Jin
On a attendu l'arrivée des prospects, puis on est rentrés à l'hôtel.
- Bon, on rentre, déclare Baram. Tu vas en avoir pour combien de temps à examiner le corps de Scar ?
- Je sais pas trop encore... Pourquoi ?
- Pour qu'on lui organise des funérailles dignes de ce nom.
Elle hoche la tête.
- Je ferais le plus rapidement possible.
- Non. Prends ton temps, dis-je. Sacrifie pas ta méthode de travail pour nous, on attendra. Fais comme tu peux, et surtout, comme tu veux.
Elle me remercie silencieusement.
Après ça, deux semaines se passent, plus ou moins sans accrocs.
L'Ange de la mort a pu identifier le deuxième cadavre, et elle a terminé d'autopsier Scar.
Les méthodes utilisées sur les deux hommes étaient les mêmes. Assoiffés et affamés jusqu'à la mort, puis torturés post-mortem.
Sauf Scar, qui lui, selon Frankenstein, s'est pris un sale coup dans la cage thoracique. Très certainement en réponse aux coups qu'il a donnés à son agresseur.
L'autre mec était l'un de ses potes d'enfance, que je n'ai pas connu. On n'a toujours aucune idée de pourquoi il a été tué lui aussi...
On est en pleine après midi, il y a du soleil, alors on est à l'extérieur, sous les rayons, en train de boire une bière en attendant les prochains cours qu'on va donner.
J'adore ces moments d'insouciance entre nous. À ce moment-là, on est juste une bande de potes qui prennent du bon temps.
Une moto arrive à toute vitesse, et Derek en descend, complètement paniqué.
- C'est la merde !
- Messe d'urgence, criais-je.
Bon, et ben, bon moment qui n'aura été que de courte durée.
Mais le teint pâle de mon pote ne me dit vraiment rien qui vaille.
On se regroupe tous dans la chapelle, et on attend qu'il se décide à cracher le morceau. Ce qu'il ne tarde pas à faire.
- Je viens d'être mis au courant. L'affaire a été traitée par le bureau criminel de Grand Junction. Dans la semaine, ils ont reçu un appel anonyme leur apprenant qu'il y avait deux cadavres, qui n'étaient pas complets, au Black Canyon Of The Gunnison.
On se met tous à crier, pour exprimer notre stupéfaction.
- Ils n'ont absolument rien trouvé. Pas même une éclaboussure de sang.
Le peroxyde d'hydrogène. Et toutes les autres précautions qu'elle a prises, pour qu'il n'y ai plus rien.
- L'enquête a été classée sans suite ?
- Ouais. Faute de preuves. Ils estiment que c'était un canular, fait par un ado qui s'emmerdait. Appel anonyme intraçable...
- Mais nous on sait très bien que c'était un vrai, hein ?
- Ouais. Parce qu'il a donné l'exact localisation. Mais ça, y a que nous qui le savons.
- Donc quelqu'un veut vraiment nous faire tomber, quitte à y mêler les flics, conclut Tello.
Super.
- Heu, mais pour Azrael, dis-je.
- Quoi Azrael ?
- Le meurtrier va bien se douter qu'on avait une longueur d'avance, et que quelqu'un nous aide !
- Je pense pas qu'il puisse remonter jusqu'à elle.
Ouais, j'espère pas.
- On reste sur nos gardes, ordonne le président. Et on fait profil bas. Plus de combats illégaux jusqu'à nouvel ordre.
Mon visage se décompose à vue d'œil, et ça n'a échappé à aucun de mes frères.
- Désolé Jin...
Bordel de merde, tuez moi.
Le reste de ma journée se révèle merdique, suite à cette annonce.
Les combats illégaux, c'est mon rayon. C'est moi qui gère tout, que ce soit l'organisation, les préparations, et même les paris.
Sans compter l'encaissement.
La plupart du temps, j'y participe aussi, ça me fait du bien. J'aime taper sur les autres.
Je suis parti dans ma chambre sans calculer plus personne une fois la soirée arrivée.
J'aime vivre ici. J'ai l'intimité que je demande, et en même temps, je suis près de ceux que j'aime.
Je cherche pas à avoir un endroit où vivre hors du club. Ça m'intéresse pas, et puis ça voudrait dire que je me retrouverais seul avec moi même, le temps de quelques heures. Au moins ici, en cas de problème, je suis déjà sur place.
Vers trois heures du matin, j'entends des hurlements venant de l'extérieur.
- Aidez-moi ! Je vous en supplie, j'ai besoin d'aide !
Je descends en courant, et retrouve mes frères, qui eux aussi, ont entendu.
Tous sortent leurs armes, pendant que Baram et moi allons ouvrir la porte, où la nana tambourine sans relâche.
Ce que je vois me laisse sur le cul.
- Je savais pas où aller, dit-elle tout bas, entre ses sanglots.
Une fille aux cheveux blancs et aux sourcils foncés, tient tant bien que mal l'Ange de la mort, appuyée sur son épaule.
Je reste tétanisé. Je ne peux plus bouger.
Cette vision coupe mon souffle et comprime ma glotte.
Baram, plus réactif que moi, a pris Frankenstein dans ses bras, et se dirige vers la grande table qui trône au centre de la pièce.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé, demande-t-il.
- On était au téléphone. On réglait les derniers détails d'un dossier et j'ai entendu un coup de feu. J'ai fait le plus vite possible, puis, je savais pas où l'amener, j'ai paniqué et j'ai pensé à vous...
- Pourquoi tu l'as pas amenée à l'hôpital ?
- J'ai paniqué ! Puis je sais que son cousin est l'un de vos membres, alors j'ai pensé que.... Putain, elle va me tuer ! Elle m'a supplié de pas l'amener ici en plus !
Elle est désespérée, vraiment elle me fait de la peine la pauvre.
Cross s'est occupé d'appeler le médecin, pendant qu'on m'ordonne de comprimer la plaie, pour éviter qu'elle ne se vide de son sang.
- Eh, Frankenstein, tu m'entends ?
Un son plaintif sort d'entre ses lèvres, et ses yeux, mi clos, m'observent.
- OK, reste avec moi, d'accord ? Surtout, tu ne ferme pas les yeux, tu ne t'endors pas ! Le doc arrive, on va te sortir de la.
Je reste près d'elle, et à aucun moment ne lui lâche la main.
Pas même lors de l'arrivée du docteur, ni quand il a demandé à ce qu'on la déshabille.
Bordel, j'aurais aimé voir ça dans d'autres circonstances, parce que putain, les images de son corps, à moitié nu ne vont plus jamais me quitter.
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Undead Ahead : The Tale of the Midnight Ride
Teen FictionLes Undead Ahead n'ont jamais aussi bien porté leur nom. Entre des têtes envoyées comme des colis à la poste, ceux que l'on croyait morts qui reviennent miraculeusement à la vie, et des corps sans têtes, éparpillés un peu partout; ce club de bikers...