mains entre les siennes.

- Ce sont malheureusement des choses qui arrivent. Nous vous avons fait bon nombre d'examens pour déterminer la cause de cette fausse couche. Normalement nous ne sommes pas censés les faire pour une première. Mais nous préférons mettre tout de suite des mots sur des maux, et préserver la santé de nos patientes.

Jin est assis dans la chaise, le visage entre ses mains. Il n'a rien dit depuis qu'il est entré.

Juste après que cette dame m'ait dit ce qui venait de m'arriver.

Elle a été le voir dans le couloir et lui a expliqué calmement.

Il est rentré, les yeux rouges, les joues striées de larmes, puis il s'est assis et n'a plus bougé.

- Vous avez ce que l'on appelle un utérus cloisonné. Malheureusement, quarante pourcents des grossesses avec cette malformations se soldent par une fausse couche.

Une larme coule sur ma joue.

- Nous voulons vous garder avec nous, au moins toute la nuit, pour aider à gérer vos douleurs au niveau du ventre. N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quoique ce soit, d'accord ?

Je ne réponds même pas, et laisse mes yeux regarder dans le vide. Ma main se pose sur mon ventre, désormais inhabité, et une douleur vient cette fois-ci comprimer mon cœur.

Ni Jin ni moi ne parlons, pendant un long moment. Puis je sens une pression sur ma main, et la regarde.

Elle est emprisonnée par celle de mon amant qui s'est rapproché de moi, toujours en silence.

Je crois qu'il a compris que je ne voulais juste pas parler.

En même temps, après ce que je lui ai dit tout à l'heure...

Mais bizarrement, je ressens le besoin d'exprimer ce sentiment bizarre qui comprime mon cœur et qui torture mon esprit.

- Tu sais... Je déteste les enfants. Et j'en veux pas. Mais bizarrement... je me dis que lui je l'aurais voulu. Et ça me brise le cœur de savoir que ça n'arrivera jamais. À cause de moi.

Il renifle, et me regarde.

- Dis pas ça...

- C'est la vérité. C'est de ma faute.

Il secoue la tête de gauche à droite sans parvenir à dire quelque chose à cause de ses sanglots.

- J'attendais notre bébé et je ne le savais même pas ! C'est quel genre de mauvaise mère ça hein ?

- Tu pouvais pas le deviner. La dame a dit que ça faisait un mois. Certaines personnes ne l'apprennent qu'à partir du troisième mois.

- Peut-être, mais toutes les mères ne tuent pas leur bébé, sans même connaître leur existence !

J'éclate en pleurs, sans réussir à me contenir.

C'est un putain de cauchemar.

- Tu l'as pas tué...

- Si je l'ai tué. J'ai tué ce bébé que je n'ai jamais voulu, mais pour qui maintenant je donnerais tout afin de l'avoir.

Je déglutis difficilement. La boule qui obstrue ma gorge est de plus en plus imposante.

- Je comprends si tu m'en veux. Et t'aurais raison. Même si tu me déteste ou quoi...

- Arrête tes conneries Katrina, me coupe-t-il sèchement. Je t'aime d'accord ? Et c'est pas toutes les merdes qui nous tombent dessus qui vont me faire changer d'avis. Arrête de te sentir coupable, t'y est pour rien dans ce qui nous arrive en ce moment. Ni pour les meurtres, ni pour le bébé.

Je n'ose même pas le regarder dans les yeux.

- Et si tu me crois pas, dis toi que ce que je viens de te dire, je ne l'ai jamais dit à personne. Pas même à ma mère.

Je renifle, parce que mes sanglots m'empêchent de respirer correctement, alors nez qui coule ou pas, tant pis.

Au point où j'en suis, de toute façon...

Je suis épuisée. J'ai qu'une envie, m'endormir, et en me réveillant, me dire que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve.

Par la fenêtre qui donne sur le couloir, je vois Derek, tourner en rond sans arrêt et sur le point de s'arracher les cheveux.

Baram à une sale gueule, et d'après ce que je comprends, essaie de calmer mon cousin. Quand tous les deux arrivent à capter le regard dévasté de Jin, ils comprennent qu'ils y a vraiment quelque chose qui ne va pas.

- C'est certainement Baram qui l'a mis au courant. C'est pour ça qu'il est là.

Il lit dans mes pensées ou quoi ? Comment il sait que je me posais la question ?

- Je vais... je vais leur dire, dit-il en se frottant le visage. Ça te va ?

- De toute manière, est-ce que ça change quelque chose ? Cette situation me va pas du tout, et pourtant, je la vis quand même !

- Calme toi Katie.

Il m'embrasse le front, et sort.

Je fais comme si je n'avais pas vu la larme couler sur sa joue, et comme si je ne sentais pas mes yeux me brûler.

Je regarde à travers la fenêtre, et vois Jin se diriger vers ses frères, qui sont venus en grand nombre, la tête baissée. Son président pose une main sur son épaule, et je vois les lèvres de mon copain bouger.

Une fois que les mots ont passé la barrière de sa bouche, je peux voir l'émotion tous les assaillir.

Baram prend son ami qui vient de se mettre à pleurer, dans ses bras et Derek met un coup de poing dans le mur.

Chacun y va de sa marque d'affection, pour lui apporter son soutien.

Laetitia lui donne deux gobelets, et lui embrasse le crâne.

Voir ça me fait encore plus mal. Maintenant la seule chose que je lirais dans le regard des autres, ce sera la pitié.

Et je ne supporte pas ça.

Comment ça peut être possible de changer d'avis aussi radicalement en aussi peu de temps ?

En une simple fraction de secondes.

Passer de ma haine pour les enfants, à la douleur d'avoir perdu le mien.

Undead Ahead : The Tale of the Midnight RideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant