57. And beware of the tale

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Katie

Quelle était la probabilité pour que je me retrouve à faire le service dans un grand repas de bikers ?

Sérieusement, j'ai la tronche à être serveuse ?

Je suis perchée sur des talons de trente centimètres ! Ils se foutent de moi ou quoi ?!

Les régulières sont également de la partie, et pendant que certaines font la cuisine, d'autres font la vaisselle et les restantes font le service.

On est leurs bonnes à ces grands cons ou c'est comment ?

En plus les autres je les aime pas trop. Disons que c'est des filles, ça papote, critique, raconte sa vie où les derniers potins.

J'ai horreur de ça.

Moi je suis au calme dans mon labo en général. Personne ne me colle au cul.

Sauf les stagiaires. Et eux, en général, je leur fait comprendre que le premier qui ouvre sa gueule, je le vire.

- Tire pas cette tête Katrina, me dit Marjorie. On fait les corvées maintenant, mais c'est les brebis qui vont se taper tout le ménage après.

Je tente un sourire, pour ne pas passer trop pour une sauvage.

- Oh, au fait, je suis là régulière d'Arnaud. On n'a pas vraiment été présentées toi et moi.

- Cool.

Oui, ben je veux bien faire des efforts, mais y a des limites !

- C'est la première fois que tout le monde est réuni.

- Kyle, Tommy, Scar et Tibo t'en fais quoi ?

Son sourire retombe.

- Hormis eux... je parlais de toutes les régulières, et des membres.

- Valentino n'a pas de régulière ?

- Non, elle est décédée il y a longtemps. Elle était gentille, je l'aimais bien. C'est pour ça qu'il est dans le coin des célibataires.

J'aurais tout vu.

Bon aller, moi ça m'a gonflé de faire le larbin.

Je vais m'affaler près de Jin, pile en face de Derek qui se met à pouffer de rire en me voyant arriver.

Je lui fais un doigt d'honneur.

Il sait que ça va dégénérer. Et moi aussi. C'est certain, je le sens arriver.

Je sais pas encore comment, mais ça va le faire.

Avec Derek, déjà, pour commencer, on va faire une connerie. Parce que je me fais chier, et qu'il le sait. Donc il va nous occuper.

Comme pendant nos repas de famille, depuis qu'on est tout petits.

- Vous avez vu, on ne parle de que nous à la télé, déclare mon cousin.

- Ah bon, demande Jin.

- Ouais. Le boucan qu'on a fait en plein milieu de la nuit n'est pas passé inaperçu. Certains pensaient que c'était dans leur rêve, mais non, c'était nous.

- Ouais, j'ai vu, dis-je. Il y en a qui ont cru que c'était la fin du monde qui arrivait. Des vieux sans doutes.

- Tant que ça, se moquent les autres.

- Ouais. Ça fait la une des gros titres. "La chevauchée de minuit".

Je pouffe de rire. Parce que c'est vrai en plus.

- C'est bon j'ai trouvé comment endormir Polly, s'amuse Baram. Je lui raconterais le conte de la Chevauchée de minuit. Et que si elle ne dort pas rapidement, l'Ange de la mort viendra la punir.

Je me crispe, et Jin en fait autant à mes côtés.

- Ce sera quoi ton histoire entière du coup, s'intéresse Tello.

- Facile. L'Ange Azrael, pour retrouver Lucifer, a fait appel à son armée de morts. Le bruit de leurs montures en plein milieu de la nuit annonçait l'approche du jugement dernier.

Jin passe sa main sous la table et attrape la mienne. Je la serre du plus fort que je le peux.

Mais malgré tout, je tente de rester stoïque face à l'histoire que j'entends. Parce qu'ils ne font pas attention, et qu'ils n'ont pas calculé que ça pourrait peut-être me blesser un peu...

Parce que moi, je ne pourrais pas raconter cette histoire à mon bébé.

Effectivement, l'Ange de la mort est passé par là.

- Des cavaliers sans tête, traversant des champs de citrouilles jusqu'au purgatoire.

Mon cousin qui a remarqué notre malaise se racle la gorge maladroitement.

Baram se rend compte de son erreur, et son regard se remplit de culpabilité. Je lui fais un faible sourire pour lui faire comprendre que je ne lui en veut pas.

C'est quelque chose auquel je vais devoir m'habituer.

Le monde ne doit pas s'arrêter de tourner parce que je n'ai pas été foutue de faire les choses correctement. Les gens ne peuvent pas constamment faire attention à ce qu'ils disent au risque de me blesser.

Je dois prendre sur moi.

- Katrina on peut savoir ce que tu fais, me demande sèchement Lana, une régulière.

- Je suis en train de baiser, ça se voit pas ?

- Très drôle.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Je suis assise à une table, un verre à la main. Tu crois que je fais quoi ? Du poney ?

- Justement ! T'es censée nous aider ! On va pas faire ta part du travail !

Cross chuchote un "dix dollars sur Katie. Je gère les paris".

- C'est pas "censé" être les régulières qui font ça ?

- Si, donc arrête de te croire tout permis.

- J'ai l'air d'être une régulière là ?

Jillian devient blanc comme un linge, et Derek se tient les côtes tant il rigole.

- Évidemment !

- Ah ? Va consulter un ophtalmo parce que si toi tu vois un cuir sur mon dos, pas moi.

- Tu crois que...

- Pas de cuir, pas de régulière, c'est aussi simple que ça. Je vais pas t'apprendre les règles quand même, dis-je sur le ton de l'insolence, en lui coupant la parole.

- Bon, alors t'iras du côté des brebis, rétorque-t-elle, toute fière.

- Vu que techniquement je me tape que le Vice-président, et que je ne demande aucune protection du club... désolée de te le dire, mais je suis pas une brebis non plus.

Mon haussement d'épaule fini d'achever Derek, qui se met à tousser. Il essaie de reprendre de l'air tant bien que mal.

- Bon, puisque le statut de "copine" n'équivaut ni à celui de régulière, ni à celui de brebis, ben moi je vais rester là à boire mon jus d'orange. T'es mignonne, débarrasse le plancher. Tu me fais de l'ombre et tu respires mon air la.

Elle est furieuse.

Baram lui jette un regard noir, et elle détale comme un lapin.

Ça part en fou rire général. Derek est au bord de l'hyperventilation le pauvre.

D'ailleurs, on se tape dans les mains, et il essuie les larmes qui lui coulent.

J'adore jouer à la peste, hautaine et égocentrique. C'est l'un de mes passe-temps favoris.

Undead Ahead : The Tale of the Midnight RideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant