Jin
Bon, finalement, on n'était pas en retard. Mon frère est censé sortir dans cinq minutes, et nous, on est garés devant le lycée.
- Aller, viens on sort. Y a déjà pleins de gosses dehors. Tant qu'à faire remarquer mon frère, autant le faire dans les règles de l'art.
- T'es un gamin Jillian.
- Je sais !
C'est tout content, que je détache ma ceinture, et claque la portière de ma caisse, après en être sorti.
Comme d'habitude, tout le monde me regarde.
Parce que mon cuir avec pleins de clous attire l'attention... mais aussi parce que dans le dos, il y a une grosse citrouille, avec écrit "Undead Ahead MC".
Peut-être aussi parce qu'il y a écrit "Vice-président" en dessous ?
Ma foi.
Puis faut avouer que je suis vraiment carrément beau gosse.
C'est pas moi qui le dit. C'est Katie.
Et elle a raison.
Bref, mes tatouages attirent l'œil, mes piercings attirent l'œil, et mon cuir attire l'œil.
Je suis un aimant à regard.
Et j'adore ça.
Sauf quand on me vole la vedette, comme maintenant. Parce que le Docteur Frankenstein s'est décidée à sortir de la voiture, et que c'est un avion de chasse.
Le décolleté de son débardeur ne laisse absolument pas place à l'imagination, son pantalon noir et sa grosse ceinture lui marquent la taille...
Ses bottines à talons la rendent plus grande et lui allongent les jambes. Et enfin, cette veste noire, à manches longues, qui lui arrive sous les fesses vient compléter sa tenue.
- T'as fini de me mater oui ?
- Tout le monde ici te mate.
- Ouais, mais eux c'est des gosses. Tu veux qu'ils fassent quoi ? À part rêver de moi à poil, je veux dire.
Je lève les yeux au ciel, et l'attrape pour l'embrasser, tout en la plaquant contre la portière de ma voiture.
- Maman m'avait prévenu que ce serait toi qui viendrait. Par contre, j'avais pas prévu que tu sois sur le point de tourner un porno, Jin.
Je tourne vivement la tête à l'entente de cette voix, et aperçois mon frère, son sac à dos à l'épaule, et les bras croisés.
- T'étais trop long.
- T'es jamais content.
- Je confirme, dit Katie.
Tristan la détaille minutieusement.
- Ouais, alors par contre, autant je m'en fous qu'eux, ils la reluquent, que toi, évite de regarder ma nana trop longtemps s'teuplait.
Il ouvre grand les yeux, et sa bouche forme un "O".
- Ta nana ?
- Ouais. Kat, Tristan, Tristan, Katrina. Et oui, c'est vraiment ma copine. Non ce n'est pas une blague, et oui, ça fait plus de deux semaines qu'on est ensemble. Non, ce n'est pas une actrice que je paie pour faire croire à maman, oui, elle a un travail, et oui, elle connaît le club.
J'avais déjà prévu toutes ses questions.
- Elle est consentante ?
- Pourquoi je le serais pas ? T'as bien regardé ton frère ? Qui ne serait pas consentant à sortir avec lui ? Vous posez vraiment des questions bizarres dans cette famille.
Elle secoue la tête, et retourne s'asseoir à sa place. Totalement dépitée.
- OK. Demain, je suis le mec le plus populaire de tout le bahut.
- Tant que ça ?
- Toutes les filles vont être à mes pieds parce que je suis ton frère. Et que tu es toi. Et tous les mecs vont être soudainement intéressés par moi, parce que ta copine.
- Quoi ma copine?
- J'ai besoin de te faire un dessin ?
Je grogne, pour la forme.
- T'es au courant que rien de tout ça n'est réel, hein ? Je veux dire, leur intérêt pour toi et ton amitié. Tout sera intéressé.
- Ouais, mais je m'en fout. Tant qu'on fait un peu attention à moi...
- Bon, pose ton cul sur ce siège qu'on y aille. Maman va me poser un milliard de questions et ça va durer des heures. J'ai pas envie de rester chez elle jusqu'à ce soir.
- Attends, parce qu'elle est pas au courant ?!
- Ben non.
- Vous êtes des malades.
Katie sourit, et allume la radio, en silence.
Silence qui ne dure pas bien longtemps, puisqu'on tombe pile sur "I Was Made for Loving You" de KISS.
Donc on est bien obligés de lui faire honneur... au grand désarroi de mon frère.
Heureusement pour lui, le trajet en voiture n'est vraiment pas long -comparé à si il avait dû le faire à pieds-, et je me gare rapidement devant la maison de mon enfance.
Tristan ne nous attend pas et sort de la voiture. Il rentre dans la maison, et laisse la porte d'entrée ouverte.
Kat et moi nous regardons, puis le rejoignons.
- Maman, appelais-je.
- Ah Jin ! Tu es... la.
Elle est venue du salon jusqu'à l'entrée, puis a remarqué la présence de ma cavalière.
- Oh bonjour ! Je suis Abigail. Enchantée, dit-elle en tendant la main à Kat.
Après cette poignée de main improvisée, j'embrasse ma mère.
- M'man, voici Katie. Ma copine.
Elle porte ses mains à sa bouche tant elle n'en revient pas.
- Oh mon chéri mais... ohlala !
- Chiale pas M'man !
- Mais oui, mais je suis heureuse, et en même temps, je panique ! Parce que j'ai peur de quel genre d'énergumène tu as pu me ramener !
- Tu veux pas qu'on aille tous s'asseoir pour en parler ?
- Oh, oui, pardon !
Elle nous sort des gâteaux et du thé.
En général j'aime pas ça, mais je peux bien faire un effort...
- Alors, heu, Katie. Quel genre de travail tu fais ?
OK, donc elle a peur que ce soit une brebis.
Ma réputation me précède visiblement. Oui j'ai eu un nombre incalculable de plans cul, mais j'en n'ai présenté aucun à ma famille ! Alors pourquoi ils doutent tous ?
- Je suis médecin légiste pour la police criminelle.
- Oh, et bien, si je m'attendais à ça... qu'est ce que tu as bien pu lui faire pour qu'il se décide enfin à avoir une relation ? En trente ans, il ne m'a jamais présenté personne.
- Disons que je supporte son mode de vie. Je n'attends rien de lui. Pas d'argent, de protection et encore moins l'image bizarre que ça pourrait me rapporter, et que certaines raffolent tant. J'ai mon mode de vie à moi, mon travail, mon salaire, mon appartement, ma voiture et mon chien. Et je veux pas qu'il soit quelqu'un d'autre. C'est le Jin dans toute sa globalité que je veux. Avec ses bons et ses mauvais côtés.
- Amen ma fille !
Katie grimace à ces paroles, et ma mère la prend dans ses bras.
Je regarde ma copine, un sourire moqueur collé aux lèvres, et mime de mes lèvres un "gloire à Satan", qui la fait se détendre.
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Undead Ahead : The Tale of the Midnight Ride
Teen FictionLes Undead Ahead n'ont jamais aussi bien porté leur nom. Entre des têtes envoyées comme des colis à la poste, ceux que l'on croyait morts qui reviennent miraculeusement à la vie, et des corps sans têtes, éparpillés un peu partout; ce club de bikers...